Ces élus qui militent pour la cause des animaux
A l’ouest du département et dans la commune bucco-rhodanienne limitrophe, où aucun refuge digne de ce nom n’existe encore, la fibre animaliste semble gagner certaines municipalités
D’une municipalité à l’autre, la cause animale ne fait pas l’objet des mêmes attentions. Mais elle gagne indéniablement du terrain. Un peu à l’image de l’écologie qui, il y a quelques années encore, n’occupait pas tant les esprits, alors qu’aujourd’hui presque toutes les mairies disposent d’un élu délégué à l’environnement, au développement durable, à la transition énergétique... Il faut dire que la société française y est de plus en plus sensible. Idem pour les animaux. De la sempiternelle recrudescence de chiens abandonnés l’été, aux méthodes de chasses controversées, en passant par les marées noires dévastatrices ou le sort cruel souvent réservé aux bêtes d’élevage dans les abattoirs que dénoncent des associations comme L214, l’opinion publique réclame du changement. Et l’arrivée d’élus animalistes au sein des collectivités en est la traduction. Animaliste : un terme un brin clivant, mais assumé par ceux qui exigent plus que de maigres subventions – même si c’est déjà ça – habituellement versées à des associations finalement bien seules, mal structurées et survivant tant bien que mal pour nourrir, soigner, voire stériliser les animaux dont elles s’occupent inlassablement.
Une indispensable volonté politique
Si à La Ciotat, la mairie semble vouloir passer la seconde en matière de bien-être animal (lire par ailleurs), de l’autre côté de la frontière avec les Bouches-du-Rhône, dans l’ouest-Var, globalement ça traîne encore un peu la patte. Même si la tendance est palpable, elle est encore bien loin de devenir une généralité. Mais certains élus y travaillent sérieusement et sont bien décidés à insuffler une volonté politique, préalable indispensable au changement.
Comme Claude Blois. Actuellement élue au bien-être animal au Beausset auprès du nouveau maire Edouard Friedler, elle a déjà oeuvré sous de précédentes mandatures, excepté celle de Georges Ferrero. Cela fait de longues années – depuis 2003 exactement – qu’elle se bat notamment pour la création d’un refuge de ce côté-ci du département. En vain, jusquelà. « Après avoir visité il y a quelque temps un superbe refuge pilote à Roquebrune-sur-Argens, en partie financé par des particuliers, j’avais sollicité le président de Sud Sainte Baume pour faire pareil sur la communauté d’agglomération. Il avait demandé une étude de faisabilité, que nous avions réalisée. Mais ça n’a finalement pas abouti : trop de pression foncière, trop cher… » Elle a aussi tenté des rapprochements avec de célèbres fondations, sans succès là encore... Mais
Claude Blois n’en démord pas : « Je vais m’entourer de gens compétents et continuer d’oeuvrer dans ce sens. Je vais continuer d’en discuter avec les maires, d’autant que beaucoup trouvent cette idée formidable... » Un signe fort serait que l’un d’eux accepte d’accueillir sur sa commune une telle installation, qui fait cruellement défaut par ici.
« Reprendre la stérilisation des chats au Beausset »
À côté de cet objectif ultime qu’elle ne quitte pas des yeux, l’élue beaussetane est à l’origine de la création de la structure municipale chargée de recueillir les chiens sur la voie publique. C’est elle, encore, qui a organisé la stérilisation des chats errants, en partenariat avec des associations. Mais la précédente mandature ayant abandonné les campagnes, la population féline a eu le temps d’exploser. Le travail s’annonce donc colossal. « Edouard Friedler a accordé un beau budget pour les animaux. On va pouvoir faire des choses », savoure-t-elle. D’autres communes, même sans délégation dédiée, font aussi des choses. C’est le cas à Six-Fours, où Erik Tamburi, élu d’opposition, a fait du bien-être animal un de ses combats. Et il se déclare reconnaissant envers le maire qui, malgré le fait qu’il reste son « adversaire politique », « se montre réceptif » à cette cause qui, selon lui, doit « dépasser les clivages ».
Restauration scolaire à Six-Fours : « Limiter le malheur animal »
C’est ainsi que plusieurs propositions d’Erik Tamburi ont été validées par la municipalité. Comme financer la stérilisation des chats errants, « ce qui a le mérite de satisfaire autant ce qui les défendent que ceux qui les trouvent trop nombreux » ; ou, dans la restauration scolaire, « interdire les oeufs de poules élevées en batterie et interdire la viande provenant d’abattoirs qui ne pratiquent pas systématiquement l’étourdissement »... « C’est encore peu, mais c’est un début », veut croire l’élu. « Tout comme il faut encourager la sensibilisation des plus jeunes à tout cela, poursuit-il. C’est aussi une façon d’apprendre à mieux consommer responsable et raisonnable. C’est ça, aussi, limiter le malheur animal. La ville va bientôt avoir sa propre centrale de restauration scolaire. Ce sera l’occasion d’aller encore plus loin dans le cahier des charges, comme interdire la viande issue de vache gestante par exemple. C’est une question d’éthique. Et j’ai encore plein d’autres idées ! » A La Seyne, Nathalie Bicais, récemment élue maire, a confié à Nathalie Soriano la délégation “protection animale”. Une première dans la deuxième ville du Var, où des initiatives devraient être annoncées prochainement. Petit à petit...