Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La solidarité de proximité est née (et c’est  h par mois)

Face à la crise que traverse le pays, le créateur de la Fête des voisins annonce le lancement, avec Nathalie Bicais, d’un programme national destiné à développer les solidarité­s de proximité

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Déjà en contact avec les élus seynois il y a vingt ans, lors de la création de la Fête des voisins, l’élu parisien Atanase Perifan renoue le lien avec la deuxième ville du Var à l’occasion de cette crise sanitaire. Connecté hier en visioconfé­rence avec la maire Nathalie Bicais, celui qui a aussi créé l’associatio­n des Voisins solidaires annonce le lancement d’un nouveau dispositif, baptisé “Villes Solidaires”, dont La Seyne est le premier signataire. La démarche vise à inciter tout un chacun à donner une heure par mois pour une action de solidarité de proximité et d’entraide. Explicatio­ns.

Quelle est la place de La Seyne dans le programme Villes Solidaires que vous lancez ?

Villes Solidaires, c’est une démarche initiée par plusieurs élus en France, dont Nathalie Bicais que je connais de longue date et qui est parmi les leaders de ce groupe. Elle m’a apporté sa réflexion et je lui ai demandé de faire partie des fondateurs du programme. Nathalie est donc la première à signer et je m’en réjouis car elle travaille pour que la solidarité de proximité soit au coeur des politiques publiques. C’est socialemen­t innovant. Elle montre l’exemple et va porter cette démarche à ses collègues un peu partout en France.

Comment fonctionne le dispositif ?

Le maire lance un appel à la mobilisati­on solidaire et propose aux habitants de participer à “l’heure civique” : chaque habitant donne une heure par mois pour une action de solidarité de proximité et de voisinage. C’est la porte d’entrée, la première petite marche facile à monter dans un parcours de l’engagement citoyen. Elle va toucher très largement, et pas uniquement nos bénévoles classiques qui pourront également s’inscrire. “L’heure civique” c’est d’abord un outil

Pour Atanase Perifan, avec ce nouveau dispositif, « la ville devient le catalyseur d’une armée de bonnes volontés au service de ses concitoyen­s ».

d’identifica­tion et d’ancrage des bonnes volontés pour être plus efficace. Ces habitants ne sont pas des “bénévoles” (terme associatif) mais des Voisins Solidaires. Et le territoire d’expression de l’action solidaire devient le lieu d’habitation, le pâté de maisons, le lotissemen­t, le quartier.

Quels types d’actions pourront accomplir ces volontaire­s ?

Par exemple, plutôt que de faire porter uniquement par les services municipaux à Noël les paniers-repas ou les boîtes de chocolats au domicile des personnes âgées, on peut proposer aux habitants de venir récupérer les paniers repas et de les apporter aux destinatai­res qui sont dans leur proche voisinage. En fait, les volontaire­s s’inscrivent, puis la ville regarde à partir de leur adresse postale s’il y a un bénéficiai­re âgé dans le voisinage, et l’habitant va lui porter le panier,

discute un peu… et la relation est créée ! Et s’il n’y a pas de personnes âgées dans le voisinage, on lui donnera une autre action à faire. L’idée est vraiment d’identifier les bonnes volontés.

Quels sont les enjeux de ce programme ?

La deuxième vague du Covid est bien différente de la première. Au printemps, la crise a révélé des gisements de générosité, de solidarité. Pour fabriquer des masques, pour aider les personnes âgées à faire leurs courses, pour applaudir les soignants au balcon... Mais cette fois, les Français sont désabusés (reconfinem­ent, attentats, économie fragilisée, météo morose...). La société est sous tension ; on évoque une montée des mécontente­ments face aux pouvoirs publics qui peut se transforme­r en contestati­on. Le lien social risque de sortir affaibli de ce reconfinem­ent. Il est donc important de relancer l’élan de « Après en avoir parlé avec Atanase Perifan, explique la maire de La Seyne, je rejoins le groupe des maires qui veulent agir en faveur de la solidarité active. Dès le début du confinemen­t, j’ai lancé un appel aux bénévoles qui souhaitaie­nt s’engager pour aider des associatio­ns comme les Restos du coeur qui en ont besoin de soutien. Mais il apparaît nécessaire, face à l’ampleur des besoins, et en complément du formidable travail effectué par les services municipaux et les associatio­ns, de changer de dimension, de créer davantage de passerelle­s entre les individus, les citoyens, les voisins. L’idée étant de favoriser l’implicatio­n de chacun, d’inciter à donner un peu de son temps à la solidarité. C’est ce que Atanase appelle “L’heure civique”, qui permet de recenser les bonnes volontés, de structurer la démarche et de rassurer ceux solidarité spontané du printemps, et cette deuxième vague offre une vraie opportunit­é de mettre en place une dynamique de mobilisati­on des Français. Cette solidarité de proximité viendra en renfort de la solidarité institutio­nnelle ou organisée par les mairies, les départemen­ts ou, les associatio­ns. qui bénéficier­ont du dispositif. Dans ce cadre, nous allons proposer un programme d’actions, une boîte à idées, une caisse à outils, et chacun pourra inventer les gestes de solidarité qui lui conviennen­t. Car dans une période qui devrait être joyeuse, à l’approche des fêtes de fin d’année, on voit bien que la morosité et la désespéran­ce dominent, que la relation humaine s’appauvrit. C’est pourquoi il me semble important que, nous tous qui avons connaissan­ce de personnes isolées ou dans le besoin vivant à côté de chez nous, dans notre rue, dans notre immeuble, apportions un soutien moral, fassions un petit geste, donnions un sourire, de l’écoute, apportions une fleur… C’est une manière de retisser des solidarité­s, des liens entre citoyens. Tout en gardant à l’esprit qu’aider les autres ça rend heureux ! »

Relancer l’élan de solidarité du printemps”

PROPOS RECUEILLIS PAR M.G. mguillon@nicematin.fr

Pour rejoindre le programme, il suffit d’adresser sa demande par mail à l’adresse : solidarite­covid@la-seyne.fr

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(Photos DR)
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Nathalie Bicais et son adjoint, Dominique Baviera, étaient, hier matin, en visioconfé­rence avec Atanase Perifan.

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