Un « B » comme Bandol pour un terroir d’exception
Créer un terroir c’est bien, mais il faut lui donner un nom. Bandol fut choisi en raison de son passé en termes de viticulture, d’exportation des barriques et d’activité tonnelière
La dénomination de l’appellation « Bandol » n’est pas venue par hasard et fut l’objet d’âpres discussions. Certains auraient aimé qu’elle portât celui de leur commune, surtout que Bandol possédait déjà à cette époque un vignoble réduit à la portion congrue. Il fallut donc évoquer, convaincre, donner des références afin de mettre tout le monde d’accord. Bandol possédait déjà une belle réputation en matière de ville de villégiature, c’est aussi là qu’on embarquait les tonneaux destinés au monde entier. Mieux, on les y fabriquait.
Retour sur le passé
En 1770, Sanary, Cassis et La Ciotat transportent leurs vins vers Marseille. Bandol n’affrète que quelques navires: treize tartanes en 1776, puis soixante-sept en 1780, quatre-vingts en 1782, cent trois en 1789, avec un volume de 4116 hectos, dont 1740 destinés aux Antilles. Plus rare, en 1773, quatre cents barriques transitent directement à bord du Bon Ange vers les Amériques sans passer par la cité phocéenne. Car, à cette époque, le transport terrestre vers Marseille est risqué et coûteux. Gaspard de Besse contrôle les gorges d’Ollioules, la côte du Brulât est difficilement franchissable pour les chevaux et, sur le trajet, il faut payer taxes et octrois.
Un faible tirant d’eau
Pourtant, le port de Bandol a un tirant d’eau très faible, qui ne permet par l’accueil de grosses unités, qui doivent rester sur rade tandis que les transbordements avec des pointus font perdre du temps. La solution: l’aménager, mais les Sanaryens pensent la même chose. Toutefois le port de Bandol « présenterait les meilleures commodités, une meilleure sûreté pour les navires, les avantages du commerce, l’intérêt du roi et de la province». Il aura donc la préférence.
De la route maritime au chemin de fer
Le commerce du vin à Bandol implique évidemment l’activité de la tonnellerie. Elle sera pendant des décennies l’un de ses principaux piliers puisqu’une quinzaine d’ateliers emploient environ 300 artisans pour une population de 1600 âmes. En 1870, l’oïdium et le phylloxera viennent mettre un coup de frein à un bel avenir. En 1880, il ne reste plus rien des 330 hectares du terroir bandolais. Il sera en partie reconstitué, mais surtout remplacé par la culture de l’immortelle et du narcisse. L’activité portuaire s’en ressent, par ailleurs durement concurrencée par l’arrivée du train.
Savoir + A lire: de Pascal Perier (directeur de l’OEnothèque) et Pierre Citerne (de la revue des Vins de France), photos de José Nicolas, éditions Loubatières.