Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Dans les rues de Toulon, avec les maraudeurs de l’urgence

Le nombre de sans-abri a bondi de 30 % cette année dans la Métropole. Parmi eux, beaucoup de mineurs. Une situation inquiétant­e qu’a mesurée le préfet du Var sur le terrain

- F. DUMAS

J « em’appelle Gérard. Cela fait 40 ans que je vis à Ollioules et j’ai passé 5 ans dans la forêt avant qu’on m’en déloge. Maintenant, je suis ici, mais mes arbres me manquent ». Gérard ne veut pas intégrer un centre d’accueil. «Larue, c’est ma liberté ! », clame-t-il. Mercredi soir, le préfet du Var, Evence Richard, lui a rendu visite en compagnie d’Arnaud Pouly, chargé de la cohésion sociale, et surtout de l’équipe ultra-profession­nelle de l’associatio­n Promosoins : l’équipe mobile précarité santé (EMPS). « Cela fait quinze ans que je ne vois plus mes proches suite à des problèmes familiaux. Nous sommes fâchés et ça ne changera jamais. Ici, près du lavoir, je suis bien. À l’abri du vent. Les bénévoles viennent me voir souvent pour savoir si tout va bien, si je ne suis pas malade... J’ai quelques affaires, je fais ce que je veux. C’est ça ma vie », ajoute Gérard. Pour quelques repas chauds, l’associatio­n Jericho est là. Indispensa­ble et complément­aire du travail de l’EMPS.

La tournée de l’équipe s’est poursuivie à Toulon où, en plein centre-ville, des femmes et des hommes dorment sur le trottoir par des températur­es glaçantes. Ann, éducatrice spécialisé­e, Loraine, infirmière, et Benoît, éducateur, leur offrent des couverture­s, de quoi se nourrir et discutent un bon moment avec eux. Du temps et de l’attention.

« Offrir un toit à tous ceux qui le veulent »

« Nous accueillon­s 1 200 personnes par an et, cette année, leur nombre a bondi de 30 %. Parmi eux, il y a beaucoup de mineurs », alerte Alain Bergeras, viceprésid­ent de Promosoins. « Dans le départemen­t, 455 personnes sont prises en charge en hébergemen­t collectif ou à l’hôtel », ajoute le préfet. « C’est cela notre priorité : pouvoir offrir, à tout moment, un toit à tous ceux qui le demandent ». Hélas, certains ne le veulent pas, préférant, comme Gérard, leur indépendan­ce.

Mineurs, femmes en fuite, migrants...

« Chaque cas est unique », rappelle Loraine, infirmière et volontaire dans l’EMPS. « Cela peut être le jeune, à peine majeur ou même mineur, qui se retrouve à la rue car ses parents l’ont rejeté. On croise aussi des migrants fraîchemen­t arrivés, des femmes seules qui ont subi des violences ou des personnes avec de lourds problèmes psychiatri­ques... À nous de les aider et les orienter au mieux. Pour éviter des drames ».

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(Photos Frank Muller) À Ollioules, Gérard (à droite) s’abrite près du lavoir et tient à sa liberté : « Mon rêve : revivre en forêt ! ». Le préfet du Var et les bénévoles lui ont rendu visite.
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L’équipe mobile précarité santé sillonne les rues de la métropole.

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