Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Jouer Toulon, c’est particulie­r »

Formé au RCT, Yoann Maestri s’est envolé vers d’autres cieux depuis de nombreuses années. Dimanche, il retrouve Mayol. Un moment toujours particulie­r pour le deuxième ligne

- PROPOS RECUEILLIS PAR FABRICE MICHELIER

Son dernier match sous le maillot de Toulon remonte au  mai . Yoann Maestri était entré à vingt minutes de la fin pour remplacer Jocelino Suta face à Montpellie­r. Quelques semaines plus tard, il faisait ses bagages pour Toulouse, après  rencontres en pro sous le maillot frappé du muguet. C’est donc encore en rouge et noir que le natif d’Hyères a poursuivi sa carrière, avec à la clé deux boucliers et une coupe d’Europe en neuf saisons, glanant au passage  sélections en équipe de France. À la fin de l’aventure toulousain­e, Mama devait rejoindre La Rochelle et Patrice Collazo. Rendez-vous manqué. Il a finalement pris la direction du Stade français. À  ans, il continue d’enchaîner les matchs et retrouve donc Toulon et Collazo ce week-end.

Dimanche, vous venez à Mayol avec le Stade français. Toulon, est-ce un match comme les autres pour vous après tant d’années ?

Jamais ! Mais du bon côté de la chose, attention. Là, il n’y aura malheureus­ement pas la famille et les amis, mais revenir à Mayol me procure toujours des sensations particuliè­res. C’est le stade où j’allais jeune et où j’ai commencé. J’en garde des souvenirs impérissab­les. Il y a aussi des gens qui sont au club que j’apprécie et ai plaisir à revoir. Jouer face à Toulon, c’est particulie­r.

Mathieu Bastareaud, après son match avec Lyon, disait qu’il rentrait à la maison quand il revenait à Mayol. Pareil pour vous ?

Oui, c’est ça. Mais après, sans en vouloir à Basta, lui, sa maison, c’est la région parisienne (rires) .Ille sait, hein ! Je suis parti après deux années en profession­nel, mais avant ça, j’avais joué six ans chez les jeunes, à Berg… et quand on avait un peu de chance, on allait s’entraîner à Mayol. C’était le sésame du trimestre !

Après deux saisons à Toulon, vous êtes parti pour Toulouse. Si le RCT avait eu la même politique qu’aujourd’hui, seriez-vous resté ?

Peut-être. Et même sûrement. Il y a toujours eu une super formation à Toulon. Moi, à l’époque, les joueurs que j’avais en tête, c’était Christophe Dominici, Franck Comba, Pierre Mignoni, Christian Califano, Patrice, David Gérard… Des Toulonnais qui avaient une grosse carrière mais qui étaient partis car malheureus­ement le club avait vécu des années difficiles. Souvent, les meilleurs joueurs de la formation partaient autour de la vingtaine.

Aujourd’hui, c’est différent. J’espère que ces joueurs resteront le plus longtemps possible. Le club est performant et il y a un vrai projet autour de ça.

Avez-vous eu l’occasion de revenir jouer pour Toulon durant toutes ces années ?

Oui, il y a toujours eu des contacts. Mais revenir pour revenir, ce n’était pas dans mon idée. Je ne regrette rien et ça n’enlève en rien l’attachemen­t que j’ai pour le club.

Il y a aussi un rendez-vous manqué avec Patrice Collazo à La Rochelle… C’est un regret de ne pas avoir pu travailler avec lui ?

C’est vrai. Ça aurait pu être intéressan­t, même si je pense qu’il m’aurait beaucoup engueulé ! J’aurais mangé un peu du frigo (rires) ! Quand on s’était croisé, on était, lui et moi, loin de s’imaginer qu’il serait aussi rapidement à Toulon.

Il vous reste un an de contrat au Stade français. Comment envisagez-vous la suite ?

Je vais donner le meilleur jusque-là. M’entraîner et me donner à fond. On a de la chance de faire ce métier. Il ne me restera plus beaucoup de cartouches après, mais on verra à ce moment-là.

Je ne préfère pas trop me projeter.

Gaël Fickou, votre coéquipier, s’est engagé du côté de La Seyne. Avez-vous pensé à faire de même ?

Gaël ne le sait pas, mais je vais lui racheter le club de La Seyne, et je vais l’appeler l’US Carqueiran­naise ! On jouera en jaune et noir. Et je pense qu’il sera ravi (rires) ! Plus sérieuseme­nt, aujourd’hui, ce n’est pas quelque chose qui est prévu. Mais en revanche, ce que Gaël fait avec La Seyne, c’est super !

À mi-saison, comment jugez-vous le début de saison du Stade français ?

L’an passé a été très compliqué, avec un très mauvais départ. On a lutté pour remonter. Ce fut une saison très dure malgré un bel effectif. Cette année, beaucoup de choses ont été mises en place et commencent à porter leurs fruits. Malgré tout, nous arrivons dans un moment important de la saison, nous allons être en bataille pour se qualifier dans les  comme de nombreuses équipes.

Craignez-vous un contrecoup après une préparatio­n tronquée par la Covid- ?

On avait énormément bossé depuis juin. Nous avons été en difficulté, mais si nous avons été les premiers touchés, depuis, d’autres équipes ont subi la même chose. On va devoir faire avec ça tout au long de la saison. Aujourd’hui, physiqueme­nt, l’équipe est bien et on le voit au classement.

Si l’on excepte la coupe d’Europe, vous êtes sur une bonne dynamique, même s’il y a ce match à Toulouse où vous paraissez proches mais finissez par perdre lourdement (-)...

On est tombé face à une belle équipe, plus en place que nous dans la durée. Nous sommes dans un projet plus récent. On était dans la bataille, mais sur des détails, le match nous a échappé. Le score est lourd, malgré tout nous avons montré tout au long de la partie qu’il y avait du positif.

Au match aller face à Toulon vous vous étiez imposés de justesse (-). Si l’on ajoute à cela la victoire du RCT face au Racing, à quel match vous attendez-vous ?

Cela avait été une rude bataille. On connaît l’effectif et la valeur de cette équipe de Toulon, qui a fait une partition quasi parfaite au Racing. On s’attend à du costaud. Malgré tout, nous avons aussi des arguments. Dans cette seconde moitié de championna­t, tous les clubs qui voudront se qualifier vont batailler à domicile.

Vous allez vous retrouver en confrontat­ion directe avec Eben Etzebeth...

C’est toujours excitant de jouer face à des joueurs comme ça. C’est une pointure mondiale. Il est très costaud, à l’aise offensivem­ent. Il rassure ses coéquipier­s, c’est aussi une rampe de lancement en touche, où il a un gros rendement. Mais il n’y a pas que lui. Il y a Alainu’Uese, Swan Rebbadj, et bien entendu Romain Taofifenua qui a fêté son e match avec Toulon. C’est un gros effectif.

Avez-vous ciblé le secteur de la touche ?

Au dernier match, Toulon sort à  % alors que le Racing est un des meilleurs contre. Ils font un gros travail avec José (Suta), Eric (Dasalmarti­ni) et Patrice.

Ils ont une grosse mêlée et une grosse touche. Ils ont de gros mauls portés, ils s’appuient làdessus, notamment, pour dominer l’adversaire.

Avec l’expérience, appréhende­zvous les choses différemme­nt ?

‘‘

Revenir (au RCT) pour revenir, ce n’était pas l’idée”

Pas vraiment. Nous sommes dans un sport qui a beaucoup évolué, les chocs sont de plus en plus forts, la préparatio­n plus intense… Tu es obligé de faire un peu attention, mais tu es obligé de t’entraîner à  %. Il faut se préparer pour rivaliser sur le terrain. Aujourd’hui, il y a des joueurs de ,  ans voire plus, peut-être que demain, ce sera plus rare. Tout est plus intensifié.

Votre rôle dans le vestiaire a-t-il évolué ?

Tu es obligé d’être dans le partage, c’est très important. Quand j’ai commencé à Toulon, et ensuite à Toulouse, je traînais toujours avec des mecs qui avaient dix ans de plus que moi. Aujourd’hui, je ne traîne qu’avec des gars qui ont dix ans de moins (rires) ! C’est avec eux que je me sens le mieux.

On a la chance de vivre ce sport. C’est rafraîchis­sant. Il y a du partage de la transmissi­on. Ça amène une énergie.

 ?? (Photo AFP) ?? Yoann Maestri, deuxième ligne du Stade français et Varois de naissance, revient « chez lui » à Mayol dimanche pour affronter le RCT.
(Photo AFP) Yoann Maestri, deuxième ligne du Stade français et Varois de naissance, revient « chez lui » à Mayol dimanche pour affronter le RCT.
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