Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Objectif Tokyo... et Paris 

L’équipe de France féminine de rugby à VII était en stage au Polo club de Saint-Tropez durant une semaine. L’occasion de se pencher sur cette discipline olympique et les ambitions des Bleues

- FABRICE MICHELIER

Le rideau de pluie et la bise hivernale n’entament pas l’enthousias­me de l’équipe de France féminine de rugby à VII. En stage à Gassin depuis le 15 janvier, la vingtaine de filles savoure le plaisir de passer du temps ensemble. Qui plus est hors de Marcoussis. Beaucoup moins glamour que le Polo club de Saint-Tropez vous en conviendre­z.

« Marcoussis étant réservé pour les équipes masculine et féminine à XV on cherchait un endroit où l’on avait tout sur place. Ici, c’est l’idéal », assure Julien Candelon, le team manager. Sur place, le staff et les joueuses profitent de l’espace musculatio­n, des logements et des terrains. Même si la pelouse jaunâtre peut surprendre. Pas de panique, c’est une variété qui prend cette couleur en hiver. Pour le reste, c’est un billard.

De quoi avoir le sourire. Ainsi, avant leur séance de la matinée, les joueuses envoient des danses sur le réseau social Tik-Tok, entre deux fous rires.

Un groupe déjà prêt

Mais le sérieux revient au galop au moment de fouler la pelouse du polo club crampons au pied. Car l’heure n’est pas aux vacances. « L’objectif est de continuer de s’entraîner, de monter en intensité pour préparer les Jeux olympiques, tout en étant dans une situation particuliè­re. Il y a un tournoi de repêchage à Monaco en juin, même si avant cela, la saison commence mimai à Marcoussis », assure l’entraîneur, David Courteix.

Pas d’étape de World Series cette année pour cause de pandémie. Objectif JO donc. Tokyo pour commencer. « Nous serons dans les favoris pour le tournoi de repêchage. Ensuite, pour les Jeux, nous seront

Habitués à Marcoussis, David Courteix et les Françaises du Seven ont pris leurs quartiers à Gassin, afin de préparer le tournoi de repêchage olympique, en juin à Monaco.

dans les outsiders crédibles. Nous irons sans réelle pression, même si je crois que les filles peuvent monter sur le podium », poursuit le coach. Le Japon comme première halte, avant LE rendez-vous. Celui pour lequel se groupe est en train de se bâtir : Paris 2024.

« On va apprendre à Tokyo, une expérience qui va nous servir pour la suite. Nous sommes dans la projection. Il est indispensa­ble de construire un héritage, avec un effectif déjà pensé, ce qui a été le cas pour l’échéance de Paris. Le groupe a été pensé autour de ça. Il est en partie constitué, même s’il sera enrichi de nouveaux éléments, sans doute à la marge Aujourd’hui, pour être honnête, nous travaillon­s déjà pour 2028 », confie-t-il.

Les Jeux olympiques : des étapes fondamenta­les pour mettre la lumière sur la discipline. En place depuis 2010, David Courteix a constaté la montée en puissance de ce sport.

Avant de noter l’évolution du Seven, j’ai vu l’évolution du rugby féminin jusqu’alors confidenti­el. Il y a eu des efforts des instances, l’enthousias­me des joueurs mais aussi une ouverture d’esprit du public. Il y a eu une explosion des licenciées et de la médiatisat­ion, mais aussi une hausse du niveau. Quand on a donné l’opportunit­é aux filles de s’entraîner comme les garçons .»Il détaille pour son sport : « À VII, aujourd’hui, nous sommes sur des statistiqu­es équivalent­es à celles des

«« À l’ombre, pas dans l’ombre du XV »

hommes. Beaucoup d’efforts ont été faits. Il y a un côté tactique, de l’intensité, de la vitesse et une exigence propre à ce jeu. Je trouve que le Seven mérite une place plus importante. À l’ombre du XV, pas dans l’ombre du XV. » Pour le technicien, l’avenir du rugby passe par une associatio­n entre le XV et le VII. « Deux discipline­s liées par un ADN semblable. Une richesse pour le rugby. Même si aujourd’hui j’ai peur que l’on veuille séparer les deux. Dans l’hémisphère Sud, le Seven sert d’accélérate­ur pour le XV sur les aptitudes de joueurs profilés pour accéder au haut niveau. Peut-être que nous devons inventer un modèle hybride pouvant utiliser cet aspect-là, tout en permettant à des joueuses ou joueurs moins “profilés” de venir

LE GROUPE

Montserrat Amédée (Montpellie­r) Coralie Bertrand (Chilly-Mazarin) Anne-Cécile Ciofani (Bobigny) Doriane Constanty (Stade français) Mathilde Coutouly (Stade français) Caroline Drouin (Stade rennais) Marie Dupouy (Blagnac)

Camille Grassineau (FFR)

Lina Guerin (Chilly-Mazarin)

Fanny Horta (FFR)

Shannon Izar (Chilly-Mazarin)

Chloé Jacquet (Lyon)

Iän Jason (Stade toulousain) Nassira Kondé (Bobigny)

Léa Lenoir (Montpellie­r) Valentine Lothoz (Stade rennais) Carla Neissen (Blagnac)

Lou Noël (Bobigny)

Séraphine Grace Okemba (Stade français) Chloé Pelle (Chilly-Mazarin)

Lina Queyroi (Blagnac)

Jade Ulutule (Stade français) Yolaine Yengo (Stade rennais)

Staff :

David Courteix (entraîneur) Germain Igarza (entraîneur adjoint) Anthony Couderc et Romain Bourdiol (préparateu­rs physiques)

Julien Candelon (team manager) toucher plus de ballons à VII. D’être mis en situation comme l’effectif le permet. À mon sens, on peut aussi bien booster des joueurs de haut niveau comme d’autres plus modestes, afin de voir le rugby sous un autre angle et ainsi développer leur plaisir de jouer. » Professeur d’EPS de formation, David Courteix voit la possibilit­é dans le Seven de faire grandir les joueurs. « La discipline est “sur-sollicitan­te” et nécessite chez les athlètes une capacité d’adaptation qui développe leurs qualités de façon exponentie­lle. Le XV est très complément­aire, c’est un enrichisse­ment réciproque. » Les résultats seront le facteur déterminan­t pour donner raison ou non au sélectionn­eur des Bleues. Un enjeu de plus.

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(Photos Philippe Arnassan)

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