Il gagne Le Vendée Globe dans son fauteuil
À 65 ans, Jean-Claude Goudon a réalisé l’exploit de remporter la simulation en ligne de la course la plus prestigieuse du monde. Confronté à plus d’un million d’adversaires, le Ciotaden raconte cette épopée
Alors que le Vendée Globe a couronné la semaine passé Yannick Bestaven, après plus de 80 jours passés sur les eaux, c’est un autre Français qui s’est illustré, en faisant mieux que le skipper et son bateau Maître Coq IV, et tout cela depuis son salon ! Jean-Claude Goudon, a en effet bouclé la célèbre course à la voile, autour du monde, en solitaire, sans escale et sans assistance en “seulement” 68 jours, 22 heures, 16 minutes et 4 secondes. Pour l’habitant de Montélier (Drôme), qui passe ses vacances et navigue à La Ciotat, cet exploit, c’est « l’aboutissement de tous les investissements que j’ai pu faire au niveau du jeu. Gagner des courses, ce n’est jamais facile mais gagner le Vendée Globe, c’est juste inespéré. »
Tout pour la gagne
Lorsqu’il s’est lancé dans l’aventure du Vendée Globe, comme plus d’un million de skippeurs, amateurs ou ancien professionnels, une seule place l’importait : « Je m’étais vraiment câblé avec l’objectif de gagner la course. Il y a aussi le facteur chance, mais cet objectif était vraiment très ancré en moi ! » Le retraité de 65 ans est un adepte de Virtual Regatta, jeu en ligne qui regroupe les plus prestigieuses épreuves de voile du monde : « Depuis environ 2008, je joue à ce jeu. J’utilisais alors des routeurs, qui sont des outils qui vous donnent la trajectoire à suivre avec votre voilier en fonction des caractéristiques du bateau et des prédictions météorologiques fournies par des organismes européens ou américains. »
Pour cette nouvelle traversée, et en s’appuyant sur son expérience, il avait décidé de mettre toutes les chances de son côté : « Grâce à mon passé d’ingénieur, j’ai pu développer des outils plus performants que ceux que j’utilisais avant. La Covid et le confinement du début 2020 m’ont aidé à avoir la liberté pour développer cet outil. Ça m’a permis d’avoir plus de temps pour m’adonner au jeu. »
Jour et nuit pendant deux mois et demi
Le passionné de voile, propriétaire d’un bateau à La Ciotat, s’est totalement plongé dans la course pendant deux mois et demi : « C’était un peu une contrainte pour mon épouse parce qu’il y avait certaines périodes dans la journée où je n’étais pas trop disponible. » Les périodes évoquées sont celles qui correspondent aux mises à jour des conditions météorologiques : «Ilyenaquatre dans une journée. À 5 h, 11 h, 17 h et 23 h. Il faut être présent à ce moment-là, faire tourner son routeur et corriger les trajectoires le plus rapidement possible. » Toujours au taquet dans sa quête de victoire, il avoue cependant : « J’ai peut-être raté une mise à jour à 5 h du matin, un jour où j’étais fatigué. »
Toutefois, toujours dans le souci du détail, ce manquement n’entraîna aucune incidence sur l’issue de la course : « Comme les conditions météo étaient stables, je me suis dit que ça allait le faire ! »
« Je ne vais pas lâcher les autres courses »
C’est à bord de son bateau, Tigrou26120, nom composé « du prénom de son chat et du code postal de sa résidence », que Jean-Claude Goudon a franchi la ligne d’arrivée en première position. En un peu moins de 69 jours. À la clé, le retraité a remporté une montre d’une valeur de 8 900 euros. Et après cet exploit retentissant, une question le turlupinait : «Je me suis dit maintenant que tu as touché le Graal, qu’estce que tu fais ? » Cette interrogation n’aura duré que quelques instants : «Au final, je vais quand même continuer ! Je ne vais pas lâcher les autres courses, j’y reviendrai certainement d’ici un mois ou deux. » Si ce vent en poupe devait se perdurer, on souhaite bien du courage à ses prochains adversaires !