Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Mettre fin à l’insécurité à La Présentati­on

La ville, les forces de l’ordre et le parquet de Toulon vont mettre en oeuvre des actions coordonnée­s afin de lutter contre le trafic de stupéfiant­s et rassurer les habitants du quartier

- PROPOS RECUEILLIS PAR M. G. mguillon@nicematin.fr

GLPD. Quatre lettres pour désigner un nouveau dispositif (Groupe local de prévention de la délinquanc­e) destiné à ramener de l’ordre dans la cité de La Présentati­on. Depuis au moins deux ans, à en croire riverains et forces de police, le quartier connaît une forte expansion du trafic de drogue, qui s’accompagne d’un climat de « terreur » dans les halls d’immeubles. Pour y mettre fin, des actions coordonnée­s entre la police, la justice et les services de la ville sont programmée­s. Explicatio­n avec le patron du commissari­at de La Seyne, Stéphane Garcin.

Quels sont les problèmes identifiés au sein de cette cité ?

Le principal problème, c’est le trafic de stupéfiant­s qui est implanté et qui croît depuis la fermeture de la tour du Gère (à Berthe en février , Ndlr). De plus, si les règlements de compte et les interventi­ons de police au nord de la ville ont désorganis­é le trafic, tout ceci a entraîné un déport sur La Présentati­on où, sur un territoire enclavé, le deal de stupéfiant­s a pu monter en puissance. Notamment au niveau de la tour D, avec des squats dans les parties communes et les appartemen­ts vacants. Cela génère une terreur que nous rapportent les résidents, avec par exemple le départ de plusieurs locataires qui ne pouvaient plus vivre ici.

Comment lutter contre ces phénomènes ?

En concertati­on avec la maire de La Seyne, pour qui c’est un objectif prioritair­e, et avec le Parquet de Toulon, on a proposé de monter ce groupe, le GLPD, pour cibler cette cité. L’idée est d’avoir une approche globale : saturer le quartier en forces de l’ordre pour lutter contre le trafic et l’économie souterrain­e, et apporter les réponses pénales adaptées (par le biais d’un référent au Parquet) afin d’avoir un effet dissuasif. Est prévue également l’implicatio­n du bailleur social, en parallèle des actions police – justice, afin qu’il puisse intervenir pour les réparation­s dans les parties communes, la propreté, la remise en location des appartemen­ts vacants… En outre, des associatio­ns vont s’implanter pour proposer des activités pour les jeunes.

Quels sont les moyens dédiés pour ce dispositif ?

La direction départemen­tale de la sécurité publique va mettre à notre dispositio­n une partie de ses moyens, en complément des nôtres et de ceux de la police municipale. Sur le terrain, on va mettre en oeuvre des patrouille­s piétonnes, qui tourneront dans la cité avec un véhicule à proximité. Trois équipages feront ainsi des rotations, avec des relèves et, si besoin en cas de problèmes, le renfort de la BST (brigade spécialisé­e de terrain). Sachant que les points de deal opèrent, en gros,dehàh,on agira durant cette plage horaire. J’ajoute que le fonds interminis­tériel de prévention de la délinquanc­e (FIPD) devrait être mobilisé, avec la préfecture, pour implanter des caméras vidéo.

Quels résultats attendez-vous ?

Le dispositif sera opérationn­el début mars. L’objectif final est bien de faire respecter l’ordre et la loi, de rassurer les habitants et de montrer aux trafiquant­s que nous sommes là. On ne va pas sans doute pas éradiquer le trafic, mais on va montrer aux dealers que ce n’est plus un lieu propice pour eux. Parallèlem­ent, on va aussi dissuader les acheteurs de venir s’approvisio­nner à La Présentati­on. On s’attend à un mouvement de rébellion (délinquanc­e, feux de poubelles…), mais nous y ferons face.

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Montrer aux dealers que ce n’est plus un lieu propice pour eux”

Que savezvous des trafiquant­s installés sur place ?

Ce sont toujours les mêmes, issus de quelques familles. Ceux qui organisent le trafic sont du quartier, mais ils peuvent utiliser des jeunes d’ailleurs. Du reste, ils sont très organisés et s’adaptent vite. Ils ont ainsi profité de la crise sanitaire et des confinemen­ts pour mettre en place un système dit « Uber shit », à savoir des livraisons à domicile. Ce qui complique notre travail mais qui, en même temps, cause moins de troubles à l’ordre public…

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(Photo Valérie Le Parc) Malgré des allures paisibles en milieu de journée, la cité est devenue invivable pour nombre de locataires qui se disent « terrorisés » par les trafiquant­s de drogue, notamment dans les halls d’entrée des immeubles.
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(Photo M. G.) Le responsabl­e de la police municipale, Patrick Ducheix (à gauche) avec Nathalie Bicais et le commissair­e de police Stéphane Garcin.

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