Var-Matin (La Seyne / Sanary)

OM: « Ce qui arrive quand tu mets aux commandes d’un avion un mauvais pilote »

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Et le foot dans tout cela, c’est encore votre passion.

Bien sûr, mais le foot français nous ramène au mal français dont on parlait tout à l’heure. On peut dire du foot ce qu’on disait des chercheurs. Tous les grands pays d’Europe ont su conserver dans leurs championna­ts nationaux, leurs meilleurs nationaux.  % des joueurs de l’équipe nationale espagnole joue en Liga. C’est du  % pour les Allemands ou les Anglais. Nous, sur les  Bleus, il y en a  qui sont encore en club en France. Deux ! Qu’on ne me dise pas que c’est uniquement une question d’argent. Le PSG, par exemple, dispose de beaucoup d’argent, assez d’argent pour s’offrir Neymar, mais il y a combien de joueurs français au PSG ? Prenons garde : on ne peut pas continuer à transforme­r le foot qui est un sport collectif, en un sport individuel qui se joue à plusieurs.

Du côté de l’OM, ce n’est plus droit au but, mais droit au drame…

C'est ce qui arrive quand tu mets aux commandes d’un avion un mauvais pilote. McCourt, c'est lui le chef. S’il ne voit pas ce qui se passe, c’est qu’il est nul ou qu’il s’en fout. Dans tous les cas, il faut qu’il passe la main. Ce qui s’est passé à la Commanderi­e, avec le saccage des locaux par des supporteur­s en fureur, est terrible. C’est une honte. C’est contraire à l’image du club. La colonne vertébrale d’un club, ce sont ses supporteur­s. Ce n’est pas au supporteur de s’adapter à la culture du président, c’est au président de gérer son club avec la pleine conscience de l’histoire, du tempéramen­t, de l’ADN, des particular­ités du club.

Vous cautionnez l’opération commando de la Commanderi­e ?

Non, définitive­ment pas. Je comprends la colère, je suis outré qu’elle puisse se manifester par cette violence-là. Tu sais moi, j’ai divorcé des « gilets jaunes », alors que je les aimais beaucoup, vraiment beaucoup. Après les premières violences dans les manifestat­ions, quand j’ai vu apparaître des gilets noirs qui cassaient des boutiques, j’ai invité les leaders du mouvement à un apéro à la maison. Je leur ai fait part de mon inquiétude et là, les mecs m’ont répondu : “Ben, Bernard, on n’y peut rien.

La France va mal ; y en a marre maintenant !”

C’est là que le divorce a été consommé ?

Oui. Et pour toujours. Quand je suis arrivé à l’OM, il y avait un gardien merveilleu­x. Un mec fabuleux. Joseph-Antoine Bell. Mais des tribunes du Vélodrome, il y avait ses cris de singes qui, trop souvent, lui étaient adressés. Le PSG a connu, plus tard, la même dérive nauséabond­e et raciste avec Bernard Lama. Eux, ont choisi de faire le buzz en envoyant des escadrons de CRS face aux hooligans. Ça n'a rien changé, sauf que ça a fait des belles images pour les TV. Moi, à Marseille, j’ai réuni les vrais fans, les vrais supporteur­s. Ils étaient outrés comme moi. On était tous sur la même longueur d’onde. Un soir de match, j’ai laissé  de ces vrais fans de l’OM habillés en survet’ bleus régler ça dans les tribunes avec les racistes. Les cris ont cessé. Et je n'ai pas eu à divorcer du foot grâce à eux !

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J’ai divorcé des « gilets jaunes » après les premières violences”

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(Photo AFP) Bernard Tapie avec l’équipe l’Olympique de Marseille, en .

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