Dans le monde, ce système a-t-il été efficace ?
■ En Chine
La Chine a été le premier pays a instauré des confinements localisés au début de la pandémie, notamment à Wuhan, avant d’être établi dans de nombreuses villes, voire dans certains quartiers d’une ville, comme à Pékin. Un nouveau a été déclaré à Shijiazhuang, ville de onze millions d’habitants, suite à la découverte de 469 nouveaux cas début janvier. Celui-ci a vu la fermeture de tous les commerces, des campagnes massives de dépistage ainsi qu’une désinfection des rues. Surtout, il est impossible d’entrer ou de sortir de la ville et la nourriture est apportée par l’armée aux habitants. Les mesures extrêmement strictes, et leur respect par la population, en Chine portent leur fruit. Un mois après, elle n’enregistre pratiquement plus de nouveaux cas, même si les données officielles sont soumises à caution.
■ En Australie
Autre pays à prendre des mesures drastiques pour lutter contre le coronavirus, l’Australie privilégie depuis longtemps les approches locales et régionales. Les voyages entre les États du pays sont limités. La ville de Melbourne a été coupée du reste du pays pendant trois mois au printemps dernier. En début de semaine, c’est la ville de Perth et ses régions avoisinantes qui ont été reconfinées après la découverte d’un nouveau cas de coronavirus, le premier en dix mois.
■ En Italie
Si le voisin italien rouvre ses restaurants ces derniers jours, ce n’est pas le cas dans toutes les régions. Après un confinement national, le déconfinement est régional. Pour relancer l’économie, onze des seize régions avec des chiffres jugés encourageants peuvent alléger les restrictions. Une approche locale qui semble bien fonctionner mais qui a aussi fait preuve de nombreux défauts dans la gestion de la crise. Au début de l’épidémie, les fermetures de la région de Lombardie puis de la partie nord du pays avaient entraîné un déplacement massif de population, propageant plus rapidement encore le coronavirus.
■ En Angleterre
Le Royaume-Uni est divisé en quatre dans sa gestion de la pandémie, l’Écosse, le Pays de Galles, l’Irlande du Nord et l’Angleterre établissant leurs mesures régionales au niveau de la santé. Mais l’Angleterre s’est aussi essayé au confinement local au printemps. Pendant deux semaines, la ville de Leicester, qui représentait 10 % des cas de son pays, a été coupée des communes voisines. Si le gouvernement britannique estime que cela a eu un impact, l’expérience a coupé court alors que les chiffres n’avaient qu’à peine baissé. « Cela a provoqué beaucoup de frustrations pour les autorités de Leicester ainsi qu’à ses citoyens », estimait le maire de la ville, pris au dépourvu par la décision de Londres.
■ Mais aussi en Guyane
La France a déjà expérimenté un confinement local. C’était dans la commune de Camopi, en Guyane, durant le mois d’octobre, après que 66 cas y aient été détectés en septembre pour une population de 1 700 habitants. D’après Santé Publique France, le taux d’incidence « très élevé » de la commune est passé à simplement « élevé », suite à cette mesure.
■ Quels enseignements en tirer ?
Ces exemples de restrictions à échelle réduite à travers le monde révèlent plusieurs facteurs de la réussite, ou non, d’un confinement local, à commencer par l’acceptabilité des nouvelles contraintes et son strict respect par toute la population. Un confinement local, c’est « tenir de l’eau à travers un barrage, explique le professeur François Bricaire, ancien chef du service d’infectiologie de la Pitié Salpêtrière, auprès du Parisien. Mais avec la circulation actuelle du virus, je ne crois pas qu’un confinement local soit la solution. » En effet, si ces mesures locales ont montré leur efficacité pour éradiquer un cluster avant qu’il ne se propage, elles ont eu plus de difficultés dans les pays où la circulation du virus était déjà importante.