Un rapport rendu dans trois mois Au nouveau chevet de la citadelle de Saint-Tropez
Patrimoine emblématique de la cité tropézienne, la citadelle reste encore en partie interdite aux visiteurs pour des raisons de sécurité. Un nouveau programme d’expertise et de réhabilitation a été lancé
Ce matin-là, des visiteurs un peu particuliers arpentent l’enceinte et les extérieurs de la citadelle de Saint-Tropez. Ils ont même le privilège de pénétrer dans les 20 % des périmètres d’ordinaire interdits au public, pour des raisons de sécurité. Accueilli par le responsable de la citadelle Laurent Pavlidis, et l’adjoint au maire en charge de la culture Michel Perrault, ce groupe d’experts en patrimoine était missionné par la ville de Saint-Tropez à la demande de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et effectuait sa première reconnaissance sur le terrain. Cette équipe est composée autour de Laure Marieu, architecte du patrimoine basée à Paris, de Nicolas Roumazeille, ingénieur ; Nicolas Faucherre, historien de la fortification ; Roland Westphal, entrepreneur, et Charles Savoureau, économiste et spécialisé comme tous les autres dans les monuments historiques. Elle a été retenue par la Ville à l’issue d’un appel à candidatures pour effectuer un nouveau diagnostic sur le site et cibler la prochaine programmation de travaux qui doit lui permettre d’être mieux valorisé.
« C’est le début d’une mission qui vise à actualiser l’étude préalable de mise en sécurité de la citadelle, réalisée en 1997, explique Laurent Pavlidis. Lorsque la Ville a acheté la forteresse en 1993, la première étape a été de la faire classer monument historique puis de réaliser une première commande auprès d’un architecte en chef des monuments historiques, Jacques Moulin, pour lister l’ensemble des désordres du site, là où il y avait des faiblesses, et phaser une liste de travaux étalés sur 15 ou 20 ans. »
L’entrée a ainsi été refaite et d’importants travaux réalisés sur le donjon. Mais il faut aujourd’hui donner un nouveau souffle à un document qui date de plus de vingt ans, d’autant qu’entretemps de nouveaux dégâts ont pu apparaître, et planifier de nouvelles priorités de sauvegarde. C’est donc le travail de ce groupe de spécialistes, venu effectuer un premier repérage sur les lieux et qui aura trois mois pour rendre son rapport.
« À charge ensuite pour la municipalité de lancer un plan pluriannuel de travaux, ajoute Michel Perrault. Ilya des gros chantiers qui vont prendre deux ou trois ans, phase administrative comprise car il faut demander des subventions et nous travaillons sous le contrôle des Monuments historiques, de la DRAC. Et il y a des aménagements moins importants mais non moins capitaux pour la conservation du site, que l’on peut engager plus vite. » Mais cela restera un travail de longue haleine, dépassant largement le cadre d’un seul mandat municipal.
La visite pouvait débuter pour nos experts, dont la plupart découvraient la citadelle de Saint-Tropez. Blocnotes et appareils photos en main, ils ont parcouru les extérieurs puis l’intérieur de son enceinte. Repérant, ici et là, les dégâts les plus visibles sur le site et d’autres plus sournois comme des murs de soutènement fragilisés et qui pourraient présenter un risque pour les visiteurs.
À la poudrière, une salle d’exposition ?
Dans la partie fermée au public, ils découvrent aussi la poudrière, rendue invisible dans les années 50 par une terrasse qui tient un peu par miracle et sera à terme démolie. Un lieu qui inspire beaucoup Michel Perrault : « L’objectif est de sécuriser mais aussi de valoriser la citadelle en ouvrant de nouveaux espaces au public. La réhabilitation de la poudrière, notamment, permettrait de créer sur 80 m2 une nouvelle surface d’expositions thématiques temporaires. Il faut voir si cela est réalisable dans l’étude préalable que l’on va confier à un cabinet d’architecte qui comprendra une compétence scénographique. Car il faut également se préoccuper de l’espace scénique pour lequel on a beaucoup de demandes, de grands mariages, de spectacles vivants, d’évènements médiatiques, mais qui n’est pas adapté. »
Plus loin, on croise posée à même l’herbe une rose des sables signée Peï. Dans ce secteur lui aussi interdit aux visiteurs, tout le symbole d’un patrimoine ignoré qui ne demande qu’à revivre.