La fenêtre de la droite
Emmanuel Macron % - Marine Le Pen %.
Le sondage Harris sur le second tour de la présidentielle en a, bizarrement, fait assez peu de bruit. Il marque pourtant une progression sans précédent de la candidate du Rassemblement national. À un palier près, elle paraît désormais en mesure d’investir l’Élysée. Ce n’est pas rien, même si le reflet de l’opinion, si loin encore de l’échéance et dans le contexte dévastateur que nous connaissons, se prête à une surévaluation du vote épidermique.
Il n’en reste pas moins que le - sans fioriture de semble d’un autre âge. La piteuse prestation de Marine Le Pen lors du débat final avait, croyait-on, anéanti à jamais ses prétentions. « Elle n’a pas le niveau », l’avaient alors enterrée en choeur la plupart des commentateurs. Quatre ans plus tard, elle est toujours là. Plus menaçante que jamais. Elle n’a pourtant rien fait de plus ni de mieux. Elle s’est contentée de regarder les colères s’agréger et de moissonner les rancoeurs, bien aidée en cela par le démembrement de la gauche et de la droite, en état d’hébétude. Le haut potentiel électoral présumé de Marine Le Pen vient aussi signer l’échec de la stratégie d’Emmanuel Macron : moi ou le chaos, les vertueux progressistes contre les vilains populistes, ça ne marche plus. Le Président, certes, n’a pas été aidé par les circonstances, qui l’ont empêché de réformer à son gré. Mais à vouloir se poser en seul rempart contre le RN, il s’est fragilisé, et avec lui tout l’édifice républicain. Aujourd’hui, s’il compte briguer un deuxième mandat, il va devoir se concentrer sur une problématique basique : gagner sa place au second tour. Elle n’est pas acquise. La montée de Marine Le Pen est, en effet, l’aubaine que Les Républicains n’espéraient plus. Elle leur offre l’opportunité, à leur tour, de se présenter comme l’antidote à l’accession du RN au pouvoir. Au second tour, leur candidat cannibaliserait plus facilement qu’Emmanuel Macron une partie de l’électorat mariniste. On le voit à l’occasion de la discussion du projet de loi contre le séparatisme, LR empiète résolument sur les plates-bandes du RN. La gageure, pour Les Républicains, sera dorénavant de réussir à dégager sans trop de heurts un candidat unique, alors que les perspectives qui vont s’élargissant feront flamber les ambitions. Quelques-uns, on le sent bien, commencent déjà à se voir à l’Élysée… Un peu comme en où la gauche, sur le rejet de Nicolas Sarkozy, savait qu’elle avait toutes les chances d’y entrer, quel que soit celui qui porterait ses couleurs.
« Quelques-uns
[chez Les Républicains] commencent déjà à se voir à l’Élysée. »