Manon Nicolet cordonnière bien chaussée
À trente ans, cette Niçoise formée par les Compagnons du devoir mixe création et réparation dans sa cordonneriemaroquinerie. Un atelier-boutique où cette passionnée invite à apprécier une mode plus durable.
Radio Nova en fond, Lomepal ou Brassens ? Ambiance éclectique, moderne ou tradi, Manon Nicolet n’a pas choisi. À Nice, où elle a installé sa cordonnerie l’année dernière, la trentenaire travaille, en musique et solo. Dans une boutique-atelier au look impeccable, où dernières tendances et savoir-faire à l’ancienne se marient parfaitement. Entre la déco chinée et les machines d’occase, Manon est dans son élément.
Après avoir été employée pour les autres à Paris et Montpellier, celle qui a grandi dans le quartier niçois de Garibaldi a eu besoin de rentrer à la maison. « Pour retrouver mes repères et pour dynamiser ma ville », ditelle. Et la voilà lancée en son nom, dans son Atelier Nicolet, au coeur du « Vieux ». Là, l’ancienne apprentie bottière finalement spécialisée dans la réparation retape et imagine. Entre son « banc », sa presse pneumatique et ses « conformateurs », sa machine à coudre, ses outils, ses peaux et ses patrons, on lui porte
(1) ses souliers fatigués pour qu’elle leur offre une nouvelle vie, on lui soumet ses envies de portefeuille tout neuf quand on en a marre d’avoir le même que tout le monde, ou alors, on la regarde simplement travailler.
« Je voulais un atelier ouvert, qu’on voit les machines. Je voulais aussi que les gens osent venir et me demander ce qu’ils veulent. Le côté réparation, je trouve ça génial, à l’heure où tout le monde jette. Parce qu’on peut tout faire en fait, avec le cuir. Rétrécir, agrandir, remettre en état, tout est réparable ! Côté création, j’ai une collection de petite maroquinerie, avec mes pièces à moi. Ou alors je fais du cas par cas, parce qu’au départ, j’avais aussi très envie de rendre le sur-mesure accessible à tout le monde. »
Et comme dirait l’autre, elle y met du temps, du talent et du coeur. Formée par les Compagnons du devoir entre Nice et la capitale, Manon Nicolet aime le travail bien fait.
Toujours à plat pour réparer les talons
« Aux Compagnons, j’ai appris la rigueur et à aller jusqu’au bout des choses. J’ai aussi appris le respect de la matière et l’importance de la transmission », souligne cette fille de cuisiniers qui s’est prise de passion pour la chaussure, puis pour le cuir en général, après avoir vu un reportage sur le bottier Massaro, historique collaborateur de Chanel. « J’ai trouvé ça fascinant et ça ne m’a jamais quittée ! »
Rayon belles inspirations, Manon cite aussi Berluti, John Lobb ou Walter Steiger… « Lui fait des chaussures dingues, où la cambrure n’est qu’en équilibre, ou des talons fous » , résume la cordonnière qui est toujours à plat et qui ne fabrique, pour l’instant, que des sandales de cuir pour l’été, à côté de ses travaux de réparation et de ses porte-monnaie, sacs, bananes, étuis à lunettes ou à boules de pétanque faits main. Ce qui lui plaît dans le cuir naturel, à contre-courant de la tendance grandissante des « cuirs vegan » ? « Sa tenue, sa fluidité, sa durabilité. Le cuir vegan n’est pas du cuir, sa fabrication reste polluante, je préfère réparer un produit en cuir naturel pour éviter de racheter, ou en fabriquer un de qualité qui durera des années. »
Et puis ce qu’elle aime aussi, ce sont les couleurs. Ses préférées ? L’imprimé léopard et les pailletés. Moderne ou tradi, Manon n’a pas choisi.
‘‘
Le respect de la matière et l’importance de la transmission”
22 rue Benoît-Bunico, dans le Vieux-Nice. Tarifs réparations : à partir de 3 €. Tarifs créations : de 10 € à150 €. Rens. 09.81.73.48.19.
Sur Instagram : @atelier.nicolet
1. Vaches, veaux et chèvres français qui viennent des tanneries Roux, à Romans-sur-Isère, quelques daims qui arrivent d’Espagne.
Dans l’Atelier sa cordonnerie, Manon redonne vie à nos vieux souliers et nos pièces en cuir ou en imagine d’autres.
Nicolet,