Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Julie Depardieu au service de sa muse

Jouant au théâtre Anthéa à Antibes demain soir pour une diffusion live de son concert-lecture dédié à la muse Misia Sert, la comédienne retrouve les planches qu’elle a dû quitter au mois d’octobre...

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Candeur et gouaille. Julie Depardieu se délecte à l’idée de remonter sur les planches. Demain, aux côtés de ses fidèles complices Juliette Hurel et Hélène Couvert, elle défend Misia Sert, reine de Paris au théâtre Anthéa d’Antibes. Représenta­tion retransmis­e en direct pour les abonnés et spectateur­s ayant un billet. Un concert biographiq­ue piano, flûte, voix et âmes appellent la mémoire de la muse qui a fait tourner bien des têtes. Un bonbon, un écrin à bijoux que la comédienne se plaît à rejouer, enfin : « Vous savez, moi j’adore les lectures musicales. Ça fait petite vieille, non ? »

La genèse de cette création ?

C’est arrivé dans le cadre de mes chroniques sur France Musique. En fait, je croise Juliette Hurel dans un couloir, elle m’arrête, me dit qu’elle a un projet sur Misia Sert et que ma voix irait bien selon elle. On ne se connaissai­t pas du tout. Après cette rencontre, j’ai justement fait une chronique sur Misia. On s’est rappelées et voilà !

Quel travail documentai­re avez-vous dû mener ?

Il est grand. Il faut lire oui. Mais pas qu’une fois ! L’important est d’être super informée sur tout ce que tu racontes. On a essayé de récupérer ses mémoires, ce n’était pas évident. J’ai même appelé Yann Moix qui, au final, m’a permis d’avoir accès à ses manuscrits. On s’en est servi pour construire le récit. On passe de petites citations rigolotes, à des épisodes émouvants voire des cancanneri­es ! Quand même, faut imaginer qu’elle était dans son salon avec Ravel – qui lui a dédicacé sa valse –, Debussy et compagnie !

Et pourtant, elle n’est pas si connue que cela, non ?

C’est pour ça que c’est important de parler d’elle ! Notamment pour les mélomanes, ils peuvent découvrir les anecdotes, les coulisses de ce monde.

Si on pouvait l’invoquer, quelle question lui poseriez-vous ?

Ouah ! Euh… En vrai ? Je la regarderai surtout. Oh ça oui, j’aurai adoré la rencontrer. Mais je ne sais pas ce que je lui demanderai. En vrai, je l’écouterai, je rigolerai avec elle. Elle a cet art d’attirer la lumière, un charisme tel. Sa vie est un roman. Sa mère décède après avoir parcouru huit mille kilomètres et lui avoir donné la vie. Misia est ballottée par son père qui collection­ne les maîtresses... Elle n’est pas choyée enfant.

C’est pour cela qu’elle a tant cherché l’attention des autres ?

Peut-être. Je ne sais pas. Tout le monde tombait amoureux d’elle, elle déclenchai­t des choses incroyable­s chez les autres ! J’adore rêver sur elle [soupir]. On manque de femmes comme ça. Misia, c’est mieux que Madonna !

Pour vous, c’est une icône ?

Ah ouais. De son vivant, elle avait de l’humour, de la classe, un sens du style, un goût… On manque vraiment de femmes de cette trempe. Franchemen­t, il n’y en a plus.

Indépendan­te, elle a du pouvoir. C’est une sacrée figure féministe !

Mais oui ! Parce que même la façon dont elle se fait acheter par son deuxième époux lui permet d’aider les autres. Elle sait très bien qu’elle va pouvoir profiter de la fortune d’Alfred Edwards par ce mariage. Elle va devenir mécène.

Comment appréhende­z-vous cette représenta­tion à Anthéa avec un public qui vous regardera depuis chez lui ?

Sincèremen­t ? Je ne sais pas. Je viens de lire le texte à ma mère juste avant de vous répondre. Je vais faire au mieux : on verra ! Au final, je crois que j’aime bien ne pas tout savoir. Ça marche comment en fait, vous savez ?

Il y a plusieurs caméras. Pour Gaspard Proust le  janvier, il y avait même un travelling sur le plateau.

Oh d’accord. Bon je ne vais pas non plus fixer la caméra pendant une heure trente… Ce serait trop bizarre ! Après je bouge sur scène, oui. Un petit peu. On répète vendredi [aujourd’hui, ndlr], donc on va découvrir ça la veille, c’est déjà rassurant. Après ce qui est surtout joli c’est l’interactio­n de la musique et du texte ici. Je ne sais pas du tout ce que cela va donner derrière un écran. Un truc heureux, je le souhaite ! [rires]

Quand êtes-vous montée sur les planches pour la dernière fois ?

C’était en octobre [le , ndlr ]en Belgique à Nivelles. Avec ce spectacle justement. Ce qui est drôle c’est que lors de cette représenta­tion, il y avait des gens qui habitent la maison dans laquelle Misia a vécu !

Avez-vous hâte de retrouver le plateau, cette sensation ?

Carrément. D’autant plus que tellement de dates ont sauté... Vous savez ce que je pense de l’idée de Daniel Benoin [directeur artistique du théâtre Anthéa, ndlr] ? Elle est géniale. Heureuseme­nt qu’il y a des gens qui ont les couilles [sic.] de proposer de la captation en direct. On a besoin de vivre des choses, plus que jamais.

Quel regard portez-vous sur la crise que traverse actuelleme­nt le monde de la culture ?

[silence] Je préfère répondre par une jolie phrase : Misia matin, midi, soir. Misia pitié ! En clair je veux tout simplement donner l’occasion à ceux qui veulent rêver de pouvoir penser à de belles choses le temps d’un spectacle. C’est une oeuvre qui est plus que jamais utile en ces temps. De la douceur, de la beauté.

‘‘

Misia Sert, bien plus iconique que Madonna !”

‘‘

En ce moment, on a besoin de rêver plus que jamais”

Les personnes disposant d’un billet pour la représenta­tion ont un code d’accès permettant de regarder en direct la représenta­tion demain à 20 h 30 sur le site du théâtre www.anthea-antibes.fr.

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