Ça tourne en boucle sur ses platines
Thierry Arnaud de Cosmic Trip à Draguignan, a craqué pour...
THE FUTURE BITES
Que de chemin parcouru depuis ses débuts il y a presque trente-cinq ans avec son groupe progressif Porcupine Tree. Un long chemin au cours duquel il a semé pas mal de ses premiers fans qui ont eu du mal à accepter le virage, disons plus pop et commercial, du musicien. Et gageons qu’à l’écoute de cette nouvelle production plus électronique certains vont encore tourner de l’oeil. Guitariste, mais aussi multiinstrumentiste, inspiré et créatif, producteur multicarte surbooké, devenu depuis excellent chanteur et mélodiste, Steven s’est toujours vu avant tout comme un auteur-compositeur. Un zeste de classicisme mélodique à la John Lennon, une pincée de la sensibilité avant-gardiste de Peter Gabriel et une rasade de la science sonore d’un Brian Eno, il est évident que depuis le début de sa carrière en solo, progressivement (?), il tend de plus en plus vers ce Graal ultime.
Son précédent succès commercial (aïe !), le tout de même génial To The Bone annonçait déjà ce crossover. Alors oui, sur ce Future Bites, il faut attendre l’avant dernier titre pour entendre un solo de guitare qui déchire. Oui, les morceaux sont courts et ne se prêtent à aucune divagation instrumentale. Oui, il y a Sir Elton John en invité de luxe et un copilote, David Fosten, versé dans l’électro. Et certaines compositions ont un parti pris revendiqué dance (aïe ! aïe !). Eh bien soyons honnêtes, au diable les a priori, tout cela est terriblement addictif, comme un effet miroir au culte du soi des réseaux sociaux et au consumérisme effréné que l’artiste dénonce dans des textes d’une rare lucidité. Steven Wilson y explore le futur avec le langage d’aujourd’hui, mais sans rien renier des codes de composition du passé. Un défi relevé haut la main grâce à un talent hors du commun. « Dans chaque lutte il y adel’or», écrit-il dans le livret… Prophétique ?