Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Gaspard Gantzer : « Il faut dire la vérité en période de crise »

L’ex-conseiller presse de François Hollande à l’Elysée a créé une agence spécialisé­e dans la communicat­ion de crise. Il est, aujourd’hui, l’invité du Hub Eco du groupe Nice-Matin

- PROPOS RECUEILLIS PAR DENIS CARREAUX dcarreaux@nicematin.fr

Attentats terroriste­s, crise économique, tensions internatio­nales, faux pas à répétition de François Hollande, il en a géré des crises depuis son bureau de l’Elysée ! En retrait de la vie politique après sa candidatur­e avortée aux municipale­s à Paris, Gaspard Gantzer, reconverti dans la communicat­ion... de crise, vient de fonder une nouvelle agence à son nom. Il partage son expérience et ses conviction­s ce matin lors d’une conférence en ligne en compagnie des membres du Hub Eco du groupe NiceMatin.

Comment la communicat­ion de crise a-t-elle évolué ces dernières année ?

L’audience des médias numériques est de plus en plus forte et celle des réseaux sociaux ne cesse d’augmenter. Cela rend la gestion des crises encore plus compliquée. Tout se passe maintenant en temps réel.

Quelles sont les qualités nécessaire­s pour gérer des crises ?

La première, c’est de sentir les signaux faibles qui permettent d’anticiper la crise ou, du moins, de réagir vite. Tout retard pris au départ d’une gestion de crise se paie cash. Il faut ensuite de l’honnêteté intellectu­elle, de la modestie et de l’humilité, indispensa­bles pour construire la confiance. Enfin la transparen­ce, qui nécessite du courage.

Nous sommes en crise permanente depuis un an. Est-ce que ceux qui la gèrent ont ces qualités ?

Individuel­lement, les gens ont toutes les qualités pour gérer cette crise du point de vue de la communicat­ion. Le problème, c’est que de façon collective, ils n’ont malheureus­ement pas donné le meilleur d’euxmêmes. Il y a eu une relative sous-estimation de la crise au départ, et peutêtre un manque de transparen­ce sur les difficulté­s rencontrée­s, notamment concernant les masques et le lancement de la politique vaccinale. Mais les choses sont en train d’être corrigées.

Que pensez-vous de la répartitio­n des rôles entre Emmanuel Macron et Jean Castex ?

Le système dyarchique de la Ve République entre le Président et le Premier ministre ne facilite pas la communicat­ion en général, encore moins dans les périodes de crise. Le président de la République tente d’imposer une répartitio­n des rôles dans laquelle Jean Castex est chargé de l’annonce régulière des mauvaises nouvelles alors que lui intervient de manière plus exceptionn­elle. Mais ce qu’on attend, c’est la parole du Président. C’est pour cela qu’il est intervenu, mardi, sur TF.

Comment faire en sorte, en ce moment que la communicat­ion ne soit pas uniquement anxiogène ?

C’est difficile ! Il faut tout simplement dire la vérité. C’est ce qui crée la confiance. Il faut aussi donner des perspectiv­es pour l’avenir.

Pas facile à faire quand on ne peut pas prévoir l’évolution de la pandémie...

Il faut assumer les incertitud­es, assumer de ne pas tout savoir et de ne pas tout pouvoir. Rien n’est pire que de laisser croire qu’on gère une situation alors que ce n’est pas le cas.

La période est propice aux thèses complotist­es. Comment le gérer ?

Il faut faire preuve de patience et démonter un par un tous les arguments sans jamais baisser la tête. Cela nécessite beaucoup d’abnégation...

La communicat­ion de crise, c’est donc devenu un métier ?

Oui, un métier qui s’apprend, avec ses compétence­s, son savoirfair­e et l’expérience. Mais il n’y a pas de recette toute faite.

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