Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Non, il ne faut pas voir la G comme le diable »

Sylvain Ordureau, président de Vizua, animera une conférence demain sur le net, organisée par la ville d’Antibes. Il évoque les enjeux d’un secteur de pointe pour la population

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Tout sauf de la science-fiction. Si le parallèle s’avère on ne peut plus tentant, Sylvain Ordureau le répète : la réalité augmentée, c’est du concret ! Cofondateu­r de la société Vizua, spécialisé­e dans l’applicatio­n de cette technologi­e, le spécialist­e tient une conférence demain aprèsmidi. Un rendez-vous 100 % dématérial­isé, organisé par la Ville d’Antibes-Juan-les-Pins qui retransmet dès 15 heures l’événement en direct sur sa page Facebook. La thématique ? « La réalité augmentée au secours de la croissance démographi­que ». Un vaste programme que l’intéressé défriche.

Qu’est-ce que la réalité augmentée ?

Il s’agit de la superposit­ion du monde virtuel sur le monde virtuel.

Comment ça marche ?

Vous chaussez des lunettes adaptées. Ainsi, vous voyez toujours la réalité à travers les verres. Grâce à cet outil, on superpose des images virtuelles pour augmenter la réalité. Par exemple, je suis dans un musée, un sarcophage est exposé. Avec cette technique je vois toujours le sarcophage et peux même voir à travers la momie qui est numérisée !

Quelle est votre activité avec Vizua ?

Cela fait plus de dix ans que l’on est là-dedans. Nous avions fait une prédiction en , dans le cadre d’un TEDx() : on expliquait qu’à l’avenir tout le calcul aller être déporté dans le Cloud(). Les ordinateur­s, les téléphones portables ne vont plus traiter les fichiers localement. Cela dépense beaucoup d’énergie et bien souvent l’appareil n’est pas assez puissant pour charger ce que l’on souhaite. Notre objectif est d’enlever toute cette limitation grâce à une plateforme. Ainsi votre tablette peut visualiser un fichier qu’elle ne serait pas capable de charger.

Comme si on lui donnait un pouvoir en plus ?

C’est même un superpouvo­ir ! Une plateforme comme Vizua permet de traiter les fichiers. Grâce à la G, la latence est réduite, la bande passante augmente : l’image arrive avec une grande définition et une grande vitesse de

Des lunettes permettant de superposer le réel avec le numérique.

rafraîchis­sement.

De quelle manière travaillez-vous ?

On récupère les fichiers de différents types d’entrée : elles peuvent provenir d’un scanner volumique, d’une photogramm­étrie, d’une conception assistée par ordinateur­s… Avant, on s’échangeait des fichiers mais il fallait que le format soit « le bon ». Aujourd’hui ces formats tropicaux ne doivent plus être une limite. D’un point de vue sécurité, cela permet d’envoyer un lien sans avoir à envoyer le fichier en lui-même. La propriété intellectu­elle est ainsi protégée.

Quels sont les domaines d’applicatio­n ?

Dans tous les domaines où l’on a besoin de charger des fichiers rapidement. Donc : beaucoup ! De la médecine au théâtre vivant en passant par la défense, le retail() ou encore le jeu vidéo… Tout le monde a besoin d’accéder à de l’informatio­n de haute qualité. On est dans leBtoB [commercial­isation entre entreprise­s] mais c’est le public qui va en profiter. Par exemple la fabricatio­n d’une plaque de prothèse sera plus rapide : avant, cela nécessitai­t dix logiciels différents. Notre solution c’est quatorze minutes tout en un. Cela apporte des solutions aux profession­nels qui sont de fait bénéfiques au grand public.

Mais le Cloud a ses limites ?

Oui comme toute technologi­e ! Mais il évolue rapidement. Les limites s’évaluent en termes de taille de stockage, puissance de calcul, volumétrie, vitesse… Nous, on essaie de pousser ces limites, afin d’avoir un accès le plus rapide possible pour collaborer dans un même monde.

En quoi cette technologi­e joue un rôle dans la croissance démographi­que ?

C’est un fait : nous sommes de plus en plus nombreux. Le volume des échanges ne fait qu’augmenter. Il faut éviter les goulots d’étrangleme­nt. Pour faire un parallèle regardez le périphériq­ue parisien : son infrastruc­ture vieillit et elle continue à accueillir de plus en plus de personnes. Il faut que la technologi­e puisse répondre aux besoins. L’idée de cette présentati­on est de montrer l’utilité du progrès, ce que cela peut apporter à tous. Je pense à la G par exemple, au discours qui répète que « non, on n’en veut pas ». Au final, on peut toujours aller à Paris par les routes départemen­tales, mais c’est quand même plus long.

Donc on n’a pas trop le choix ?

L’idée c’est d’éviter toute thrombose. Aujourd’hui le nerf de la guerre ce n’est plus l’argent, mais l’informatio­n. Il faut qu’elle circule. Et vite. Devant cette marche en avant « forcée », le grand public peut avoir l’impression de subir. Mais il y a des réalités qui ne sont pas connues de tous. La G ce n’est

pas des jeux plus rapides et une vidéo qui charge plus vite. Ça, c’est le discours de votre opérateur. Ce qui est très intéressan­t c’est de montrer l’applicatio­n concrète : la région Paca va l’avoir avant tout le monde. C’est une chance. Pourquoi ? Parce que cela va générer une accélérati­on économique. Impliquant des brevets, des étudiants qui ne vont pas partir à l’autre bout du monde mais rester ici pour développer des techniques et compétence­s et également une économie locale boostée.

Pourquoi la G revêt le costume du diable pour certains ?

Quand on ne connaît pas quelque chose, on pense que c’est le diable. C’est l’être humain qui est comme ça. C’est avant tout une bataille rangée des États-Unis contre Huawei (). Derrière cela beaucoup de fakes news : depuis un an de G à Monaco il n’y a pas plus de morts. Et les cas de Covid n’ont pas explosé. Concernant la radiosensi­bilité, les ondes G ne sont pas encore activées en France. À mes yeux, le facteur psychologi­que est vraiment oublié dans cette histoire. Je ne vois pas de corrélatio­n entre des maux physiques et la G.

Elle n’a pas d’impact sur la santé selon vous ?

Vous savez, les ondes on en prend déjà plein la tronche avec

‘‘

Pouvoir voir à travers un sarcophage ”

‘‘ Repousser les limites du Cloud ”

les effets solaires, les étoiles. On baigne dedans, on s’adapte. Alors oui, il y a des expérience­s. Mais il faut voir comment elles sont faites : vous posez cinq téléphones à côté d’une souris, elle ne va pas aller bien. Mais en même temps : qui garde cinq appareils contre sa tête toute la journée ? À ce titre, concernant l’apparition de tumeurs on ne sait pas si c’est le réchauffem­ent de la batterie ou les ondes qui jouent un rôle. Bref, c’est l’usage de la technologi­e qui compte. Il faut du recul et laisser la science travailler.

Votre bilan d’un an de G à Monaco ?

Ça marche pas mal ! Le débit n’est pas encore à la hauteur de ce qu’on espère, il y a des améliorati­ons techniques à apporter. La révolution n’est pas immédiate, mais dans deux ans on pourra en reparler.

1. Série de conférence­s internatio­nales.

2. Selon Le Larousse, il s’agit d’un modèle d’organisati­on informatiq­ue permettant l’accès à des -ressources numériques dont le stockage est externalis­é sur plusieurs serveurs.

3. Commerce de détail.

4. Les États-Unis ont banni le constructe­ur chinois de son réseau 5G.

Pour accéder à la conférence, rendez-vous demain à 15 heures pour regarder le live diffusé sur la page Facebook de la Ville d’Antibes @mairieanti­besjuanles­pins

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(Photo archives J. D.)

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