Lina Crea la fée crochette
À Vence, Alessandra Di Francesca a lancé il y a trois ans sa collection de mailles, robes et accessoires à l’esprit bohème et vagabond. Tricot, crochet, couture... Elle a hérité de ses aïeules le goût des aiguilles.
Rayée, blanche et dorée. Dans un cadre, sous verre, trône, telle une oeuvre au musée, une culotte de bikini crochetée. « Je trouve qu’elle reste très actuelle, dans sa coupe et ses couleurs », souffle Alessandra Di Francesca. Et pourtant, le dessous ne date pas d’hier. « Une création de ma grand-mère paternelle, Lina. C’est elle qui m’a appris... Et c’est pour elle que j’ai nommé ainsi ma marque. » Dans un autre coin de l’atelier showroom de la créatrice, à Vence, un nouveau tableau, avec un haut de maillot à l’esprit hippie. Made by mamie, aussi. Sur les portants, la filiation avec les créations d’Alessandra se dessine nettement. Maman gracile du grand Enzo, 16 ans et du jeune Louis, 8 ans, Alessandra virevolte d’un coin à l’autre. Montre une robe en tissu doux, impression cachemire. Déplie un plaid en crochet qui a dû lui demander des jours de travail.
Une affaire de famille
Carré long brun. Frange droite. Un rouge à lèvres carmin fait ressortir ses grands yeux bleus. Petite blouse à fleurs liberty sur lequel vient se poser un gilet rose poudré. Joliment tricoté par ses soins, maille après maille. « Ah je crois que c’est le seul qu’il me reste... C’est toujours le cordonnier qui est le plus mal chaussé ! » Elle sourit. Lumineuse, dans son atelier kaléidoscope. Partout, des couleurs à vous faire pétiller la rétine.
Partout, de la maille. Des travaux d’aiguille qui rappelle la filiation. Car c’est l’affaire de toute une famille. L’apprentissage du tricot, par exemple, vient de Thérèse, sa grand-mère maternelle. Alessandra déroule le fil de l’histoire. « Je me souviens aussi que mon arrière-grand-mère Joséphine, reprisait ses chaussettes sur son lit. » Elle évoque encore le grand-père qui lui apprit le fonctionnement de la machine à coudre, « lui qui faisait si bien les ourlets. » La tante qui travaillait pour la marque Chacok. « On créait des robes à mes poupées. »
Ça lui a donné le goût de la couleur, des imprimés. Une préférence qu’elle affine en travaillant au corner Manoush des galeries Lafayette de Nice. Bercée par les couleurs chatoyantes et les modèles vadrouilleurs de Frédérique Trou-Roy, la créatrice de la marque. « Je suis tombée amoureuse des paillettes, des fleurs...»
Alessandra évolue, devient responsable de la boutique de Cannes .«En parallèle, je créais des pulls, des robes pour mes amies... Je travaillais à la commande. Et puis, mon grand fils voulait me voir davantage »
Alors elle lâche tout pour lancer sa petite entreprise, il y a trois ans. Depuis, ses doigts de fée n’ont de cesse de jongler avec les aiguilles comme avec des baguettes magiques. «Jene fais pas ça H24 non plus ! Je repose un peu mes épaules et mes bras de temps en temps ! »
Tissus d’Hawaï et broderies thaïes
Un rang, puis deux, trois… Des points mousse et jersey qui s'amoncellent. Des couleurs gaies plein les fils. Du mohair, de l’alpaga. Du fluo, du brillant aussi parfois. Pour ponctuer son univers singulier.
Sa soeur, grande baroudeuse, lui déniche des tissus incroyables venus de l’île d’Hawaï, des broderies de Bangkok. Ses parents gardent toujours une place dans leur valise pour ramener des trouvailles textiles chamarrées. Après, elle assemble, patronne, coud. Dans d’audacieux mélanges qui font le sel d’un style. Alessandra Di Francesca transmet aussi. En cours privé. Ou avec des « mamies » vençoises, sur sa terrasse. Elles tricotent, crochètent. Avec ferveur. Un poil concentrées sur leur ouvrage. Un peu pipelettes aussi. Ça lui rappellerait presque quelque chose, ce petit tricoti et papota...
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Je suis tombée amoureuse des paillettes ! ”