« L’humain remis au coeur »
Pour Kito de Pavant, ancien vainqueur de la Solitaire du Figaro, et concurrent maudit sur le Vendée, cette 9e édition pourrait bien marquer un virage dans la course au large
Il va bientôt fêter ses 60 ans (le 23 février), a participé trois fois au Vendée Globe (mais sans jamais pouvoir en terminer un…) et a appris à naviguer sur… un étang ! En Dordogne, plus exactement. Kito de Pavant (de son vrai nom Christophe Fourcault de Pavant) s’est surtout taillé une solide réputation dans le milieu en remportant, en 2002, la Solitaire du Figaro. Mais le Méditerranéen qu’il est devenu à l’âge de 10 ans a aussi fait équipe avec les plus grands. Comme sur la Transat Jacques-Vabre (avec François Gabart ou Yannick Bestaven, tous deux vainqueurs de l’Everest des mers, mais aussi Jean Le Cam et Yves Le Blevec). Alors son avis compte, forcément…
Votre histoire avec le Vendée Globe est douloureuse
(trois participations, trois abandons après un démâtage, un choc avec un chalutier et enfin une rencontre inattendue avec un cachalot). Peut-on parler de malédiction ?
On pourrait presque le penser ! En tout cas, ça a été un manque de chance. Mais, ce qui est sûr, c’est que le Vendée Globe reste, quoi qu’il puisse arriver en mer, un parcours semé d’embûches. Et pour passer au travers, il faut une part
Marin aussi atypique qu’attachant, Kito de Pavant dresse un premier bilan de cette édition.
e de réussite. Cette année, c’est très particulier puisqu’il y a peu d’abandons, même si la moitié des concurrents est encore en course et qu’il peut toujours se passer plein de choses. Mais ça veut quand même dire qu’on progresse…
Difficile, néanmoins, d’anticiper sur la route d’un cachalot...
En taper un, c’est la faute à pas de bol...
Mais, sur un bateau, on a quand même plus de chance de croiser un cachalot qu’un sanglier (rire)…
Quand on voit la
« Le Cam’mania » qui a marqué cette édition, ça vous donne envie d’y retourner ?
Oui et non ! Parce que ce Tour du monde est un vrai parcours du combattant. Jean a fait un Vendée incroyable et il est un personnage haut en couleur, qui a su séduire les médias. Mais ce que l’on voit moins, ce sont les difficultés à affronter en amont. Être simplement au départ du Vendée, est déjà quelque chose de compliqué. Parce que ça coûte très cher, qu’il faut une équipe et que c’est quatre ans de travail. Pour un résultat jamais garanti. Alors, je ne sais pas si j’ai encore la gnac pour m’attaquer à un projet comme celui-là, mais je garde ça, malgré tout, dans un petit coin de ma tête.
Si le Vendée ne vous a pas porté chance, vous avez néanmoins navigué avec deux de ses vainqueurs : François Gabart et Yannick Bestaven. D’ailleurs, avezvous été surpris par la victoire de ce dernier ?
Pas vraiment. Yannick sait où il veut aller. Alors oui, il ne faisait pas partie initialement des grands favoris et je pense que même lui n’y croyait pas trop au départ. Mais du coup, il ne s’est pas mis plus la pression que cela. Et au fil des avaries qui ont touché ses concurrents, il a commencé à y prendre goût. Et puis, je pense qu’il avait une petite revanche à prendre, par rapport à sa dernière tentative, en , où comme moi, il avait démâté. Il a eu une trajectoire assez formidable et su saisir sa chance. Il a été opportuniste et pu jouer les coups à fond quand ils se sont présentés. C’est un beau vainqueur, quoi qu’il en soit. Et je suis sincèrement heureux pour lui.
On a vécu une édition ébouriffante. Quels en ont été, à vos yeux, les principaux temps forts jusqu’à présent ?
Il y en a eu beaucoup et c’est justement ça qui a été formidable. Évidemment, il y a eu les emmerdes des principaux favoris, mais ce que je retiens peut-être avant tout, c’est que, pour une fois, ce ne sont pas les plus argentés qui ont gagné ou fait le buzz. Ça rééquilibre les choses, et permet de remettre l’humain au centre du jeu. Et pas que la technologie ou les budgets.
Jérémie Beyou qui, hier, termine e après avoir fait demi-tour et repris la course jours après tout le monde, une autre belle histoire ?
Je connais bien Jérémie. Et là, il a endossé un rôle d’aventurier que l’on ne lui connaissait pas, alors qu’il était au départ venu pour gagner ce Vendée Globe.