Que devient le vin invendu à cause de la crise sanitaire ?
Avec la fermeture des cafés, bars et restaurants, la profession viticole a perdu un débouché certain. Les viticulteurs et vignerons indépendants s’organisent pour conserver le stock
Le vin rosé issu de la récolte 2019 n’a pas été totalement écoulé à cause de la fermeture des cafés, bars, hôtels et restaurants. Un débouché perdu momentanément pour les professionnels. Que deviennent ces invendus ? Les quantités ne sont, heureusement, pas énormes et les viticulteurs et vignerons se sont organisés pour les conserver dans les meilleures conditions.
« Au 31 juillet, on n’avait pratiquement pas de stock de 2019, car on a bien vendu cet été », indique Laurent Rougon, président de la fédération des caves coopératives du Var.
Une aide au stockage
En attendant, les professionnels ont la possibilité de bénéficier d’un dispositif de l’État pour soutenir le marché, dans le cadre du plan de relance.
Présentée à la mi-décembre, cette aide au stockage, d’un montant de 0, 04 euro par jour et par hectolitre, leur permet de financer la bonne conservation du vin, ce qui coûte très cher en froid et demande de personnel. Les dossiers étaient à déposer avant le 18 janvier. « 60 % des caves coopératives varoises ont demandé cette aide, pour 3 000 à 4 000 hectolitres par cave, précise Hélène Basset, directrice de la fédération des caves coopératives du Var. Peu importe le millésime, l’appellation, la condition est de ne pas mettre ce vin sur le marché. On s’engage à avoir toujours ces stocks jusqu’en avril ou en juin 2021, selon la durée pour laquelle on a opté. À la fin de ce délai, il y aura des contrôles sur les documents des douanes envoyés tous les mois pour vérifier que ce vin est toujours en cave. Ensuite, il pourra être remis sur le marché. » La fédération a conseillé les coopérateurs au moment de la constitution de leur dossier et sur les volumes à engager. « L’intérêt, c’est d’avoir un volume minimum si le marché redémarre. C’est un travail intéressant pour les caves qui ont dû analyser leurs clients, leur commercialisation », souligne Hélène Basset. Quelque 105 000 hectolitres ont ainsi été mis de côté au niveau des caves du département sur une production de 650 000 hectolitres en 2020. Un stock un peu plus important que l’an dernier, mais qui n’a rien d’affolant. À l’issue du délai de la fin de l’aide au stockage, le vin pourra être mis en bouteille ou vendu en vrac.
Récolte en baisse
« Ce système sécurise les négociants et les producteurs, selon la directrice de la fédération .Onn’a jamais vécu une année comme celle-ci, avec une crainte sur les marchés. Pour l’instant, les cours tiennent. De gros acheteurs ont déjà sorti leurs vins, pour l’export, le marché n’est pas à l’arrêt. Il y a des inquiétudes c’est sûr, mais on n’a pas trop de souci à se faire sur la conservation des produits. La Provence est toujours dans le coup. Quand les gens sortiront de cette période, que les hôtels, bars restaurants vont rouvrir, l’envie sera là. Je suis optimiste, le marché Provence va se stabiliser, pas s’effondrer. »
Un sentiment partagé par Laurent Rougon : « Sur la récolte 2020, le marché est en train de se faire. On espère pouvoir vendre la récolte 2020 avant les prochaines vendanges. On n’est pas euphorique non plus. Il nous manque les cafés, bars, restaurants. Mais si on retrouve une activité normale au printemps, s’il se boit du rosé cet été, on fera aussi bien que l’été 2020 et on sera ravi. D’autant que la récolte 2020 est inférieure de l’ordre de 8 % à celle de 2019. On se languit tous de reprendre une vie normale ».