Ski : les aides suffiront-elles à remonter la pente ?
U «n choc sans précédent. » C’est en ces termes que Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État au tourisme, évoque le coup d’arrêt subi par les stations de ski. Depuis une semaine, c’est plié : les remontées mécaniques ne rouvriront pas en février, pour cause de pandémie. Et nombre de professionnels de la montagne se sont déjà résignés à une saison blanche. À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Le Premier ministre Jean Castex a encore élargi la palette des aides, afin de compenser les mauvaises nouvelles du front. Suffiront-elles à encaisser ce «choc» ? Les professionnels de la montagne saluent la réponse de l’État, mais restent très inquiets. Pour l’heure, les stations accueillent les premiers vacanciers. Sans remontées mécaniques. Les montants sont à la mesure des enjeux. Le gouvernement a mobilisé près de quatre milliards d’euros «en soutien aux acteurs du secteur de la montagne ». L’essentiel tient dans les Prêts Garantis par l’État (2,3 milliards). Le reste de l’enveloppe se répartit entre fonds de solidarité (600 millions), activité partielle (500), soutien des remontées mécaniques (300) et exonérations de cotisations (200). De quoi rendre la pilule un peu moins amère pour l’économie de la montagne, très fragilisée. Qui compte encore des oubliés. Après les commerces de montagne, le gouvernement a élargi l’accès au fonds de solidarité. Logiquement, les loueurs de matériel y sont désormais éligibles, ainsi que les acteurs en amont de la chaîne (ingénieurs, menuisiers...).
Les aides peuvent atteindre 10 000 euros par mois. Pour les plus impactés (plus de 70 % de pertes), l’indemnisation peut atteindre 20 % du chiffre d’affaires, avec un plafond de 200 000 euros mensuels. Les charges fixes, elles, sont couvertes à hauteur de 70 % pour les exploitants de domaines. Ce dispositif est élargi aux entreprises qui réalisent moins d’un million d’euros par mois. Notamment l’hôtellerie-restauration et les locations saisonnières, durement touchées.
« Sauver la montagne »
Quatre milliards d’euros, c’est bien. Mais cela reste loin des « douze milliards d’euros de pertes engendrées par la fermeture des domaines », rappelle Charles-Ange Ginésy. Le président du Département des Alpes-Maritimes appelle à « l’élaboration concertée d’un plan d’urgence montagne ».
Objectif : élargir l’accès au fonds de solidarité sans « oublier personne ».
Et « indemniser les exploitants des remontées mécaniques », qui se préparent à « vingt mois sans revenus » .Le ton est solennel : « Notre objectif est clair, sauver la montagne française. » Stopper les câbles des remontées, c’est déclencher des réactions en chaîne. Parfois inattendues.
Les éleveurs et leurs troupeaux, eux aussi, souffrent des choix sanitaires. C’est le constat de Denise Leiboff, maire de Lieuche et présidente départementale de la Fédération des communes pastorales. « Les pourvoyeurs de bons et vrais fromages n’ont plus l’occasion d’écouler les produits de leur labeur. Le risque d’une paupérisation aggravée de la profession d’éleveurs est grand. » Les communes pastorales vont être invitées à signer un manifeste aux airs de plaidoyer. « Pour que la montagne, espace préservé, ne perde pas l’âme de ses habitants. »