Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Auron et Isola  font (un peu) exception

- C.C.

C’était un choix. Coûteux. Mais payant. Depuis deux mois, quelques pistes sont ouvertes à Isola 2000 et Auron, permettant à certains skieurs de les dévaler. Une « décision politique » assumée, visant à soutenir ces stations en quasi-arrêt forcé. Jeudi à Nice, le président de la Métropole Nice Côte d’Azur, Christian Estrosi, a dressé un bilan d’étape en présence d’Eric Brèche, président du syndicat national des moniteurs de ski.

« On a naturellem­ent une fréquentat­ion faible », constate Christian Estrosi. La fermeture des remontées mécaniques, imposée par le gouverneme­nt au moins jusqu’à fin février pour lutter contre la pandémie, a fait dégringole­r la fréquentat­ion à Isola 2000 et Auron. En décembre, les deux grandes stations du sud ont enregistré 70 480 passages, contre 1 118 206 en 2019. Et en janvier, 78 000 passages au lieu

de 1 300 848. «Soit6%dela fréquentat­ion de l’année précédente. »

Treize exemples de skieurs autorisés

Et pourtant, on skie, cet hiver, dans le Mercantour. À condition de rentrer dans le champ des décrets ministérie­ls. Christian Estrosi liste treize cas de privilégié­s : les mineurs de l’École française de ski et des clubs des sports, certains élèves du collège de Saint-Étienne-deTinée ou du lycée de Valdeblore, le comité Ski Côte d’Azur...

Mais aussi la coupe d’Europe de snowboard, certaines courses... et même la championne niçoise Nastasia Noens.

« Cette décision de maintenir les domaines ouverts pour le public autorisé génère du déficit », admet Christian Estrosi. L’ouverture partielle des domaines d’Isola et Auron a coûté 382 000 € en décembre, 477 000 € en janvier, reviendra environ à 612 000 € en février et 348 550 € en mars. « Soit 120 000 € de coût supplément­aire par semaine. » L’objectif n’est donc pas d’être rentable. Mais d’assurer une mission de service public, de soutenir l’emploi et l’économie de la vallée.

Soixante moniteurs sur cent ont ainsi pu travailler à Isola, quarante sur quatreving­t à Auron. Cent cinquante contrats de travail ont été sauvegardé­s, suivant une « mesure sociale » similaire au système des intermitte­nts. Enfin, l’ouverture a « créé une dynamique très forte », en attirant d’autres amoureux de la montagne. Même sans skis.

De janvier à mars, le syndicat mixte des stations du Mercantour devrait enregistre­r une perte de recettes de 8,6 millions d’euros. L’aide de l’État sera essentiell­e pour limiter la casse. Les charges fixes seront couvertes à hauteur de 70 %, ce qui équivaut à 49 % du chiffre d’affaires. Soit 4,3 millions d’euros. « Le challenge : rationalis­er les coûts en maintenant les missions essentiell­es de damage, de sécurisati­on et de signalisat­ion. »

 % d’activité, les moniteurs pas à la fête

Des stations ouvertes ? « Qu’est-ce que ça fait du bien ! », applaudit Éric Brèche. Le président des moniteurs de ski français ne s’en cache pas : la crise les « secoue un peu. Nous avons perdu 95 % de nos recettes à Noël et au nouvel An. Là où nous faisons 290 millions d’euros d’honoraires par hiver, si on fait 10 %, vous voyez bien ce qu’on a perdu... » Mais le représenta­nt des pulls rouges croit à l’unité des montagnard­s pour se relever. «Onaducarac­tère ! »

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