La proportionnelle remise sur le tapis
La réforme du scrutin électoral à nouveau à l’ordre du jour : François Bayrou, dont c’était une condition, en , de son alliance avec Emmanuel Macron, remet une fois de plus la question sur le tapis. Il vient d’adresser au chef de l’Etat une lettre pour dénoncer la brutalité du système majoritaire, et proposer à nouveau un système électoral plus « juste », car reflétant plus largement la diversité politique du pays. A peine le Président du Modem avait-il fait parvenir sa lettre à l’Elysée que Marine Le Pen pour le Rassemblement national, Julien Bayou, pour EELV et Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, centriste, ont appuyé son initiative, en adressant à leur tour un courrier dans ce sens au chef de l’Etat. Tous – à l’exception des Républicains et du plus grand nombre de socialistes – partagent la même analyse sur ce point : l’élection des députés au système majoritaire a toujours favorisé une assemblée binaire, dominée par la droite et la gauche, sans donner aux autres sensibilités leur place, faussant donc d’une certaine façon la représentation nationale. Mais chacun de ces leaders voit évidemment midi à sa porte : Marine Le Pen et les Verts y voient l’occasion d’accroître le nombre de leurs députés, qu’en effet le vote au système majoritaire sous-estime. Les centristes, sur les traces de François Bayrou considèrent, eux, au contraire, que ce scrutin est le seul possible pour définir une alliance gouvernementale entre les modérés de tout bord, contre les deux extrêmes, la France insoumise et le Rassemblement national même si leurs représentants augmentaient. Emmanuel Macron n’a pas encore répondu à la lettre de François Bayrou. Manifestement, la question de la représentation proportionnelle n’est pas en haut de la pile des dossiers urgents qu’il a à traiter. Il reste qu’il lui faudra bien, à un moment, trancher. Et ce moment se rapproche de plus en plus : il n’est pas permis en effet à l’exécutif de changer de mode de scrutin dans l’année précédant les élections législatives. Autrement dit, c’est avant le mois de mai que le Président doit accepter ou refuser la proposition de François Bayrou. A vrai dire, Emmanuel Macron ne s’était engagé, en , qu’à introduire dans le système électoral qu’un pourcentage de % d’élus à la RP, et pas à la proportionnelle intégrale que lui propose aujourd’hui Bayrou. Il pourra toujours user de cet argument pour remettre à plus tard, après la présidentielle, sa promesse au président du Modem.