Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Ainsi naquit Voltaire

Avant Voltaire, philosophe des Lumières, il y avait François-Marie Arouet, jeune complexe, narcissiqu­e et courtisan incarné par Thomas Solivérès dans une série en quatre épisodes sur France 2.

- MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr ce soir à partir de

Pour certains, Voltaire est une gueule sur les billets de 10 francs qui circulaien­t entre 1963 et 1973. Pour d’autres, c’est avant tout un philosophe des Lumières, connu et reconnu pour Candide, L’ingénu ou le Dictionnai­re philosophi­que. Mais avant d’être ce philosophe dont la tombe siège au Panthéon, il y avait François-Marie Arouet. C’est le prisme par lequel France 2 via Georges-Marc Benamou et Alain Tasma, producteur, réalisateu­r et co-auteur des Aventures du jeune Voltaire, ont décidé de raconter la naissance de Voltaire dans une série en quatre épisodes dont les deux premiers sont diffusés ce soir. On va découvrir comment François-Marie Arouet devient Voltaire. Un itinéraire chaotique, atypique, singulier d’un jeune poète un peu vaniteux qui ne rêve que d’être le roi de la scène théâtrale, qui ne cherche que la reconnaiss­ance et les honneurs et, comment, il bascule peu à peu dans l’engagement contre l’absolutism­e et le fanatisme. Un rôle phare dans lequel Thomas Solivérès s’est donné corps et âme.

Comment se retrouve-t-on dans la peau de Voltaire ?

J’ai été appelé pour un casting et après trois auditions, dont deux face à Alain Tasma, le réalisateu­r, j’ai été pris pour le rôle. Quand j’ai reçu le scénario, j’ai trouvé ça très bien écrit et j’ai surtout été surpris par un tel personnage. Comme tout le monde, je connaissai­s Voltaire sans vraiment savoir qui il était. J’avais en tête l’image d’un vieux personnage surtout.

C’est ce qui vous a plu dans le scénario, de jouer François-Marie Arouet, plutôt que Voltaire ?

On ne connaît pas ce Voltaire-là, comment François-Marie Arouet devient Voltaire. À la lecture du scénario, j’ai rapidement demandé à Alain Tasma ce qui était de l’univers de la fiction et ce qui appartenai­t à l’histoire sans me douter que tout était vrai.

Comment prépare-t-on un tel rôle ?

Quand j’avais joué Edmond Rostand, l’auteur de Cyrano de Bergerac, pour le cinéma, j’avais eu près de six mois pour travailler et faire des recherches sur le personnage. Là, je suis arrivé tardivemen­t sur le projet, courant décembre, pour un tournage en janvier. J’avais deux choix : apprendre tous mes textes ou faire des recherches biographiq­ues sur Voltaire.

Et j’ai très vite été rassuré par Alain Tasma qui connaissai­t Voltaire sur le bout des doigts pour avoir lu toutes les biographie­s avant de se lancer dans la série.

La série s’appuie sur des textes très particulie­rs, dans un français que l’on ne parle plus.

On est au coeur du XVIIIe siècle, il fallait rendre la série crédible et moderne sans être trop dans l’époque. On n’est pas là pour faire une leçon d’histoire sur Voltaire non plus. Mais c’est vrai que la langue française du XVIIIe est exigeante, d’un autre temps, plus personne ne s’exprime ainsi. J’ai fait beaucoup de théâtre alors j’avais une forme de facilité avec les mots mais ça demande beaucoup d’implicatio­n. En revanche, sur l’un des épisodes, je dois réciter La Henriade, un long poème sur la Saint-Barthélemy, et j’étais très angoissé. Finalement, Thibault de Montalembe­rt qui a été pensionnai­re à la ComédieFra­nçaise, m’a beaucoup aidé en répétant le texte devant moi et me montrer comment se déroulaien­t certains vers.

C’est aussi une série en costumes, qu’est-ce que cela change ?

On veut tous faire des projets en costumes, avec des perruques mais ce n’est pas si facile. Il faut réussir à habiter le personnage sans donner l’impression d’être un comédien déguisé. Il faut que cela fasse crédible.

Alors on s’est inspiré de tableaux de l’époque pour des postures, on a reçu des cours de maintien pour savoir comment se tenir, apprendre les révérences. Ce n’est pas facile car l’élongation de la cuisse n’est pas loin en fonction de qui vous saluez (rires). Tout était étudié, la façon de se tenir sur une chaise, à table, etc.

C’était stimulant de jouer un personnage historique célèbre mais à un moment de sa vie méconnu ?

C’est toute la réussite de la série, aller là où on ne l’attend pas. Voltaire est avant tout un fils qui s’oppose à son père. Ce dernier aimerait qu’il devienne notaire comme lui alors qu’il veut être poète. D’entrée, il se dresse contre l’autorité de quelqu’un. On rentre dans l’histoire de France à travers un jeune garçon et sa bande de potes au final.

Avez-vous ressenti une pression particuliè­re à l’idée de jouer Voltaire, un personnage historique et non de fiction ?

Il y a une vraie pression, oui. C’est un nom, il y a une aura audessus de ce personnage. C’est un homme marquant de l’Histoire de France et c’est un privilège de pouvoir le jouer. Malgré tout, il faut en être à la hauteur.

Que représente Voltaire pour vous après cette série ?

On se rend compte que tous ses combats sont encore d’actualité : sur la tolérance, l’obscuranti­sme religieux, le fanatisme, il fut le premier homme de lettres à défier la justice. Il avait des propos et des idées modernes pour l’époque. Plus on lui disait non, plus il se battait. Il a eu l’intelligen­ce de s’ouvrir au monde pour avoir un autre regard sur les choses. Ce n’est pas anodin si son Traité sur la tolérance est encore terribleme­nt d’actualité avec les vagues d’attentats que connaît la France.

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Voltaire avait des propos et des idées modernes pour l’époque”

Le casting de la série est très imposant.

Il y a plus de  rôles, c’est très dense. J’ai dû croiser Bernard Le Coq uniquement à la cantine (rires). Il joue Voltaire plus âgé, c’était assez drôle de se rencontrer sur le tournage.

« Ah, tiens, c’est comme ça que je vieillis » (rires). Mais contrairem­ent à Edmond, qui concernait le XIXe siècle, j’ai beaucoup appris sur le siècle des lumières, j’ai appris à aimer le XVIIIe siècle.

Une saison deux est-elle déjà prévue ?

Cela n’a pas été abordé mais il y a encore beaucoup de choses à raconter. Voltaire a écrit Candide à  ans... La télévision vous permet d’avoir une visibilité en période de crise sanitaire mais la concurrenc­e avec les autres chaînes et les plateforme­s est féroce. Je serai très heureux de retrouver ce personnage si le public est au rendez-vous de cette première saison en tout cas.

Les aventures du jeune Voltaire, 21 h 05, sur France 2.

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