Hugo Clément
Ils sont Français, Américains, Hollandais, Balinais et ils se battent au quotidien pour protéger les dauphins dont la survie est menacée, notamment par la captivité dans certains parcs mais surtout par la pêche accidentelle qui, en France, cause le décès de plus de 10 000 dauphins par an. Un combat permanent, urgent et vital, que le journaliste Hugo Clément a filmé pendant de nombreux mois.
Comment est née l’idée de ce documentaire ?
Il y a un point de départ, ce sont les chiffres alarmants, soit près de dauphins retrouvés morts sur les plages de l’Océan Atlantique en France. Une hécatombe qui continue de s’accentuer. La majorité est due à la pêche accidentelle car les cétacés se retrouvent pris dans les filets de pêche. Et ces chiffres sont connus des autorités françaises, l’UE avait d’ailleurs épinglé la France pour son inaction par rapport à cette hécatombe.
Votre reportage pointe également du doigt les delphinariums, ces bassins dans lesquels les dauphins sont enfermés dans des parcs d’attractions...
On a eu la bonne surprise, durant le reportage, d’être au coeur d’une décision historique en France quand Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, a annoncé la fin de la captivité des cétacés à des fins de spectacle en France. Ça ne résout pas tout mais c’est une vraie avancée.
Le Parc Astérix va mettre fin à son delphinarium, quid d’un parc à thèmes comme Marineland à Antibes ?
Je ne connais pas la situation économique du parc pour m’avancer sur la manière dont il doit se réinventer mais une chose est certaine, le fait d’enfermer un dauphin dans un bassin, peu importe sa taille, est une forme de souffrance et de maltraitance. Ce n’est pas compatible avec le bien-être des animaux, surtout avec des orques. Ces parcs appartiennent au passé. Il est possible de transformer ses parcs avec des spectacles aquatiques mais sans animaux. Le cirque se réinvente en ce sens.
Que faire avec ces animaux maintenant ?
Il y a deux cas. Celui du dauphin capturé dans la nature et pour qui il est possible de tenter un processus de réhabilitation. Et le cas de ceux nés en captivité, c’est plus compliqué mais le minimum est de les placer dans des sanctuaires marins comme à Bali. Des projets existent en Europe, notamment en Méditerranée. Ça peut être une option pour ces dauphins, de ne plus les exposer au stress du spectacle, du public, au chantage alimentaire. Il faut qu’ils puissent finir leur vie paisiblement dans un milieu naturel, au rythme de l’océan ou de la mer.
Dans votre reportage, on sent une certaine tension avec les pêcheurs sur la côte Atlantique...
C’est très tendu parce que certaines personnes sont habituées à agir au large et ce qui se passe au large, reste au large. La présence quotidienne des activistes auprès des pêcheurs pour contrôler la pêche accidentelle est une source de tension, de violence.
Et la situation est accentuée par la présence de la caméra mais c’est nécessaire pour mettre le débat sur la place publique. Certains pêcheurs, une minorité, harponnent volontairement des dauphins. Certains en consomment ou les revendent alors que c’est illégal.
Le but est de faire avancer le débat ?
À travers l’information, on peut créer une forme de mobilisation. Cela peut faire avancer les lignes avec un impact immédiat. Il faut que l’information serve à ça. Si cela peut aider à une forme de prise de conscience, c’est une avancée.
La situation en Méditerranée est-elle aussi dramatique qu’en Atlantique ?
Le constat est différent, il y a nettement moins de captures accidentelles via la pêche en mer Méditerranée mais il y a d’autres dangers, comme les collisions marines avec des navires comme dans le sanctuaire Pelagos. Ce sont deux problématiques différentes. de 20 h 50, sur France 5. ce soir à partir