Ils ont fait le mur
Haut lieu de l’épreuve et prisé par les spectateurs, le mur de Fayence a encore tenu toutes ses promesses hier lors de l’arrivée dans le village perché. Seuls les costauds y gagnent.
Ce ne sont que quelques centaines de mètres, sur une pente à plus de 20 %, ou 30 selon certains optimistes. Dans sa partie la plus étroite, seuls trois coureurs peuvent se côtoyer et les voitures patinent. Bon, il n’a ni le prestige du Faron, encore moins du Ventoux. Mais le mur de Fayence a écrit sa propre histoire. Étroitement liée au Tour des Alpes-Maritimes et du Var, dont il est au menu chaque année.
« Lorsqu’on l’a reconnu, on s’est dit : “Mince, mais c’est aussi difficile que le mur de Huy ici” », s’exclame même Gabriel Rasch, directeur sportif d’Ineos-Grenadiers en référence à la côte qui fait la légende de la Flèche wallonne.
« Un effort intense de trois minutes »
« Je le monte les yeux fermés, avoue pour sa part Julien El Fares, deuxième en 2012, 28e hier. Le temps est passé, avec l’âge j’ai un peu moins de punch. » Une qualité nécessaire pour le grimper. Très à l’aise aussi sur cette portion, le Varois Christophe Laporte a pris la 11e place de l’étape. « C’est une montée difficile, avec un effort intense de trois minutes. Il faut être placé au pied », décrit le coureur de Cofidis. Le mur de Fayence s’est donc imposé au fil des ans comme incontournable des épreuves cyclistes – même le Tour de France s’y est frotté en 2009. « Il a été découvert à l’époque par le Tour du haut Var et Serge Pascal (le directeur de course). Depuis, il a été repris sur Paris-Nice, s’enthousiasme l’adjoint aux sports du village perché, Philippe Fenocchio. Pour nous, c’est le plus beau passage, où on voit les coureurs souffrir. »
Haie d’honneur
Certains y coincent, y craquent et se retrouvent presque à l’arrêt, comme un certain Contador il y a douze ans sur la Course au soleil. D’autres y attaquent. Et quelques privilégiés y triomphent (lire le chiffre). Comme Woods, hier, qui n’a pas eu de rival dans les parties les plus dures.
Il avait les jambes et surtout, il était « bien placé, ce qui a fait une grosse différence ». Le Canadien a profité de la première des deux ascensions
pour repérer l’endroit précis où il porterait son attaque. Juste après un virage à droite, à 300 mètres du but, là où les pourcentages les plus durs commencent. Là
où le public commence à former une compacte haie d’honneur.
Des spectateurs de tous âges, adossés en nombre aux murs de pierre, composent
cette foule à fendre. Comme cette famille cuersoise à la recherche (avec succès) d’un bidon Cofidis. Il y a aussi quelques Fayençois, venus en voisins. C’est
que leur village, comme beaucoup de ceux du haut Var, vibre pour le cyclisme depuis de longues années. Il l’a encore prouvé hier.