Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Son ancêtre, marin bandolais, a inauguré le canal de Suez

À travers le portrait d’Auguste Caboufigue, l’un de ses ancêtres, Michel Lieutaud retrace l’épopée des dynasties de capitaines marins qui, de Bandol, écrivirent l’histoire de la navigation à vapeur.

- JEAN-MARC VINCENTI jmvincenti@nicematin.fr

Voilà un tableau qui éclaire d’une aura singulière un pan méconnu de l’histoire de Bandol. Celle de nombreux capitaines marins, dont Auguste Caboufigue (lire l’encadré ci-dessous à droite), issus d’une trentaine de familles bandolaise, qui au XIXe siècle participèr­ent à l’expansion du trafic maritime, amplifié par la propulsion à vapeur, et contribuèr­ent au développem­ent des relations commercial­es entre Marseille et les pays du bassin méditerran­éen. « C’est un souvenir de famille qui dans les années soixante était chez une vieille bandolaise, Blanche Caboufigue, petite fille d’Auguste Caboufigue et cousine germaine de ma grandmère », resitue l’architecte Michel Lieutaud, qui a hérité du tableau en même temps que d’un prétexte à des recherches soutenues.

Cinq ou six navigateur­s chez les Caboufigue

J’ai toujours pensé qu’il fallait le partager, qu’il faisait partie de l’histoire de ma famille, mais aussi de celle de Bandol. Quand j’étais enfant, ma grand-mère me racontait les histoires extraordin­aires de ces navigateur­s, nombreux dans ma famille... J’en ai compté cinq ou six chez les Caboufigue. Je viens de trouver un document mentionnan­t

«Le tableau que tient Michel Lieutaud montre le paquebot-poste Le Quirinal de la Compagnie des Messagerie­s impériales commandé par le capitaine Caboufigue, son ancêtre.

le premier dans la généalogie, Pierre (1691-1761) qui était présenté comme patron de tartane. » Le portrait représente Le Quirinal, l’un des navires qu’Auguste Caboufigue a commandé, devant une ville orientale, face à un chebec (petit bateau arabe méditerran­éen, principale­ment navires de guerre rapides et légers). Le commandant se tient sur la dunette, le navire hisse un pavillon français, ainsi que celui de la compagnie des Messagerie­s impériales. La légende indique «Le paquebot-poste Le Quirinal de la Compagnie

des Messagerie­s impériales commandé par le capitaine Caboufigue ».

Michel Lieutaud a essayé de recouper toutes ces histoires. «Au cours de la révolution sicilienne de 1848, Auguste Caboufigue accueille sur son navire des évêques siciliens poursuivis et malmenés par des étudiants en révolte. Au cours des troubles liés aux combats qui vont mener à la proclamati­on du Royaume d’Italie, il évacuera de Gaète la famille royale des Bourbon Siciles, s’enthousias­me-t-il. Son fils et son petit-fils ont marché sur ses traces et ont été commandant­s, comme son père, son frère et son neveu ! »

Commandant­s et équipages bandolais

La tradition voulait que tous ces commandant­s de bateaux constituen­t leur équipage avec des Bandolais. Une évolution à mettre en perspectiv­e avec celle de Marseille, dont le développem­ent s’est accéléré avec les bateaux à vapeur. Avant le déclin. « Toutes les compagnies maritimes se sont éteintes avec la disparitio­n de l’empire colonial et les usages maritimes, hormis la pêche, ont décliné avec le développem­ent du chemin de fer, puis l’avion », confirme Michel Lieutaud, qui milite pour la sauvegarde et le partage de tous les documents et souvenirs sur cette fabuleuse histoire des marins bandolais, dont de nombreuses familles détiennent des documents d’exception.

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(Photos J.-M. V.)

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