Relaxe définitive en cassation pour Cédric Herrou
Mort du grand échalas des Charlots, l’acteur Gérard Filippelli
La Cour de cassation a mis définitivement fin aux poursuites contre Cédric Herrou dans l’affaire d’aide à des migrants en 2016 qui en a fait un symbole mondial.
Le dossier de Cédric Herrou, agriculteur poursuivi pour avoir aidé des migrants en 2016 dans la vallée de la Roya, a été conclu sèchement en sa faveur hier par la Cour de cassation. La plus haute juridiction française a définitivement confirmé la relaxe prononcée par la cour d’appel de Lyon en mai 2020.
Un pourvoi « non admis »
Elle a rejeté le pourvoi formé par le parquet général de cette ville, pourtant soutenu par le ministère public de la Cour de cassation. Pour ces derniers, l’arrêt ressemble même à une gifle, puisqu’il déclare le pourvoi « non admis », une solution juridique rare qui signifie que les arguments du ministère public ne valent aucune réponse motivée.
L’avocat de Cédric Herrou, Me Patrice Spinosi, a estimé que ce qu’il qualifie de « camouflet pour le parquet » était une nouvelle avancée. « Il est définitivement acquis dans notre droit qu’aucune poursuite pénale ne pourra être engagée à l’encontre d’une personne qui aura aidé un migrant en situation irrégulière lorsqu’il agit de façon désintéressée, qu’il appartienne ou non à une association, ou qu’il veuille ou non revendiquer
Cédric Herrou.
son acte », a-t-il déclaré.
« La solidarité ne sera plus un délit »
Cédric Herrou a de son côté tweeté : « Je suis définitivement relaxé, après 11 gardes à vue, 5 perquisitions, 5 procès, 5 ans de lutte. La solidarité ne sera plus un délit ».
Saisie de ce dossier en 2018, le Conseil constitutionnel (qui statue de son côté sur la conformité des lois avec la Constitution) avait déjà rendu une première décision historique. Elle permettait de balayer les poursuites engagées contre Cédric Herrou pour « aide au séjour irrégulier » et donc une peine initiale de quatre mois de prison avec sursis prononcée à Aix-en-Provence en 2017. Il a alors été retenu que le principe de « fraternité » de la triade républicaine interdit de poursuivre des citoyens ayant aidé des étrangers irréguliers dans un but purement humanitaire. Cédric Herrou, ce qui n’est contesté par personne, n’a pas agi dans un but lucratif en aidant en octobre 2016 plusieurs dizaines de migrants érythréens et soudanais transis et malades, entrés irrégulièrement en France par les montagnes, en leur ouvrant les portes d’une gare SNCF désaffectée.
Le parquet général – lié hiérarchiquement par son statut au pouvoir exécutif – bataillait en insistant sur l’idée que Cédric Herrou revendiquait ses actes, ce qui montrait à ses yeux que ceux-ci n’avaient rien d’humanitaire, mais poursuivaient un but idéologique. La Cour de cassation ne juge donc pas utile de répondre, sachant que la cour d’appel de Lyon avait jugé déjà ce point inopérant.
Chacun, a-t-elle rappelé, est libre de ses opinions, indépendamment du problème principal d’aide aux migrants. Cette affaire a fait de Cédric Herrou un symbole mondial, avec un film sélectionné à Cannes en 2018, des articles dans la presse internationale et un livre sorti l’an dernier, « Change ton monde ». Il anime aujourd’hui une communauté Emmaüs rurale dans la Roya.
L’acteur Gérard Filippelli, grand échalas des Charlots, groupe potache et populaire qui a égayé le cinéma comique français des années , est mort mardi à ans, a annoncé l’un de ses complices à l’écran, Jean Sarrus.
« C’est une énorme page qui se tourne. On était plus qu’une bande de copains. On était une famille. On a vu grandir nos enfants. De nos ans à nos ans, on a connu l’insouciance totale au cinéma ou sur scène par nos chansons », a déclaré Jean Sarrus, précisant que l’acteur avait succombé à un cancer, à l’hôpital d’Argenteuil (Val-d’Oise). Filippelli, le guitariste de cette bande musicale (« Paulette, la reine des paupiettes », « Merci Patron ! », réutilisé par François Ruffin dans son film...) et humoristique, a tourné dans tous leurs films dont les « Bidasses en Folie », sorti en et qui a attiré millions de spectateurs.
Les Charlots ont compté six membres principaux, dont
Gérard Filippelli.
l’un des plus connus, Gérard Rinaldi, est décédé en .
D’abord accompagnateurs du chanteur Antoine sous le nom de « Problèmes », ils deviennent « Les Charlots » en et se font connaître du grand public avec des parodies et des chansons paillardes, avant de se lancer sur le grand écran. Du « Grand Bazar », des « Fous du stade » aux « Charlots en délire » d’Alain Basnier ou aux « Charlots contre Dracula » de Jean-Pierre Desagnat, le groupe réalisera une quinzaine de films.