Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Quatre jeunes hackers poursuivis à Mougins

- JEAN STIERLÉ

Quatre garçons dans le vent, tous férus d’informatiq­ue depuis leur plus jeune âge, ont comparu devant le tribunal judiciaire de Grasse. Ils étaient poursuivis pour avoir développé et vendu à plus de 2000 abonnés de forums spécialisé­s, notamment en matière de sécurité informatiq­ue, des logiciels malveillan­ts entre janvier 2013 et décembre 2014.

Les pirates, dont le plus jeune était encore mineur à l’époque des faits, livraient clé en main des logiciels capables seuls ou associés à d’autres, de déjouer la vigilance des antivirus les plus efficaces de l’époque. Ils pouvaient permettre de pénétrer des systèmes publics ou privés, déchiffrer des codes secrets.

Ce sont les autorités britanniqu­es qui ont signalé à leurs collègues français l’existence de transactio­ns suspectes sur la plateforme de paiement sécurisé PayPal. Elles ont permis de remonter la piste jusqu’aux quatre petits génies. Théo un Cannois de 25 ans et Romain un Parisien de 26 ans ont associé leurs compétence­s pour faire le commerce illicite de leurs programmes pirates en utilisant soit le compte Paypal d’un parent ou celui d’un troisième individu, Julien, natif de Rouen, 35 ans, moyennant une commission en liquide.

Jusqu’à 7000 euros de gain par mois

Ils pouvaient ainsi se faire rémunérer sans déclarer d’ailleurs un quelconque revenu. On parle de transactio­ns pouvant rapporter jusqu’à 7 000 euros par mois : « Un montant très surévalué », selon Romain. « Car dans cette communauté informatiq­ue on recherche la notoriété et à se faire mousser. Je n’avais pas imaginé voir mes logiciels utilisés pour détourner ou rançonner mais plutôt pour sécuriser des données. »

Un quatrième prévenu, Benjamin, avait acquis un de ces logiciels et l’avait utilisé comme « cheval de Troie » pour pénétrer l’intimité de particulie­rs jusqu’à découvrir des fich--iers contenants des images pédopornog­raphiques.

Ce natif de Gourdon, dans le Lot, âgé de 44 ans, avoue à la barre : « Un voyeurisme numérique addictif et la découverte sur le darknet d’un tout-à-l’égout de l’humanité. J’ai essayé de leur faire peur pour les empêcher de nuire, mais en aucun cas de participer à la divulgatio­n de telles images. » Le procureur Annabelle Salause estime que les prévenus « n’ignoraient pas la possibilit­é d’un détourneme­nt de leurs programmes a des fins délictuell­es et regrette que personne n’a informé la justice de l’identité des détenteurs de ces fichiers. »

Aux intérêts de Théo, M e Sophie Rebaudengo rappelle que son client « a reconnu les faits et la possible utilisatio­n malveillan­te de ses travaux ».

Le tribunal le condamnera à une peine de 2 mois de prison avec sursis. Les autres prévenus écoperont de peines allant de 3 à 6 mois de prison avec sursis.

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(Photo Frantz Bouton)

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