Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Vignerons de père en fils depuis plus de 700 ans

Au domaine Ray-Jane, Vincent et Julien, les enfants d’Alain et d’Anne Constant, prennent la relève. Ils perpétuent une tradition familiale multisécul­aire et augmentent aussi la surface de production.

- JEAN-MARC VINCENTI jmvincenti@nicematin.fr 1. Alain Constant gère aussi une formidable collection d’outils de tonnelier et de la vigne, forte de 40 000 pièces, qu’il a constitué à la suite de son père avec ses enfants. Ouverte aux visites sur le domaine.

V ignerons de pères en fils depuis 1288 ! Au domaine RayJane, créé en 1970 au Plandu-Castellet par Raymond et Jane Constant qui, en unissant leur destinée et les premières lettres de leur prénom, ont aussi assemblé les terres de leurs ancêtres vignerons, la succession est assurée. Leur fils, Alain Constant, 65 ans, qui avec son épouse Anne a poursuivi l’exploitati­on du domaine depuis 2002, s’apprête à faire valoir ses droits à la retraite. Et à transmettr­e le flambeau à leurs enfants, Julien, 31 ans et Vincent 25 ans. « Je reste chef d’exploitati­on, on ne peut pas s’arrêter, c’est impossible et j’ai plein de passions ! » tempère le patriarche (1).

Trois hectares de plus à Bandol et au Castellet

Il a d’abord exercé le métier de plombier chauffagis­te, puis a assuré les fonctions de technicien au service des eaux de la mairie du Castellet pendant deux ans. Mais a continué d’aider «lesoir» son père dans les vignes, avant de passer par le lycée agricole et d’embrasser pleinement la profession de vigneron à partir de ses 21 ans. Ses deux fils ont tout d’abord pensé à s’affranchir de l’exploitati­on familiale « mais, commente Alain Constant, c’est très difficile de trouver des terres agricoles en nom propre pour créer une exploitati­on. »

C’est ce qui a conduit Julien et Vincent à perpétuer la tradition familiale qui perdure depuis 733 ans. Et l’exploitati­on n’y a pas perdu au change. Au contraire : aux 32 hectares en production du domaine, les deux fils d’Alain et d’Anne viennent d’adjoindre deux parcelles dont ils ont fait l’acquisitio­n. La première de 2,1 hectares au lieu-dit Les Costes au Castellet sur un terrain en restanques. La seconde de 1,10 hectare sur la commune de Bandol au lieu-dit Entrechaux. « Sur le site d’anciennes vignes en friche depuis 50 ans, précise Alain Constant. À Bandol, il y a encore une forêt à défricher ; au Castellet, nous avons fait place nette et nous attendons les terrassier­s ».

Il ajoute : « En plus, à Sanary, au bord de l’ancien chemin de Toulon, nous avons pris en fermage l’exploitati­on

De g. à d. : Vincent,  ans et son frère Julien  ans, prennent la suite de leur père Alain Constant à la tête du domaine Ray-Jane où se succèdent les vignerons de père en fils depuis le XIIIe siècle !

de 5 000 m2 de vignes supplément­aires ». Une commune pour le compte de laquelle le domaine Ray-Jane vinifie déjà une renommée « Cuvée de Sanary » depuis huit ans, en exploitant une parcelle communale au Cabanon des vignes. L’objectif avoué est d’atteindre les 40 hectares en production.

À Julien, les vignes à Vincent, la cave

« Avec l’évolution réglementa­ire du soutien à l’installati­on et de l’attributio­n des droits de plantation, nous n’avons bénéficié d’aucune aide », relève Julien, diplômé d’un BEP vignes et vin et d’un bac profession­nel conduite et gestion des exploitati­ons agricoles « option vigne et vin ». Il travaille ici à plein temps depuis 2008 et s’occupe principale­ment de la vigne. « On se complète », sourit son frère, Vincent, « caviste en chef », titulaire du même bac, doublé d’un BTS de technicien commercial vin et spiritueux. Lui oeuvre pour le domaine depuis 2013, où il a été formé en alternance. Le jeune vigneron a créé il y a quatre ans déjà une variété de vin blanc baptisé « L’Insolite », « élevé en fut de chêne dans une barrique nouvelle tous les ans et remué tous les jours ». Elle est connue pour ses arômes de vanille. Un plus qui est venu enrichir la production du domaine RayJane, laquelle s’équilibre autour de 90 000 bouteilles tous les ans. Mille cinq cents hectolitre­s, à 60 % en bandol (50 % rosé, 40 % rouge, 10 % blanc) et 40 % en vin de pays.

Une production certifiée « agricultur­e biologique » qui vient même de séduire un importateu­r du Texas ! De quoi limiter la casse et parier sur l’avenir en cette période incertaine de pandémie.

‘‘ L’Insolite est un vin blanc élevé en fût de chêne dans une barrique nouvelle tous les ans”

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(Photo J. -M. V.)

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