Le président du Var accusé d’un accord avec le RN
L’absence de candidats RN dans les cantons de Brignoles et La Crau, celui du président Giraud, interroge la classe politique varoise. Le sénateur Bonnus dénonce des « tripatouillages ».
L’attaque est frontale, et elle vient du camp de la majorité départementale. À quelques semaines des élections départementales des 20 et 27 juin, le sénateur LR Michel Bonnus, candidat à sa réélection à Toulon, dénonce des « tripatouillages » entre le président sortant LR et le Rassemblement national. « Le président Giraud a passé un accord avec le RN. C’est un secret de polichinelle », lance ce proche d’Hubert Falco qui avait déjà attaqué en mars le président Giraud (voir nos éditions du 25 et 26 mars).
« Aucune réalité », pour le maire RN de Fréjus
L’ancien rugbyman se dit surpris et choqué de l’absence de candidats lepénistes dans les cantons de La Crau et de Brignoles. Il n’est pas le seul. Dans un communiqué, les responsables varois de La République en Marche s’étonnent de cette situation et s’interrogent sur un éventuel « accord secret entre Marc Giraud, fragilisé, et le RN pour se maintenir à la tête du département ». Des accusations que le principal intéressé balaye avec force (lire par ailleurs).
« Cet accord n’a aucune réalité concrète », abonde le maire RN de Fréjus David Rachline qui ajoute « notre volonté est de gagner et de gérer le département ». Pour le responsable départemental du RN, ces impasses ne sont en aucun cas le fruit d’un « accord ».
À Brignoles, Franck Giletti évoque un souci « administratif » pour justifier de l’absence de candidat face au maire LR Didier Bremond, un proche de Marc Giraud. À La Crau, faute de « personnalités bien implantées », le RN n’aurait pas trouvé de candidats « assez solides » pour faire face au président sortant et à sa colistière Patricia Arnould.
« Qui peut croire qu’il n’y a pas eu tractations »
Des arguments qui ne parviennent pas à convaincre le sénateur toulonnais. « À Brignoles, le FN avait 20 points d’avance, là il y a personne et je retrouve un candidat brignolais du RN dans mon canton. Qui peut croire que leur absence n’est pas le résultat de tractations ? », estime Michel Bonnus. Pour rappel, en 2015, seulement 69 voix séparaient au premier tour le binôme de Marc Giraud et celui du Front national. À Brignoles, les candidats FN caracolaient en tête, et n’avaient perdu que de 82 voix au second tour. « Je ne peux pas rester muet lorsque je constate l’énormité de la situation », poursuit Michel Bonnus qui exhorte à « user de gestes barrière pour éviter la contamination » avec le RN « qu’il a longtemps combattu à Toulon ».
Un élu du RN :
« Oui, il y a eu deal ! »
Pourquoi Marc Giraud qui a mené la majorité départementale sans dissension pendant six ans auraitil besoin aujourd’hui du Rassemblement national ? « Marc Giraud est en délicatesse avec une partie de son camp, notamment en raison des affaires judiciaires (1), ce qui l’a poussé à chercher des appuis ailleurs », confie sous couvert d’anonymat un élu frontiste qui confirme le «deal» et pousse le bouchon : « Le but, c’est de mettre le bordel à droite ».
J-L Masson : « C’est pour semer la zizanie »
« Cette suspicion est colportée par des élus du RN, juge le patron varois des Républicains Jean-Louis Masson. C’est de bonne guerre de semer la zizanie chez l’adversaire », ajoute le maire LR de La Garde qui conteste tout accord et maintient son entière confiance en Marc Giraud. Pourtant, le malaise à droite est réel, un maire LR se dit « scandalisé de l’absence de candidats RN dans ces deux cantons ». Et de nombreux élus interrogés préfèrent conserver l’anonymat. Pour ce dernier, « Marc Giraud a négocié l’absence du RN pour passer dès le 1er tour et être en position de force pour se faire réélire président. »
Hubert Falco ne commente pas
Sollicité, Hubert Falco n’a pas souhaité commenter les accusations. « Cela ne le concerne pas. Il est pleinement mobilisé pour faire gagner ses candidats dans les cantons toulonnais », fait savoir son entourage.
1. Marc Giraud doit être jugé prochainement pour détournements de fonds publics. Il lui est reproché notamment par la justice d’avoir fait bénéficier d’un emploi fictif Patricia Arnould (sa colistière aux départementales) quand il était maire de Carqueiranne.