J. Suere acteur du renouveau hôtelier
Jérôme Suere est un Toulonnais pur jus. Il aime sa ville d’autant plus qu’il l’a quittée un temps. Et c’est pour participer à son renouveau que l’hôtelier s’y est réinstallé.
Chez les Suere, l’hôtellerie est une histoire de famille. Les parents installent sur la corniche du Mourillon, face au port Saint-Louis, l’une des plus belles tables des années quatre-vingt. En 2012, Jérôme et sa soeur Laura reprennent l’affaire, privilégiant plutôt l’hôtel existant que le restaurant. Depuis, le groupe a fait des petits avec notamment l’ouverture d’un deuxième établissement. Le Toulonnais croit dur comme fer au potentiel touristique de sa ville. D’autant plus lorsqu’on arrive à unir ses forces comme avec Destination Soleil, le groupement des hôteliers de la métropole.
À la veille du début de la saison , dans quel état d’esprit êtes-vous ?
On a hâte. Vraiment hâte de retrouver les clients, le contact… Aujourd’hui, nous sommes à un quart de l’activité. L’accélération commence en mai-juin. Et juillet, cela devrait être un retour à la vie normale, même si je préfère dire « nouvelle normalité » !
Il faut désormais remettre la machine en route et ce n’est pas forcément facile.
Pour donner un exemple, nous servions les petitsdéjeuners en chambre. Dès mercredi, ce ne sera plus le cas. Pour autant, avec le protocole sanitaire à mettre en place, il nous faut aménager notre jardin pour pouvoir aussi l’utiliser. Bref, comme depuis le début, on s’adapte !
Qu’a révélé selon vous cette grave crise de la Covid ?
Dans nos établissements, le staff a été top. Hyper volontaire, hyper solidaire... On a vécu l’adversité ensemble. Pour moi, c’est face au pire qu’on donne le meilleur, et cela s’est vérifié. La solidarité a aussi été le maître-mot avec les autres hôteliers. La cohésion est très forte entre nous. Cela a notamment donné lieu à la création de Destination Soleil qui regroupe une trentaine d’établissements sur la métropole toulonnaise.
Tout n’est pas aussi rose. Envisagez-vous la casse qui pourrait suivre ?
Évidemment, c’est une réalité. Mais je préfère me concentrer sur la chance que nous avons eue d’être soutenus. Les aides financières nous ont énormément portés. Alors c’est certain, les prêts garantis pas l’État devront être remboursés. Et certains auront des difficultés à le faire. Mais j’ai aussi confiance en cette saison pour que tout le monde puisse sortir la tête de l’eau.
À Toulon, on a vraiment une carte à jouer, d’autant qu’a priori, la clientèle devrait, cette année encore, être à très grande majorité française.
Vous êtes associé à votre soeur, vous êtes investi dans Destination Soleil... En fait, vous n’envisagez le travail qu’en groupe ?
Ensemble, on est clairement plus fort. Peutêtre suis-je influencé par mes origines toulonnaises, mais c’est comme au rugby, on gagne en équipe ! Quand on arrive à se souder, rien n’est impossible. D’autant qu’avec les membres de Destination Soleil nous partageons des intérêts mais aussi des valeurs. Et nous avons une volonté commune de faire avancer la destination.
Quels sont pour vous les principaux atouts de Toulon ?
Nous les connaissons tous : la mer, le soleil et une ville à taille humaine. Mais avant Destination Soleil, nous n’avions jamais phosphoré ensemble pour les exploiter. Il faut notamment mettre en avant notre côté préservé, authentique et familial. Nous sommes la pépite fraîcheur de la Côte d’Azur. Nous sommes accessibles avec un très bon rapport qualité/prix... Nous avons des talents indéniables. Des gens qui, non seulement veulent faire bouger les choses, mais le font. Je pense par exemple à toute la génération emmenée par la Bière de la Rade, ou encore Seagale. On a un vivier très dynamique.
Il faut nous appuyer sur cette réalité. Nous devons désormais transformer la surprise que nous suscitons auprès de la clientèle en promesse.
Ce qui manque encore ?
Il y a du chemin à faire encore. L’histoire doit s’écrire. D’énormes changements ont été effectués. Je m’en suis rendu compte en partant de Toulon pendant six ans. Et même depuis mon retour, les choses bougent. Le centre-ville, par exemple, a été réhabilité. L’offre culturelle s’est largement étendue. Selon moi, nous devons aller plus loin sur la notion de Rade. Je le pense vraiment, nous avons les qualités de Sydney ! Le potentiel est vraiment là. Il ne faut pas oublier que les acquis d’aujourd’hui, c’est le fruit
du travail du passé.
L’offre hôtelière est-elle suffisante aujourd’hui selon vous ?
Malgré sa multiplication ces dernières années, il en manque encore ! Alors clairement, nous ne voulons pas un tourisme de masse, donc il n’y aura jamais – du moins je l’espère – de grandes barres d’immeubles touristiques. Mais il y a de la place et l’offre crée la demande. Aujourd’hui, avec notamment l’ouverture de deux hôtels étoiles en (Okko et L’Eautel), Toulon peut désormais jouer le match, notamment pour l’accueil de congrès.
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Je suis très confiant sur la saison qui s’annonce. ”