Mobilisés pour les victimes de violences conjugales
Sans équivalent dans la région, la Maison Françoise-Giroud est en cours d’aménagement dans le centre-ville. Sa vocation : accueillir et prendre en charge des victimes de violences intrafamiliales
« % des situations de violences conjugales enregistrées dans le Var sont commises à La Seyne, commune qui héberge 6 % de la population varoise », souligne Nathalie Rocailleux, directrice d’AFL Transition, association spécialisée dans le soutien aux victimes de violences intrafamiliales. Face à une situation qui touche « plus de 500 personnes » dans la deuxième ville du Var, élus, acteurs associatifs et professionnels se mobilisent pour créer un lieu destiné à accueillir et mettre en sécurité les femmes victimes.
« Après l’élection municipale, explique Jean-Pierre Colin, j’ai proposé à Nathalie Bicais de me confier la délégation à la condition féminine car il me semblait important que le premier adjoint ait en charge ce sujet dont on pressentait qu’il allait être accru par le confinement. Puis j’ai rencontré Nathalie Rocailleux et l’avocate Aurore Boyard, qui travaillent depuis longtemps sur ce sujet.. Objectif : installer à La Seyne la première Maison régionale pour les victimes de violences faites aux femmes ».
Un local de m
Quelques mois plus tard, le projet est sur le point d’aboutir. Un local de 150 m² en centre-ville, avenue du DocteurMazen, est en cours d’aménagement. Il sera géré par AFL Transition, avec qui la ville signe une convention. Les victimes y seront accueillies par Cécile Bass, chargée de mission choisie par la ville, « une maman issue du quartier nord et une personnalité engagée dans la vie associative locale », précise JeanPierre Colin. Puis elles recontreront une assistante sociale et une psychologue. Et pour cause : « Les victimes esont dans un état psychologique très dégradé, assure M Aurore Boyard. Elles connaissent une phase de sidération, puis de confusion. La moindre démarche devient compliquée pour elles. Il est nécessaire, en particulier, de redonner du sens au dépôt de plainte, qui va permettre de préparer sa mise en sécurité, en l’éloignant de l’auteur des violences ».
Un guichet unique
La Maison fonctionnera comme « un guichet unique ». « Notre credo, c’est de faire travailler en synergie une dizaine de professionnels de tous horizons qui interviennent dans ces affaires », précise Aurore Boyard. Assistantes sociales, psychologues, avocats et associations agiront en coordination avec les services publics adaptés (hospitaliers, policiers, sociaux, de santé…).
‘‘ Une dizaine de professionnels y travailleront en synergie »
Après évaluation de la situation, seront enclenchées les ordonnances de protection (lire ci-contre) et les procédures de mise à l’abri d’urgence. Sans oublier l’ouverture des droits (économiques, sociaux et juridiques) des victimes. En outre, complète Me Boyard, « le point passerelle du Crédit agricole proposera des aides pour la gestion du budget, la négociation de crédit, etc ». « Dans un second temps, abonde Nathalie Rocailleux, des ateliers (groupes de parole, mises en situation...) sont prévus avec psychologues et travailleurs sociaux pour restaurer l’estime de soi, dans le cadre d’un travail de réinsertion ».
Soutenue par le barreau de Toulon, la création du lieu va nécessiter un budget d’environ 100 000 € par an. « La ville, la Région et la Caf devraient y contribuer », indique Jean-Pierre Colin qui assure « prendre en charge, sur fonds propres, les travaux d’aménagement (plusieurs milliers d’euros) car je veux que ça avance vite ».
À la recherche de partenaires
Pour boucler le financement, reprend Aurore Boyard, «des entreprises peuvent donner un coup de pouce, sachant qu’une convention de mécénat permettra une défiscalisation des aides ». Déjà, le
Crédit agricole et l’enseigne Habitat ont donné du mobilier pour les locaux. L’inauguration est prévue le 1er juin puis, durant l’été, «les choses vont s’organiser pour ouvrir au 1er septembre ». La maison sera baptisée du nom de Françoise-Giroud, qui fut ministre chargée du Droit des femmes (en 1974). Ce dispositif n’aurait que peu d’équivalents en France.
« À notre connaissance, indiquent ses promoteurs ,il n’existe qu’une structure de ce type, à Paris ». De quoi faire de La Seyne un exemple de la lutte contre les violences conjugales.