Le mystère Jean-Luc Mélenchon
Au bout de tant et tant d’années où il occupe le devant de la classe politique, le mystère Mélenchon reste entier. Qu’est-ce qui fait courir, pour la troisième fois, le leader de la France insoumise, dans la compétition présidentielle ? JeanLuc Mélenchon avait choisi hier Aubin, sur le plateau des Forges, pour son premier meeting de campagne. Mais de quelle campagne s’agitil ? Des élections régionales ? Mieux aurait valu, dans ce cas, pour lui, député de Marseille, réserver ses prises de parole publiques aux électeurs de sa région, Paca, plutôt que de haranguer une modeste foule dans l’Aveyron. En réalité, Mélenchon a commencé, hier, un tour de France qui ne s’achèvera qu’à la présidentielle de . Plus que son parcours, c’est le personnage qui interroge. Chacun, dans le monde politique, et pas seulement ses compagnons de route les plus proches, lui reconnaît un art oratoire inégalé, une érudition historique qu’on chercherait en vain chez d’autres élus, une connaissance du terrain politique hors pair – il a été ministre, député européen, sénateur socialiste et aujourd’hui élu de la e circonscription des Bouches-du-Rhône. Il aurait pu facilement, à condition d’y mettre du sien et d’arrondir ses angles, prendre la première place dans la gauche française. Pourtant, dix ans plus tard, cet homme reste seul, en tête, certes d’un petit parti, la France insoumise et d’un petit groupe de députés, mais sans jamais arriver à reconstituer autour de lui l’union de la gauche. On le voit, pour le coup, à l’occasion des élections régionales : le voici accusant de tous les maux tous les partis avec lesquels il devrait s’unir. Les écolos ? Ce sont des « faux jetons » ,des « hypocrites ». Les socialistes ? Ils sont bel et bien prisonniers de leur social-démocratie, et proches du « social-libéralisme » à la Macron. La réalité est qu’il ne cesse de s’emporter, aujourd’hui, à l’idée, que malgré qu’ils « jouent toute sorte de musique sous mon balcon » (c’est son expression), socialistes et Verts ont refusé les Insoumis sur bien des listes aux régionales, et notamment dans le Sud-Est, à Marseille, dans son fief.
Si on ajoute que les communistes, sur lesquels il comptait davantage, viennent de désigner eux aussi leur candidat à la présidentielle, on mesure bien la solitude politique actuelle de Jean-Luc Mélenchon. « De toute façon, commentent ses concurrents de gauche, comment faire l’unité alors qu’il ne veut qu’une place sur une liste commune, la première ? »
Le problème est qu’il n’est pas tout seul à la revendiquer : les Verts, forts de leur victoire aux dernières municipales, ne sont pas près de la lui céder.
« Il aurait pu facilement, à condition d’y mettre du sien et d’arrondir ses angles, prendre la première place dans la gauche française »