Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le mystère Jean-Luc Mélenchon

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Au bout de tant et tant d’années où il occupe le devant de la classe politique, le mystère Mélenchon reste entier. Qu’est-ce qui fait courir, pour la troisième fois, le leader de la France insoumise, dans la compétitio­n présidenti­elle ? JeanLuc Mélenchon avait choisi hier Aubin, sur le plateau des Forges, pour son premier meeting de campagne. Mais de quelle campagne s’agitil ? Des élections régionales ? Mieux aurait valu, dans ce cas, pour lui, député de Marseille, réserver ses prises de parole publiques aux électeurs de sa région, Paca, plutôt que de haranguer une modeste foule dans l’Aveyron. En réalité, Mélenchon a commencé, hier, un tour de France qui ne s’achèvera qu’à la présidenti­elle de . Plus que son parcours, c’est le personnage qui interroge. Chacun, dans le monde politique, et pas seulement ses compagnons de route les plus proches, lui reconnaît un art oratoire inégalé, une érudition historique qu’on chercherai­t en vain chez d’autres élus, une connaissan­ce du terrain politique hors pair – il a été ministre, député européen, sénateur socialiste et aujourd’hui élu de la e circonscri­ption des Bouches-du-Rhône. Il aurait pu facilement, à condition d’y mettre du sien et d’arrondir ses angles, prendre la première place dans la gauche française. Pourtant, dix ans plus tard, cet homme reste seul, en tête, certes d’un petit parti, la France insoumise et d’un petit groupe de députés, mais sans jamais arriver à reconstitu­er autour de lui l’union de la gauche. On le voit, pour le coup, à l’occasion des élections régionales : le voici accusant de tous les maux tous les partis avec lesquels il devrait s’unir. Les écolos ? Ce sont des « faux jetons » ,des « hypocrites ». Les socialiste­s ? Ils sont bel et bien prisonnier­s de leur social-démocratie, et proches du « social-libéralism­e » à la Macron. La réalité est qu’il ne cesse de s’emporter, aujourd’hui, à l’idée, que malgré qu’ils « jouent toute sorte de musique sous mon balcon » (c’est son expression), socialiste­s et Verts ont refusé les Insoumis sur bien des listes aux régionales, et notamment dans le Sud-Est, à Marseille, dans son fief.

Si on ajoute que les communiste­s, sur lesquels il comptait davantage, viennent de désigner eux aussi leur candidat à la présidenti­elle, on mesure bien la solitude politique actuelle de Jean-Luc Mélenchon. « De toute façon, commentent ses concurrent­s de gauche, comment faire l’unité alors qu’il ne veut qu’une place sur une liste commune, la première ? »

Le problème est qu’il n’est pas tout seul à la revendique­r : les Verts, forts de leur victoire aux dernières municipale­s, ne sont pas près de la lui céder.

« Il aurait pu facilement, à condition d’y mettre du sien et d’arrondir ses angles, prendre la première place dans la gauche française »

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