À la prison de Rennes, bientôt un quartier à part pour les femmes radicalisées
Le centre pénitentiaire de Rennes va ouvrir en septembre un Quartier de prise en charge de la radicalisation (QPR) pour femmes, présenté comme une première en Europe, avec comme objectif de « désengager » ces détenues de la violence islamiste.
« C’est tout sauf un quartier d’isolement renforcé », a lancé hier Véronique Sousset, la directrice, en présentant à plusieurs médias les cellules encore en travaux qui seront occupées par six femmes en septembre, et une trentaine à terme. Depuis 2016, l’administration pénitentiaire a ouvert des QPR pour les hommes, désormais au nombre de six. Et c’est la prison de Rennes qui a été retenue pour les femmes car « il y a un savoir-faire, une tradition, une expérience de l’établissement qui a l’habitude d’accueillir des personnes détenues terroristes », comme les Basques, relève Véronique Sousset.
Il s’agit du plus grand établissement du parc pénitentiaire français exclusivement féminin, avec près de 200 détenues.
Ce QPR pour femmes « est une première en France et en Europe », selon Véronique Sousset. Pour entrer dans ce QPR, il faut traverser une grande cour en forme de cloître dans cette prison bâtie au XIXe et qui a la particularité d’être implantée en plein centre-ville, à une centaine de mètres de la gare futuriste de Rennes.
Formation spécifique pour les surveillants
Puis il faut franchir une grille au premier étage pour découvrir des cellules de 11m2, d’où l’on aperçoit à travers les barreaux des maisons de la capitale bretonne. Pour éviter tout prosélytisme avec les autres détenues, « ces cellules sont étanches du reste de la détention », précise Véronique Sousset. À noter également que le mobilier (lit, armoire, WC) sera scellé pour des questions liées à la sécurité alors que six attentats islamistes ont eu lieu dans les prisons françaises depuis celui d’Osny (Val d’Oise) en 2016.
Autre preuve du caractère atypique du QPR, la quinzaine de personnes affectées à la surveillance du quartier, toutes volontaires, ont reçu une formation spécifique de trois semaines.
Lors de leur passage dans ces QPR, « elles auront un véritable emploi du temps et vont être assez occupées », promet Marie Fageot, conseillère d’insertion et probation. Au programme : du sport, des actions sur le désengagement de la violence, un travail sur l’estime de soi, la place de la femme en société ou la venue d’une vice-championne paralympique.
En outre, « nous allons faire appel à des médiateurs du fait religieux qui sont des islamologues et vont permettre d’aborder le fait religieux d’un point de vue historico-critique », explique François Toutain, directeur des Services pénitentiaires d’insertion et de probation d’Ille-etVilaine.