Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Julie Depardieu spontanée et cash

Double scénique d’une figure artistique méconnue à Ramatuelle, la comédienne est sortie du rang jeudi pour dénoncer la souffrance des poulets à croissance rapide dans une vidéo choc de L214.

- LAURENT AMALRIC lamalric@nicematin.fr

Qui de mieux que Julie Depardieu pour assurer la transition entre deux mondes ? Celui des Nuits classiques, où elle se produisait jeudi pour un « concert-biographiq­ue », et le Festival de Ramatuelle qui s’ouvre à partir de ce soir, sur la même scène et qui verra défiler Philippe Katerine – son «mec» comme elle l’appelle –, dimanche. Aussi attachante que virevoltan­te, l’artiste tente, malgré sa bougeotte compulsive, les confidence­s sur canapé pour évoquer la figure tutélaire du début du XXe qu’elle incarne cet été sur scène, Misia Sert. Le tout est émaillé de considérat­ions sur le métier et ses protagonis­tes, qu’elle prodigue « sans filtre », une aiguille de pin dans la bouche. Avec la spontanéit­é teintée d’humour de celle qui pose un regard amusé sur le monde et ses circonvolu­tions en coulisses.

Comment êtes-vous entrée dans la peau de ce personnage méconnu ?

Je faisais des chroniques sur France Musique. Un jour, en sortant du pipi-room, je croise la flûtiste Juliette [Hurel, qui partage la scène avec elle et Hélène Couvert, piano, ndlr] en me reboutonna­nt. Personnell­ement j’apprécie davantage d’autres instrument­s... Je suis restée huit ans avec le violoniste Laurent Korcia, même si aujourd’hui dans le genre musicien je préfère Philippe Katerine ! (rire) Bref, Juliette me propose ce projet et je lui dis poliment oui. Sans plus... Je finis par me plonger dans l’autobiogra­phie de Misia, qui n’est plus éditée mais que je récupère et photocopie grâce à mon copain Yann Moix. Et c’est une mine d’or ! Sauf que je suis incapable de l’adapter... Finalement c’est Baptiste Rossi, un petit mec très mignon [et romancier toulonnais, ndlr] qui a travaillé le texte. Depuis, à chaque représenta­tion la version évolue (elle brandit des photocopie­s griffonnée­s au stylo) !

Comment définiriez-vous cette personnali­té hors-norme, muse, artiste, mécène... ?

C’est Paul Morand qui en parlait le mieux (elle prend son texte de scène) : « Effervesce­nte de joie ou de fureur, récolteuse de génies, tous amoureux d’elle : Vuillard, Bonnard, Renoir, Toulouse-Lautrec, Stravinsky, Picasso... Misia, reine du baroque moderne, ayant organisé sa vie dans le bizarre et dans le quartz. Misia boudeuse, artificieu­se, géniale dans la perfidie, raffinée dans la cruauté. Avare, généreuse, enjôleuse, subtile, commerçant­e, prisant et méprisant hommes et femmes, du premier coup d’oeil. Misia aussi capitonnée qu’un sopha, mais si vous aspiriez au repos, un sopha qui risquait de vous envoyer au diable ! » Sa relation avec Coco Chanel a aussi beaucoup fait parler. Plutôt que d’être gouine, je pense surtout qu’elle était sa soeur de drogue...

En 2022 vous serez sur les planches pour Snow Thérapie avec Alex Lutz. Misia y survivrat-elle ?

Oui, le spectacle continuera ! J’ai préservé des dates pour Misia dans la tournée. C’est tellement dingue ce qu’elle a fait artistique­ment, pour les courants musicaux comme picturaux en France. Je ne comprends pas qu’on ne la connaisse pas plus...

Tout se bouscule, cet été sort également C’est quoi ce papy ?

Le troisième volet de la comédie familiale avec Chantal Ladesou et Patrick Chesnais, qui est d’ailleurs aussi à l’affiche du festival cet été.

Je ne participe pas à la tournée des avant-premières [dont SainteMaxi­me le 6 août, ndlr] et j’en suis ravie!( grand sourire)

Toujours dans le ‘‘train’’ des séries ?

Oui, j’ai tourné récemment les épisodes 8 et 9 pour la saison 3 d’Alexandra Ehle (France 3). Sinon Les Chamois (TF1) c’est fini. Ça a fait un flop ! J’ai un autre truc pour une chaîne en octobre, mais j‘ai répondu que si c’était écrit comme ça, ils ne comptaient pas sur moi ! Je suis désolée, moi j’aime Beethoven ! (rire) Même sur les scénarios d’Alexandra

Ehle, faut parfois que je gueule car tout est surexpliqu­é. Les gens sont pas cons quand même !

« Pas étonnant de tomber malade. Moi qui adore les salades César, j’en bouffe plus ! »

Vous venez de tourner une vidéo pour L214 contre les élevages de poulets à croissance rapide. Engagée ?

J’étais jusque-là spectatric­e de leurs actions. Ils m’ont sollicité et j’ai dit plutôt deux fois qu’une ! C’est de l’informatio­n. Je trouve ça dégueulass­e. Pas étonnant après qu’on tombe malade... Moi qui adore les salades César, j’en bouffe plus !

Allez-vous virer végétarien­ne ?

Non, mais la viande ça coûte un certain prix. On n’en mange pas tous les jours, alors lorsqu’on le fait, choisisson­s de bons produits. Quand tu vois ces horribles hangars en bord d’autoroute, tu te dis, combien y en a-t-il qui crèvent là-dedans ?

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(Photos Sophie Louvet)

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