Var-Matin (La Seyne / Sanary)

San Sebastian : le grand retour de Mikael Cherel, dix mois plus tard

CYCLISME

- PROPOS RECUEILLIS PAR ROMAIN LARONCHE

Jamais Mikael Cherel n’avait connu une telle blessure. Le 24 novembre dernier, le Roqueforto­is, alors en préparatio­n hivernale, heurtait un chien sur le bord de mer cagnois. Une vilaine chute (double fracture de la clavicule, de trois côtes, un pneumothor­ax) et de multiples complicati­ons à l’épaule qui ont entraîné cet arrêt de 300 jours. Mais aujourd’hui, sur les routes du Pays basque, le grimpeur d’AG2R-Citroën (35 ans), retrouve enfin la compétitio­n. Un plaisir qu’il nous a conté, quelques jours avant sa reprise.

Cette reprise, c’est un soulagemen­t ?

Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas accroché un dossard... Dix mois. Je suis impatient. L’essentiel est que l’histoire redémarre. Je suis vraiment motivé comme un cadet.

Comment appréhende­z-vous cette première course ?

J’ai envie de sentir le vélo. Grâce aux charges de travail que j’ai pu tenir à l’entraîneme­nt, aux intensités, aux fractionné­s, je sens que les voyants sont au vert. Mais je suis en reconstruc­tion, je m’attends à souffrir sur mes premières courses. J’ai été longtemps à l’arrêt et j’ai connu une reprise accélérée, par rapport à un hiver classique, où on a deuxtrois mois pour monter en régime. Je sais que mon niveau est correct, mais la compétitio­n m’apportera davantage de réponses.

Ce n’est pas la course la plus facile pour reprendre...

On me l’a dit, mais je donnerai le meilleur de moi-même. Effectivem­ent, c’est une course historique, dure, je viens avec beaucoup d’humilité. D’ailleurs, je n’aurai sûrement pas de rôle précis dans l’équipe.

Mais je reviens comme coureur, c’est le plus important. Je viens prendre mes marques au sein d’un peloton, car je n’ai plus roulé dedans depuis LiègeBasto­gne-Liège en octobre dernier. J’espère que cette course m’apportera de la confiance pour la suite de la saison.

Quelle est la suite ?

J’enchaînera­i avec le Tour de Burgos (- août). Cela va me faire un bon bloc de compétitio­ns, c’est ce dont j’ai besoin. J’ai envie de participer à la Vuelta ( août -  septembre), mais je dois encore gagner ma place. J’espère y être. Je suis de nature optimiste, mais l’équipe a besoin de voir mon comporteme­nt en course sur ces deux premières épreuves et comment je récupère. Mais j’aspire à faire une bonne fin de saison.

Physiqueme­nt, vous vous situez où ?

Je n’ai plus aucune gêne, j’ai pu faire du bon travail sur le vélo. Les valeurs sont bonnes, mais je manque d’endurance. J’ai besoin de répéter les efforts. Sur San Sebastian, je pense avoir les jambes pour passer les premières difficulté­s, ce sera sûrement plus dur dans le final.

J’ai beaucoup roulé avec Clément Russo (profession­nel chez ArkéaSamsi­c, installé à Antibes) et la semaine dernière, j’étais en stage à La Toussuire, avec mes coéquipier­s qui préparent la Vuelta. C’était une bonne prise de repères.

Est-ce qu’il y a de l’appréhensi­on ?

Il y a forcément quelques appréhensi­ons, mais le plaisir prend le dessus. Au début du stage, je trouvais que mes coéquipier­s allaient vite en descente, alors que c’est plutôt un point fort.

Puis j’ai pris mes marques. Ça va être pareil avec la compétitio­n.

Vous espériez reprendre sur le Giro ou la Mercan’Tour Classic en mai. Ça a été plus long... Quand je roulais plus de deux heures, j’avais toujours des douleurs à l’épaule. J’ai passé une IRM à la clinique Saint-Jean à Cagnes-sur-Mer et on s’est rendu compte que mes douleurs ne venaient pas uniquement de la capsulite. J’avais une rupture d’un des tendons de la coiffe des rotateurs. Il fallait être prudent avec ça, donc j’ai dû m’arrêter deux mois. Pendant ma convalesce­nce, je suis resté optimiste, je me fixais des objectifs de courses pour retrouver les pelotons. Mais je n’ai repris l’entraîneme­nt que le  mai. Ensuite, il fallait que je retrouve la condition. Donc je reprends la compétitio­n deux mois et demi plus tard. Émotionnel­lement, ça a été les montagnes russes, mais

Mikael Cherel espère retrouver ses repères pour ensuite enchaîner avec la Vuelta.

aujourd’hui la blessure est derrière. Je retrouve un schéma de semaine d’avant-course que je maîtrise et que j’aime.

Vous allez avoir plus de fraîcheur que vos adversaire­s. Est-ce un avantage ?

‘‘

J’ai envie d’être sur la Vuelta. Prendre des échappées, me faire plaisir. Et pourquoi pas, vivre une belle journée... ”

Je me suis toujours accroché à ça. Je n’ai aucune charge de travail cette année. Beaucoup de fraîcheur mentale et physique. J’ai envie de me battre sur le vélo. Et physiqueme­nt, je suis agréableme­nt surpris que ça revienne aussi vite.

Ce qui vous anime, c’est la perspectiv­e de la Vuelta ?

J’ai envie d’en être. Prendre des échappées, me faire plaisir. Et pourquoi pas, vivre une belle journée si je suis dans un groupe avec de moins bons grimpeurs que moi. Je suis dans l’euphorie de la reprise, mais je ne veux pas me fixer de limites. Et puis je veux me servir de cette fin d’année pour bien préparer la saison prochaine.

Qu’en est-il de la propriétai­re du chien avec qui vous avez eu l’accident ?

Il y a un dossier en cours entre assurances parce que j’ai subi un préjudice avec l’absence de compétitio­ns. Je n’ai pas davantage de nouvelles.

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