Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le Varois T. Goyard médaillé d’argent

Le Varois Thomas Goyard a pris hier la deuxième place du classement général de RS:X, comme la féminine Charline Picon. Les quinzième et seizième médailles de la délégation française à Tokyo.

- PIERRE-MICKAËL AYI

Il n’aura donc fait qu’un tour dans l’eau, hier à Enoshima, avant d’être disqualifi­é lors de sa première finale olympique. Un tout petit bord avant d’être mis sur la touche pour départ « volé ». Mais au terme d’une medal race à rebondisse­ment, Thomas Goyard (29 ans) a décroché une médaille d’argent historique, la seizième de la délégation française à Tokyo. Le véliplanch­iste, qui a longtemps douté, a laissé éclater sa joie et son énorme soulagemen­t à l’arrivée. « C’est un truc de malade, je crois que je vais avoir besoin de plusieurs jours pour réaliser, commentait-il. Mon coach (Thierry François) est comme un fou… »

« C’est incroyable »

Derrière l’intouchabl­e Néerlandai­s volant Kiran Badloe (coiffé d’une magnifique crête bleue), assuré du titre olympique avant le départ, le Hyérois a disputé une finale incroyable.

Il a d’abord fallu surmonter le stress, avec un départ reporté de vingt-cinq minutes faute de vent. Puis il a fallu dépasser l’angoisse, après l’éviction pour départ prématuré sous pavillon dans laquelle il a failli tout perdre. Finalement, le Calédonien résidant à Carqueiran­ne depuis bientôt deux ans a profité des déboires de ses deux principaux adversaire­s, l’Italien Mattia Camboni et le Polonais Piotr Myszka, également rappelés par la patrouille.

« Depuis le début de la semaine, je suis passé par toutes les émotions. Là, cette finale : un OCS (un départ prématuré), un départ grillé (Camboni), un deuxième (Myszka)... Et puis moi, je me suis dit : “ce n’est pas possible, ils me font une blague après un tour, ils auraient pu me le

Pour ses premiers Jeux, Thomas Goyard remporte la médaille d’argent derrière l’intouchabl­e Kiran Badloe. Phénoménal.

dire avant”, poursuit Thomas Goyard, avec des trémolos dans la voix. Mais bon, voilà, j’ai attendu patiemment que le Chinois (Kun Bi) passe sa ligne d’arrivée, j’ai calculé, recalculé et je me suis dit : “là, je crois que c’est bon”. C’est incroyable. »

La roue a tourné en faveur du Français, Kun Bi, quatrième du jour, décrochant une médaille de bronze synonyme d’exploit. Avec sa folle semaine de régate (vainqueur de trois manches sur douze), Thomas Goyard, lui, suit la lignée de la planche à voile tricolore, qui signe un épatant doublé après l’argent de Charline Picon, vainqueur de la medal race quelques minutes plus tôt (lire ci-contre).

Le rider de l’Almanarre, qui vivait sa première olympiade, égale Julien Bontemps,

médaillé d’argent à Pékin en 2008, et dépasse même son « rival » Pierre Le Coq, médaillé de bronze à Rio en 2016.

Une juste récompense pour l’ingénieur de la Marine nationale – quartier maître de première classe, il est membre de l’Armée des champions – qui a beaucoup ramé pour se qualifier dans une sélection nationale très dense.

« Je ne réalise pas trop, je suis très content évidemment. C’est incroyable, observait celui qui a découvert la planche à 8 ans à Tahiti (lire ci-dessous). Mais je suis aussi déçu pour Mattia et Piotr, des coureurs incroyable­s qui ont montré beaucoup de belles choses ces derniers temps. Le sport est dur, franchemen­t... » Mais tellement grand à l’arrivée.

“Je

suis très fier. La médaille c’est une chose, mais je pense aussi à tout ce qu’il y a derrière : la préparatio­n, les hauts, les bas, sa très belle semaine à Tokyo et le podium au bout, c’est incroyable. Il est parti de loin il y a trois-quatre ans, puis il a connu la forte concurrenc­e en sélection, le report, les doutes, les sacrifices personnels de la compétitio­n qui passe avant tout... Il la mérite, cette médaille.”

Nicolas Goyard, frère cadet de Thomas et champion du monde de planche à voile (foil).

CLASSEMENT­S

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(Photos Sailing Energy)

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