Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Erik Tamburi se confie sur son départ

Le plus ancien opposant de la ville a annoncé la semaine dernière qu’il quittait la vie politique municipale. Il revient sur son travail d’élu, ses rapports avec le maire et sa pugnacité légendaire.

- PROPOS RECUEILLIS PAR J. P. jpoillot@nicematin.fr

Erik Tamburi vient d’annoncer son départ du conseil municipal de Six-Fours, après y avoir siégé pendant 25 ans. Et, contrairem­ent à ce que la mémoire collective pourrait retenir, il n’a pas toujours été élu de la minorité ! Entre le maire et lui, un quart de siècle de vie (municipale) commune, riche de débats plus ou moins houleux, se termine. Tandis que Jean-Sébastien Vialatte a accepté de réagir à la décision de son plus fidèle opposant, Erik Tamburi, dans cette interview, revient sur son engagement et les raisons de son retrait.

A la surprise générale, vous venez d’annoncer votre départ du conseil municipal. Pourquoi ?

Pour deux raisons : d’abord, ma vie profession­nelle et familiale m’éloigne de plus en plus du Var. Depuis , je suis conseil en affaires, essentiell­ement pour des entreprise­s tournées vers l’environnem­ent, dont la plupart ne sont pas dans le départemen­t. Et je développe aussi d’autres projets, dont un lié aux plantes médicinale­s.

Et l’autre raison ?

Je constate avec regret qu’il est de plus en plus difficile de défendre des dossiers au niveau municipal, notamment sur l’urbanisme. Le maire luimême a de moins en moins le contrôle sur cette compétence : aujourd’hui, c’est l’Etat qui décide de tout, et il est très difficile de s’y opposer. En tant qu’élu d’opposition, il fallait beaucoup d’énergie pour suivre ce genre de dossiers ; de l’énergie, j’en ai toujours, mais c’est la proximité qui fait défaut aujourd’hui. Dans ces conditions, difficile de se battre pour la sauvegarde de notre environnem­ent au niveau municipal...

Avez-vous le sentiment d’avoir influé sur l’urbanisati­on à SixFours ?

Je rappelle que je suis le seul opposant à avoir formulé des recours gracieux et/ou saisi le tribunal administra­tif pour faire changer des choses sur les différents Plan locaux d’urbanisme. Sur le dernier PLU par exemple, j’ai obtenu du maire qu’il enlève des emplacemen­ts réservés pour des projets de routes qui menaçaient deux hameaux de la commune.

Quels autres combats retenez-vous ?

Récemment, j’ai beaucoup insisté auprès du maire pour obtenir la sauvegarde du précieux puits de Pépiole, qui fournit  % de notre eau potable, indépendam­ment du Canal de Provence. J’ai aussi défendu le fait de conserver la gestion de l’eau en régie municipale… Ce sont des sujets importants sur lesquels la ville doit rester souveraine. Sous mon impulsion, il y a eu des améliorati­ons en termes de protection animale, comme les campagnes de stérilisat­ion des chats errants, l’utilisatio­n d’oeufs non issus de l’élevage en batterie en restaurati­on scolaire, ou encore la promesse de ne consommer que de la viande issue d’abattoirs qui pratiquent systématiq­uement l’étourdisse­ment… Et je continuera­i d’ailleurs à oeuvrer pour le bien-être animal en dehors de la politique. J’ai beaucoup milité aussi pour la préservati­on de l’environnem­ent. Autant de dossiers pour lesquels il était nécessaire d’être présent sur plusieurs mandats pour mieux pouvoir les suivre. Même si je sais que j’ai souvent été considéré comme un emmerdeur…

Ce que vous assumez ?

Tout au long de mes mandats – que j’ai d’ailleurs effectués sans discontinu­er – on m’a souvent reproché d’être procédurie­r, polémiste, insistant... mais c’est en étant ainsi que j’ai pu obtenir des choses. Avec le recul, je peux regretter certains éclats où j’ai pu me montrer très virulent – souvenez-vous qu’un jour, j’ai été expulsé par la police d’un conseil municipal où j’étais venu avec un mégaphone (rire). Mais c’était avant tout pour défendre des dossiers importants, qui me tenaient à coeur. Quand j’ai fait plonger un huissier pendant les travaux du port Méditerran­ée, ce n’était pas pour embêter le maire, mais bien pour m’assurer qu’on ne massacrait pas les posidonies. J’ai seulement usé de mon droit de regard, en tant qu’élu et défenseur de l’environnem­ent.

On a pu remarquer que vos relations avec le maire se sont apaisées ces dernières années. Comment l’expliquez-vous ?

Vous savez, on s’assagit un peu avec l’âge (rire). Mais je tiens à dire que je n’ai jamais eu de haine personnell­e envers JeanSébast­ien Vialatte. J’ai toujours eu un rapport uniquement politique avec lui : quand il résistait, je me braquais, quitte à aller jusqu’au tribunal... ce qui a souvent donné l’impression aux gens que je faisais de l’acharnemen­t... mais il n’y a jamais rien eu de personnel. Puis quand les rapports se sont détendus, certains ont dit que j’avais retourné ma veste. Rien de tout cela ! Jean-Sébastien Vialatte n’a jamais été mon ennemi, mais mon adversaire politique. Et durant toutes ces années, je pense que nous avons appris à nous adapter l’un à l’autre...

J’ai souvent été considéré comme un emmerdeur”

Aucune haine personnell­e envers M. Vialatte”

Bon, j’ai pu l’agacer par moments, mais au final, il a souvent pris la mesure de certains sujets que je défendais.

Difficile d’imaginer aujourd’hui que vous avez été élu pour la première fois sur sa liste. Pourtant, si…

Oui, en . Pour le premier mandat de Jean-Sébastien Vialatte, j’ai été délégué à la jeunesse. Mais en , je me suis opposé à un projet de constructi­on d’immeubles autour de la Maison du Cygne et j’avais organisé une grande manifestat­ion avec les écolos, les riverains et de nombreux Six-Fournais, et même des lycéens de la Coudoulièr­e. C’est là que nos rapports se sont tendus. Mais nous avions quand même été entendus puisque le maire avait finalement retiré son projet...

Un dernier mot ?

Six-Fours est une belle ville, avec de multiples atouts. Je souhaite qu’elle les développe. Je remercie tous les SixFournai­s qui m’ont fait confiance, et laisse le soin à ma colistière Françoise Bergeot de reprendre auprès du maire ma demande de faire une cuisine centrale ouverte aux produits locaux, bio, en circuit court et, surtout, en éthique animale.

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 ?? (Photo doc V. Le Parc) ?? A  ans, Erik Tamburi quitte la politique pour se consacrer à d’autres projets.
(Photo doc V. Le Parc) A  ans, Erik Tamburi quitte la politique pour se consacrer à d’autres projets.

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