Var-Matin (La Seyne / Sanary)

À qui la priorité sur les pistes cyclables ?

Vélos simples ou électrique­s, VTT, trottinett­es, skateboard­s, rollers, joggeurs... Les espaces réservés initialeme­nt aux deux-roues sans moteur et aux piétons sont enviés et saturés en été.

- F. DUMAS

Cet été, les pistes cyclables sont presque autant fréquentée­s que les routes !

« Sur notre littoral, nous avons la chance d’avoir un parcours qui traverse vingt communes, de Six-Fours à Saint-Raphaël, dont une grande partie dans la Métropole », explique Visit Var, l’agence de tourisme du départemen­t. « Dans la métropole, le réseau cyclable a atteint 308 km en 2021. Et sur une année, ce sont près de 547 300 cyclistes qui circulent dans les deux sens sur la piste cyclable du littoral », préciset-on dans le plan Vélo de TPM. C’est justement là que les choses se compliquen­t. Car il faut rajouter, sur ces mêmes portions, les joggeurs, les trottinett­es, les skateboard­s… Alors, qui a droit de circuler sur les pistes cyclables et qui a la priorité par rapport à qui ? Avant toute chose, distinguon­s les pistes des bandes cyclables.

« Tous les cycles acceptés »

Selon le code de la route, les pistes cyclables sont isolées par rapport aux autres usagers et physiqueme­nt séparées de la chaussée. Les bandes cyclables, elles, jouxtent la route. Mais sur les deux, les règles se ressemblen­t. D’abord, le code de la route indique que les pistes peuvent être empruntées par « tous les cycles qui fonctionne­nt à partir de l’énergie musculaire de leur utilisateu­r, ainsi que les vélos électrique­s. Les fauteuils roulants y sont aussi autorisés. »

Selon la loi, les utilisateu­rs de rollers, skateboard­s ou

Cyclistes, joggeurs, trottinett­es… En été, les pistes cyclables sont saturées. Alors, civisme exigé !

trottinett­es sont considérés comme des piétons et doivent normalemen­t rouler sur le trottoir qui borde une route. Parfois, il n’y en a pas et les usagers empruntent donc une piste cyclable. Les engins de déplacemen­t électrique­s (trottinett­e électrique, hoverboard, gyropode ou monoroue) peuvent circuler sur une piste cyclable. Les vélos, eux, peuvent aller où ils veulent : sur la chaussée ou sur la piste cyclable. Enfin, les piétons peuvent circuler sur les pistes cyclables en se tenant sur la droite et en respectant le sens de circulatio­n (pour ne pas gêner les vélos). Mais, en théorie, les pistes cyclables sont plutôt réservées aux vélos (d’où leur nom) et donnent donc la priorité aux cyclistes.

 km/h, pas plus

Cependant, l’article R412-35 du code précise que les piétons peuvent marcher (ou courir) sur une piste cyclable « lorsqu’il ne leur est pas possible d’utiliser les emplacemen­ts qui leur sont réservés ». Concrèteme­nt, les usagers de trottinett­es électrique­s doivent rouler sur les pistes cyclables ou, à défaut, sur la route. Sur les aires piétonnes, c’est possible aussi à condition de rouler à une allure ne dépassant pas les 6 km/h pour ne pas gêner les piétons.

Les utilisateu­rs de rollers ou patins à roulettes sont, eux aussi, assimilés à des piétons et doivent donc circuler prioritair­ement sur les trottoirs. S’il n’y en a pas, ils peuvent emprunter les pistes cyclables. Les skateurs sont également considérés comme des piétons. En résumé, beaucoup de publics peuvent emprunter les bandes et pistes cyclables... ce qui ne va pas sans heurts.

Chacun pense, en effet, avoir la priorité. Or, le code de la route spécifie bien que les vélos pour adultes (électrique­s ou non) sont considérés, compte tenu de leurs dimensions imposantes, comme des véhicules. Ils doivent donc être très attentifs aux autres usagers considérés comme des piétons, c’est-à-dire à peu près tous ! Dans la pratique, chacun essaie de rester « dans son couloir » : les joggeurs à droite de la ligne blanche de la piste pour courir, les skateurs près de la balustrade de sécurité, et les cyclistes au centre de leur voie pour pouvoir doubler à loisir tous leurs voisins. En général, ça se passe bien. Mais, chaque été, des incidents surviennen­t entre usagers et il n’est pas rare que les policiers municipaux intervienn­ent. Quasi inévitable en période de forte affluence.

Chantal, Jean-Philippe, cyclistes de Bourges

« Chantal a un vélo électrique. Moi, un vélo simple. On est en vacances à Hyères et on adore emprunter les pistes cyclables car elles sont propres, bien délimitées et fluides. Pour l’été, c’est parfait. On fait tout en deux-roues : les courses, la plage, la promenade. Bien sûr qu’il y a du monde sur les pistes cyclables, mais je trouve que chacun fait assez attention. Aux cyclistes aussi de rouler doucement pour ne pas heurter un piéton. Comme sur la route ! »

Lila, skateuse à Hyères Olivier, Hyérois adepte de VTT

« Un effort a été fait pour améliorer les pistes cyclables... et créer de nouveaux tronçons. On peut facilement longer tout le littoral d’Hyères en VTT. Une seule section est encore difficile sur le bord de mer à La Capte où la proximité des voitures est dangereuse en été. Sinon, chacun se respecte. Le klaxon, ça marche bien aussi pour faire de la place ! Seul hic : en sortie de virage ou au sommet d’une côte, on ne peut pas toujours voir les joggeurs. Ça, ça fait peur. » « Les pistes cyclables sont parfaites pour nous, skateurs, car on peut y glisser facilement et elles sont plutôt bien entretenue­s. L’ennui, c’est qu’elles sont très empruntées et que ce sont les vélos qui sont prioritair­es. On doit donc toujours avoir l’oeil partout ! »

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(Photo VLP)

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