Pas de pitié pour le stade de Rians
Farce du ciel, il pleut quelques gouttes, le mercredi 28 juillet, le jour où la direction départementale des Territoires et de la Mer (DDTM), accompagnée de la police de l’environnement de l’Office français de la Biodiversité (OFB), vient contrôler inopinément, la commune de Rians, déclarée en état de « crise sécheresse », depuis le 28 avril par arrêté préfectoral. C’est le niveau d’alerte maximum, ce qui contraint ce village varois, à des mesures de préservation de la ressource en eau potable, très strictes.
C’est pourquoi le stade municipal aurait dû être privé d’eau depuis avril. «Aujourd’hui, la pelouse devrait être jaune », relève Jean-Charles Saglier, chef de l’unité territoriale du Centre-Haut-Var, à l’OFB C’est une des non-conformités, par rapport au Plan d’action sécheresse, relevées sur la commune.
« euros foutus en l’air »
Une entrevue avec le maire, Nicolas Brémond, n’y changera rien. Il faut couper l’arrosage. Pourtant ses arguments ne sont pas à négliger : « C’est 14 000 euros foutus en l’air. Les travaux pour réaliser cette pelouse étaient terminés le 14 avril. Et le 28 tombait l’arrêté préfectoral. Nous avons donc pris la décision de continuer à arroser, pour ne pas tout perdre. »
« En théorie, seules les pelouses des stades d’honneur, recevant des compétitions d’envergure nationale ou internationale peuvent être arrosées » indique Yves Bray, chef de service à l’OFB, dont le siège est à Draguignan. « Les Riansais sont donc condamnés au stade brûlé et aux jardinières brûlées » s’insurge Nicolas Brémond.
Les fleurs elles aussi condamnées
Pourquoi les jardinières ? Parce qu’elles aussi, dès l’activation de l’alerte « crise », n’ont plus le droit de boire. Or, l’OFB et la DDTM, au fil de leurs contrôles, ont noté que certaines étaient magnifiquement fleuries. Autre non-conformité constatée sur la commune : certaines fontaines coulent encore. Pourtant même celles qui fonctionnent en circuit fermé doivent se taire, seules celles alimentées par une source – et il y en a deux sur Rians – peuvent continuer à chanter.
« Nous allons prendre un arrêté municipal au niveau sanitaire pour que la population comprenne pourquoi, par exemple, les trottoirs ne sont pas nettoyés et pourquoi la plage autour de la piscine municipale l’est encore. » C’est une question de santé publique. « Tout ce qui rentre dans le champ sanitaire fait l’objet d’une dérogation », souligne Yves Dray. « Je ne comprends pas pourquoi la notion de sécheresse globale ne s’applique pas, plutôt que la notion de sécheresse sectorisée. Les concitoyens vont constater qu’à Jouques, le village voisin dans les Bouches-du-Rhône, les fleurs sont magnifiques et pas à Rians. Comment leur expliquer cela ? » tempête le maire.
Le synthétique : solution impossible
Le conseil municipal s’est bien posé la question d’installer une pelouse synthétique. Il a d’ailleurs consulté un représentant varois de la Fédération française de football « Il nous a expliqué que c’était impossible, car le stade n’a pas la superficie réglementaire, notamment pour prétendre à des subventions. ». Sans compter que ce n’est pas un élément favorable à la biodiversité, pas plus que les fleurs en plastique dans des bacs.
La situation que vit Rians va toucher d’autres communes. L’eau potable doit être préservée au détriment de la qualité de vie et des loisirs. La grogne serait pire si du jour au lendemain l’eau ne coulait plus au robinet.
Pas d’amende
La commune n’aura pas à payer pour ces manquements. « Le constat de ces non-conformités n’ira pas plus loin qu’un rappel à la réglementation de la part de la DDTM, parce qu’elle a fait des efforts. Par exemple il n’y a plus que quinze bacs à fleurs sur 54. Il y a une grosse prise de conscience malgré tout » estime Julien Assante, chargé de l’eau et des milieux aquatiques à la DDTM.
De son côté, le maire a saisi par courrier Evence Richard, le préfet du Var, dès hier, car selon lui la commune de Jouques dans les Bouches-du-Rhône, elle aussi en alerte « crise », peut arroser les espaces publics la nuit. C’est vrai indique la DDTM, mais elle puise dans la ressource maîtrisée du canal de Provence.