Du canal de Provence
Des champs de tournesols et de maïs arrosés aux alentours de midi sur Rians ! En moins de deux, la police de l’environnement de l’Office français de la Biodiversité et la DDTM sont sur site, et établissent une fiche de contrôle. L’alerte « crise sécheresse », interdit cette irrigation. Seules les cultures maraîchères et les vignes de moins de trois ans, peuvent recevoir de l’eau.
Une discussion avec l’agriculteur éclaircit la situation, sans pour autant l’arranger. « C’est de l’eau du canal de Provence » relate JeanCharles Saglier, à ses collègues, après l’entrevue. Là, les choses se compliquent. Dans les autres départements de Provence-AlpesCôte-d’Azur, les usagers-abonnés de la Société du Canal de Provence (SCP), quels qu’ils soient, ne sont pas soumis aux restrictions sur les usages de l’eau en cas de « crise ». Mais dans le Var, oui.
« Permission » accordée aux agriculteurs
Aussi la S.C.P. a demandé la levée de cette exception au préfet du Var, Evence Richard. «Lebutestde faire une distinction entre la ressource sécurisée et maîtrisée du
Interdiction également d’irriguer les champs de maïs et de tournesols.
canal de Provence, et les ressources fragiles en milieu naturel. Et de ne pas soumettre cette ressource sécurisée, à des restrictions », explique Vincent Kalusza, délégué territorial du bassin-versant DuranceVerdon
à la SCP.
L’eau du canal de Provence vient du bassin-versant du Verdon et avant cela du château d’eau naturel des Alpes du sud. Les réserves sont suffisantes, expose la SCP,
pour fournir le Var malgré la sécheresse, et ce, sans porter atteinte aux milieux naturels. La réponse de la préfecture est tombée quelques jours après le contrôle sur Rians. Le préfet a signé la dérogation, permettant l’utilisation de l’eau du canal de Provence mais uniquement pour les agriculteurs abonnés. Les golfs n’entrent pas dans cette exception, pas plus que les particuliers. Pourtant plusieurs secteurs concernés par l’alerte « crise » sont desservis par le canal de Provence, et pas que des agriculteurs mais aussi des collectivités ou des industriels.
En tout cas, l’agriculteur contrôlé sur Rians échappe de justesse à une amende.
Dans les prochaines années, le changement climatique risque de rallonger ces périodes de sécheresse. Le préfet autorisera-t-il tous les abonnés au canal de Provence, à utiliser cette eau en période de crise ?
Et comment ceux qui ne bénéficient pas du raccordement – qui est à la fois cher et subventionné – accepteront-ils cette différence de partage de l’eau ? « L’injustice est de partout, car suivant les bassins-versants, il y a déjà inégalité. Et le Canal de Provence va là où la situation est la plus difficile » souligne Julien Assante, chargé de l’eau et des milieux aquatiques à la DDTM.