Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le Luxembourg hébergera les données sensibles de Monaco

Monaco et le Grand-Duché ont signé un accord pour que la Principaut­é duplique ses données dans un « data center » luxembourg­eois. Les lieux auront le statut d’une ambassade.

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

La déclaratio­n d’intention, signée en décembre 2018 au Luxembourg, s’est soldée mijuillet par un accord bilatéral entre Monaco et le Grand-Duché : la Principaut­é hébergera bel et bien ses données sensibles en terres luxembourg­eoises, au coeur d’un data center proche de la capitale. Une nécessité pour la Principaut­é qui, en cas de cyberattaq­ue majeure ou de catastroph­es naturelles, risquait de tout perdre.

« Si un tsunami ou un tremblemen­t de terre frappe Monaco, nos données ne sont pas protégées car elles ne sont pas doublées, explique Frédéric Genta, délégué interminis­tériel chargé de la transition numérique, principal artisan de cet accord. Installer un deuxième data center à Monaco n’était pas possible du fait de l’exiguïté du territoire. Il faut en effet, au minimum, 120 kilomètres de distance de sécurité entre les deux installati­ons. »

Un espace souverain

Mais pourquoi le choix s’est-il porté sur le Luxembourg ? En réalité, sur site, la pièce dédiée à Monaco revêtira le statut d’« eambassade », car offrant les mêmes garanties d’inviolabil­ité et d’immunité que celles accordées à une ambassade physique. «Enrésumé, le Luxembourg ne peut pas toucher ou saisir les données sans notre autorisati­on », vulgarise Frédéric Genta. Monaco sera donc souverain en la matière. Selon lui, avec ses systèmes d’énergie et de refroidiss­ement et sa protection numérique, ce data center luxembourg­eois apparaît comme l’un des plus sécurisés au monde (lire ci-contre).

Comme garde-fou supplément­aire, l’Agence monégasque de sécurité

Le « data center » luxembourg­eois, situé en pleine campagne à  kilomètres de la capitale du Grand-Duché, est considéré comme l’un des plus sécurisés au monde.

numérique contribue à la création de cette « e-ambassade » en édictant les normes numériques, mais aussi physiques pour accéder à la salle.

« Ne pourront rentrer dans cette salle que des gens agréés par Monaco », complète Frédéric Genta. Chacun fera donc l’objet d’une enquête approfondi­e menée par la Sûreté publique.

Les données intégrées au printemps prochain

Les données monégasque­s seront intégralem­ent dupliquées d’ici le printemps 2022, le temps que toutes les infrastruc­tures numériques, dont les serveurs, soient installées puis sécurisées.

« Le cloud souverain [coffre-fort numérique, ndlr], opérationn­el d’ici cet automne, sera dupliqué dans ce data center. Les opérateurs d’importance vitale et les entreprise­s de la Principaut­é pourront aussi en bénéficier. Avec cela, la Principaut­é est armée dans cette révolution industriel­le en termes d’attractivi­té, de compétitiv­ité. Elle est armée pour le monde et l’économie qui arrive », conclut-il.

C’est dans cette pièce blanche que seront installées, d’ici le printemps , les infrastruc­tures numériques monégasque­s.

Pierre Dartout, ministre d’État de Monaco, et Xavier Bettel, Premier ministre du GrandDuché, lors de la signature de cet accord. Ces bonbonnes d’azote permettent d’envoyer du gaz neutre pour circonscri­re un début d’incendie.

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