Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Quels arbres faut-il planter dans nos villes ?

Pour rendre les étés plus vivables et lutter contre la pollution, la végétation est essentiell­e. Faut-il continuer à choisir des platanes, pins et palmiers ou privilégie­r des essences plus adaptées ?

- SOPHIE CASALS scasals@nicematin.fr

Les arbres, par l’ombre qu’ils procurent, aident à lutter contre les îlots de chaleur urbains. Or, dans 20 ans, ce phénomène va s’accentuer.

C’est aujourd’hui qu’on plante les essences qui rendront nos villes moins étouffante­s en été. « Il faut veiller à planter les bonnes espèces et avoir une vision sur la forêt urbaine dans 20 ou 50 ans », invite Philippe Rossello, géographe et coordinate­ur du Groupe régional d’experts sur le climat en région Sud (Grec-Sud). Les platanes ou marronnier­s, choisis il y a 50 ou 100 ans, ne correspond­ent plus aux besoins d’aujourd’hui. Le choix doit se porter sur d’autres essences. Voilà pourquoi.

Planter des arbres qui résistent à la sécheresse

Demain, avec des sécheresse­s plus longues et plus fréquentes dans la région, les ressources en eau vont diminuer. «On doit se poser ces questions : le type d’arbre que je plante résiste-t-il au stress hydrique et provoque-t-il de l’évapotrans­piration. » L’humidité que génèrent les plantes permet de rafraîchir l’air. L’effet peut aller de 0,5 °C à 2 °C. « Or, par exemple, le pin d’Alep, qui colonise la forêt méditerran­éenne, a une faible évapotrans­piration. »

Par ailleurs, les arbres qui procurent de l’ombre doivent être privilégié­s. « Le palmier est décoratif mais il n’est pas le plus efficace pour l’ombre, et comme le pied est très haut, on a moins cet effet de fraîcheur », note Antoine Nicault, coordinate­ur du Grec-Sud.

Des espèces capables de filtrer l’air

Autre critère de sélection : la capacité à filtrer l’air. L’arbre absorbe le CO2 de l’atmosphère et capte d’autres polluants. « Il faut retenir des espèces qui ont la capacité d’éliminer ces particules en suspension », poursuit Philippe Rossello. Or, certains arbres émettent des Composés chimiques volatils (Cov) qui peuvent contribuer à dégrader la qualité de l’air.

Ils jouent un rôle amplificat­eur dans la pollution urbaine à l’ozone, pendant les périodes de fortes chaleurs, révèle une étude réalisée par l’Université de Berlin, qui cite, parmi les arbres les plus émetteurs, le platane.

Les arbres de demain sont…

Les arbres à privilégie­r sont donc, des arbres à feuillage caduc, avec peu de branchages, qui n’apportent pas de nouveaux allergènes et répondent à ces deux enjeux majeurs de la pollution de l’air et du réchauffem­ent climatique. « L’érable, le cèdre de l’Atlas, l’aubépine et le charme commun », liste Philippe Rossello.

Mais il n’est pas question de faire table rase des platanes, marronnier­s et pins qui ombragent nos villes depuis des décennies. « On va juste petit à petit intégrer ces nouvelles espèces », poursuit le géographe. Il conseille d’éviter le cyprès, particuliè­rement allergène.

Où faut-il planter ?

« Le long des grands axes de circulatio­n pour protéger les habitation­s mitoyennes des afflux de polluants, mais aussi dans les zones piétonnes, à proximité des écoles, des maisons de retraite, des hôpitaux », expliquait Pascal Mittermaie­r, en charge de la place de la nature au sein des villes pour Nature Conservanc­y, à nos confrères du Monde. Il faut aussi veiller à ne pas planter de manière trop dense pour que les polluants ne se concentren­t pas sous les arbres, à hauteur des piétons.

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(Photo L. M.) Les platanes, une espèce en voie de disparitio­n ?
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(Photos DR) Le charme commun et le cèdre de l’Atlas, les arbres à privilégie­r.
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