Le Var mobilisé dans la lutte
Le département du Var ne fait malheureusement pas figure d’exception dans la catégorie des violences à l’intérieur du noyau familial. En 2020, une étude nationale sur les morts violentes au sein du couple – menée par le ministère de l’Intérieur – répertoriait trois féminicides dans le département. Des chiffres loin des 7 meurtres (4 femmes, 3 hommes) dans le Nord, mais au-dessus de la moyenne nationale proche de deux victimes dans les territoires concernés. Pour remédier à ces données, les policiers devraient bénéficier de renforts et de davantage de personnes spécialisées. Des initiations proches de celles que propose déjà la structure varoise Icar reliance qui forme policiers et gendarmes. Si ces annonces montrent une « bonne volonté de la part du gouvernement », elles ne sont pas perçues comme des propositions miracles. « On ne nous apprend rien, souligne Claude Peillon, ancienne gendarme et formatrice. Le problème, c’est qu’au quotidien, ces référents ne traitent pas que des violences. Quand quelqu’un accueille une victime, elle doit passer 3 heures au lieu de 15 minutes pour bien investiguer sur la situation. Si pendant ce temps-là une autre arrive, elle ne pourra pas être accueillie dans les meilleures conditions. Ce sont des démarches très compliquées auxquelles tout le monde doit être formé. »
Lors de ces dépositions plusieurs volets doivent être pris en considération, le volet légal, médical et social. « La mesure d’éloignement pour l’auteur date de 2006. C’est un loi géniale mais rarement respectée. Celle de 2014 est une roue de secours avec la mise en place d’un stage, sur le modèle du permis à points. Nous n’avons pas assez de structures d’urgence. Cela se traduit dans les interventions où c’est toujours le système D. C’était déjà le cas à mon époque. Si l’on regarde notre voisin espagnol, nous avons une dizaine d’années de retard. Donnons-nous les moyens ! »
téléphones grand danger
Dans le Var, dès le signalement d’une « violence intrafamiliale », l’Association d’aide aux victimes d’infractions (AAVIV) intervient de près ou de loin, chaque année, auprès de 2 000 femmes. Au total, on répertorie 6 000 victimes par an prises en charge par les forces de sécurité. L’AAVIV est le seul organisme autorisé à travailler avec les tribunaux de Toulon et de Draguignan. Outre le suivi qu’elle propose, l’instance permet d’évaluer la situation et suggérer ensuite trois possibilités : une ordonnance de protection, un bracelet anti-rapprochement ou encore un téléphone de « grave danger ». Lors du lancement de ces derniers outils en 2015, dix étaient répartis entre Toulon et Draguignan. Ils sont désormais 50.
« Les prises en charge sont en constante augmentation. Nous n’avons pas vraiment de profil type. Il n’y a vraiment pas de généralité. Le seul point commun concerne le schéma sur les violences...»
Sur la question des féminicides, l’association varoise se veut plus « fataliste » : « Ce sont des choses que l’on ne peut pas prévoir. Le risque zéro n’existe pas. Mais dans des cas comme ça, on prend en charge la famille. »
À ce jour, la structure accueille le public dans un maillage de 43 points dans le département. Par ailleurs, 11 logements d’urgence ont été ouverts pour accueillir des femmes victimes de violences au sein du couple.