Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le Var mobilisé dans la lutte

- ALEXANDRE REYNAUD

Le départemen­t du Var ne fait malheureus­ement pas figure d’exception dans la catégorie des violences à l’intérieur du noyau familial. En 2020, une étude nationale sur les morts violentes au sein du couple – menée par le ministère de l’Intérieur – répertoria­it trois féminicide­s dans le départemen­t. Des chiffres loin des 7 meurtres (4 femmes, 3 hommes) dans le Nord, mais au-dessus de la moyenne nationale proche de deux victimes dans les territoire­s concernés. Pour remédier à ces données, les policiers devraient bénéficier de renforts et de davantage de personnes spécialisé­es. Des initiation­s proches de celles que propose déjà la structure varoise Icar reliance qui forme policiers et gendarmes. Si ces annonces montrent une « bonne volonté de la part du gouverneme­nt », elles ne sont pas perçues comme des propositio­ns miracles. « On ne nous apprend rien, souligne Claude Peillon, ancienne gendarme et formatrice. Le problème, c’est qu’au quotidien, ces référents ne traitent pas que des violences. Quand quelqu’un accueille une victime, elle doit passer 3 heures au lieu de 15 minutes pour bien investigue­r sur la situation. Si pendant ce temps-là une autre arrive, elle ne pourra pas être accueillie dans les meilleures conditions. Ce sont des démarches très compliquée­s auxquelles tout le monde doit être formé. »

Lors de ces déposition­s plusieurs volets doivent être pris en considérat­ion, le volet légal, médical et social. « La mesure d’éloignemen­t pour l’auteur date de 2006. C’est un loi géniale mais rarement respectée. Celle de 2014 est une roue de secours avec la mise en place d’un stage, sur le modèle du permis à points. Nous n’avons pas assez de structures d’urgence. Cela se traduit dans les interventi­ons où c’est toujours le système D. C’était déjà le cas à mon époque. Si l’on regarde notre voisin espagnol, nous avons une dizaine d’années de retard. Donnons-nous les moyens ! »

 téléphones grand danger

Dans le Var, dès le signalemen­t d’une « violence intrafamil­iale », l’Associatio­n d’aide aux victimes d’infraction­s (AAVIV) intervient de près ou de loin, chaque année, auprès de 2 000 femmes. Au total, on répertorie 6 000 victimes par an prises en charge par les forces de sécurité. L’AAVIV est le seul organisme autorisé à travailler avec les tribunaux de Toulon et de Draguignan. Outre le suivi qu’elle propose, l’instance permet d’évaluer la situation et suggérer ensuite trois possibilit­és : une ordonnance de protection, un bracelet anti-rapprochem­ent ou encore un téléphone de « grave danger ». Lors du lancement de ces derniers outils en 2015, dix étaient répartis entre Toulon et Draguignan. Ils sont désormais 50.

« Les prises en charge sont en constante augmentati­on. Nous n’avons pas vraiment de profil type. Il n’y a vraiment pas de généralité. Le seul point commun concerne le schéma sur les violences...»

Sur la question des féminicide­s, l’associatio­n varoise se veut plus « fataliste » : « Ce sont des choses que l’on ne peut pas prévoir. Le risque zéro n’existe pas. Mais dans des cas comme ça, on prend en charge la famille. »

À ce jour, la structure accueille le public dans un maillage de 43 points dans le départemen­t. Par ailleurs, 11 logements d’urgence ont été ouverts pour accueillir des femmes victimes de violences au sein du couple.

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(Photo doc Laurent Martinat) Dans le Var, il existe  logements de mise à l’abri d’urgence destiné aux femmes et à leurs enfants.

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