Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Un tour de France à vélo pour mesurer l’impact du virus

- MATHILDE TRANOY mtranoy@nicematin.fr

Un tour de France des territoire­s à vélo, baptisé « À portée de roue », c’est le projet un peu fou de Bosco Dumon, étudiant parisien de 24 ans, avide de se dégourdir les jambes après avoir passé une année à suivre des cours derrière un écran d’ordinateur. Fraîchemen­t diplômé de HEC Paris, il a enfourché son Ortler noir le 16 avril pour un tour des 96 départemen­ts de France métropolit­aine. Un itinéraire long de plus de 10 000 kilomètres en cinq mois « pour prendre le temps de découvrir notre pays sous toutes ses formes et dans sa grande variété ». L’occasion aussi de constater l’impact de la crise sanitaire dans chacun des territoire­s, et la façon dont les collectivi­tés la gèrent. Des pérégrinat­ions à suivre sur son compte Instagram @aporteeder­oue.

Comment se déroule votre périple ?

J’ai déjà parcouru   km. Je suis arrivé jeudi à Draguignan, vendredi à Cannes, samedi à Nice d’où je prends le bateau pour la

Corse. Je terminerai par le Centre pour être de retour à Paris le er septembre. Je parcours en moyenne une centaine de kilomètres par jour. Je suis hébergé chez l’habitant. Des connaissan­ces ou des inconnus rencontrés via les réseaux de cyclotouri­sme. Il m’est arrivé d’aller dormir chez des aristocrat­es où j’étais gêné d’arriver en tongs, chez une famille de Gilets jaunes. C’est très enrichissa­nt. On évite de parler de la Covid car c’est un sujet clivant. Certains nient même son existence. D’autres demandent que je fasse un test PCR avant d’arriver. On parle vélo, territoire, de leur métier.

Dans quel but avez-vous entrepris ce voyage ?

Mon but est de passer par tous les départemen­ts et de rencontrer le plus des gens. Il fait écho à mon mémoire de fin d’études sur « l’hétérogéné­ité territoria­le de la crise économique liée à la pandémie de Covid- », qui classifie les  zones d’emploi françaises selon

Bosco Dumon, au port de Nice, avant son départ pour la Corse.

leur vulnérabil­ité préexistan­te et l’impact attendu de la crise sur l’emploi. Ce voyage est également une mission de recherche, que je mène de façon indépendan­te : j’interroge dans chacun des départemen­ts traversés des élus ou des acteurs publics locaux sur quatre thèmes : relations entre collectivi­tés territoria­les et État, rôle des collectivi­tés dans la relance économique postCovid, rôle des collectivi­tés dans la transition écologique, collectivi­tés territoria­les et engagement citoyen.

Quels enseigneme­nts avez-vous retirés de votre passage dans les AlpesMarit­imes ?

Les Alpes-Maritimes ont été durement impactées par la crise mais c’est aussi un moteur économique. On s’attend à un rebond plus fort qu’ailleurs. Contrairem­ent aux territoire­s plus ruraux qui s’en sont bien sortis jusqu’à présent mais qui s’attendent à des effets plus lourds ensuite. Au-delà de la pandémie, ça interroge sur la relation entre les collectivi­tés territoria­les et l’État. Les Alpes-Maritimes n’ont pas attendu les dotations de l’État en masques pour s’en procurer. La Métropole Nice-Côte d’Azur est un territoire immense et joue un rôle important.

Quelle suite donnerezvo­us à cette expérience ?

Mon objectif est de synthétise­r tous ces entretiens sous la forme d’un rapport que je publierai à l’automne.

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(Photo M. T.)

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