En Afghanistan, les talibans aux portes du pouvoir
Les forces afghanes affrontaient hier encore les talibans à Lashkar Gah, dans le sud du pays, pour empêcher qu’une première capitale provinciale ne tombe.
Dans un discours au Parlement, le président afghan, Ashraf Ghani, a attribué hier la dégradation de la situation militaire à la « brusque » décision des États-Unis de retirer les troupes internationales du pays. Censée s’achever d’ici le 31 août, l’opération de retrait des forces étrangères, présentes depuis 20 ans dans le pays, est désormais quasiment terminée. Face à la « hausse des violences », Washington, qui a déjà octroyé des visas d’immigration spéciaux à des interprètes et autres auxiliaires afghans de l’armée ou de la diplomatie américaine, a annoncé son intention d’accueillir des milliers d’Afghans supplémentaires, qui pourraient être en danger en raison de leur proximité avec les États-Unis.
Massacre de civils
Hier, les ambassades américaine et britannique à Kaboul ont conjointement accusé les talibans d’avoir « massacré des dizaines de civils » dans un district méridional conquis le 14 juillet.
Les talibans se sont emparés ces trois derniers mois de vastes territoires ruraux du pays lors d’une offensive-éclair lancée à la faveur du retrait des forces internationales.
Les forces afghanes n’ont opposé qu’une faible résistance et ne contrôlent plus que les capitales provinciales – dont certaines sont encerclées –, qu’elles doivent désormais défendre bec et ongles. La chute de l’une d’entre elles aurait un impact stratégique et psychologique désastreux sur le gouvernement afghan et son armée, dont le moral est déjà sérieusement entamé par les récentes conquêtes des talibans. Et cela renforcerait les doutes sur la capacité des forces afghanes à empêcher les talibans de prendre à nouveau le pouvoir.
Outre Lashkar Gah, les combats se sont poursuivis également hier dans les faubourgs et autour de Kandahar, grande ville du sud (650 000 habitants) et berceau des talibans qui en avaient fait l’épicentre de leur régime islamique ultrarigoriste (19962001).
Échec de la politique étrangère américaine ?
Selon le chercheur Nishank Motwani, « si les villes afghanes tombent (...) la décision américaine de se retirer d’Afghanistan restera dans les mémoires comme une des bévues stratégiques les plus notables de la politique étrangère américaine ».