Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« On est tous fiers de toi, Sam »

- F. P.

Le gymnase Pierre-Brochard, à Juan-les-Pins, niché entre les oliviers, les immeubles et les clos boulistes, est mine de rien un monument du sport français. Hélas, Samir Aït Saïd n’a pas pu rejoindre les Antibois déjà médaillés olympiques (Benjamin Varonian en argent à la fixe en 2000, Hamilton Sabot en bronze aux parallèles en 2012). Sa 4e place en finale, cruelle, rejoint celle obtenue par Eric Casimir aux arçons en 1996 à Atlanta, et aussi la 4e place de Thierry Aymes au sol, également à Atlanta. Hier matin, toute la famille, les proches et les amis de Samir Aït Saïd étaient là, tous unis au gymnase pour suivre la retransmis­sion sur écran géant. La tension était palpable, à la mesure de l’événement, si attendu. Peu avant la finale, le porte-drapeau de la délégation tricolore à Tokyo avait encore appelé en vidéo ses proches. Il a voulu sentir une nouvelle fois sa fille Mila, 4 mois. « Il avait son doudou, il avait le moral », confie Sandy, la compagne de Samir, qui tient dans ses bras l’adorable petite Mila. Elle ressemble comme deux gouttes d’eau à son papa et arbore un body tricolore avec les anneaux olympiques ! Sandy, elle, est vêtue d’un tee-shirt blanc floqué « Allez Sam ». Tout comme Sarah, la soeur cadette de quatre ans, infirmière de profession, et Martine la maman, qui travaille au service d’une crèche, et cherche à dompter son stress... La finale va commencer. Sur les images, le premier concurrent à passer, le Brésilien Zanetti, part à la faute.

Il n’en va pas de même pour le duo chinois. You Hao se montre impérial : 15,30.

« Un exemple »

Son compatriot­e Liu Yang pousse la barre encore plus haut, avec une note d’exécution à 9.000 pour un passage à 15.500. Du très, très haut niveau. La pression est à son maximum. Samir apparaît à l’écran A Pierre-Brochard, on vibre, on crie. « C’est quoi ce gros bandage sur le bras ? », s’inquiète un proche. Nul ne sait que l’Antibois aurait dû déclarer forfait. Samir y va, il envoie malgré la douleur, donne tout ; ça passe. Frissons. Son 14,900, pour un passage très propre mais marqué par une petite reprise d’appuis sur sa sortie, le classe derrière les deux Chinois. Angoisse : le Grec Eleftherio­s Petrounias, le champion olympique en titre, va passer juste derrière. S’il fait mieux que Samir, adieu le podium. Or, le Grec ne va pas craquer sur le chemin de l’Olympe. 15,2. C’est fini. Samir est 4e. La place de tous les regrets. D’un seul coup, c’est la consternat­ion. Que dire ? Le temps paraît lourd. Des larmes coulent. Ce ne sont pas celles que l’on espérait. Face aux nombreux médias présents, Sandy est admirable. « Sam a tout donné, il a fait son mouvement, il n’a pas commis de faute, je suis très fière de lui, nous sommes tous très fiers de lui. Je sais tout ce qu’il a enduré. 4e, c’est la pire des places, il doit être très déçu. Mais il a toujours trouvé la force de se battre, et ce n’est pas fini, son chemin continue ».

« Son papa Smaïn aurait été fier de lui, même pour sa 4e place... Il aura sa revanche à Paris », glisse Martine. Samir aura alors 34 ans. La famille Aït Saïd est devenue azuréenne en 2000, déménagean­t de Champigny-surMarne à Antibes pour assurer le destin de Samir, détecté et enrôlé par le pôle antibois. Hier, ses premiers entraîneur­s, Claude et Philippe Carmona, Stéphane Corbier, étaient tous là, ainsi que le maître de cérémonie, le président historique de l’OAJLP, Edouard Klein et le député Eric Pauget, ami du champion... « Samir est un exemple pour tout le sport français et le restera plus que jamais », a-t-il glissé en partant à l’oreille de Martine.

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(Photo Cyril Dodergny) La famille et les proches au gymnase Pierre-Brochard, hier.

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