Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Cabarrot à fond !

- CHRISTOPHE­R ROUX 2h 6h 10h 14h30 FRANÇOIS PATURLE

Le Cagnois aimerait offrir une première médaille olympique aux Bleus.

Laurent Tillie le sait, il va passer la main. D’ici quelques jours, le Brésilien Bernardo Rezende prendra sa place sur le banc des Bleus. La décision du Cagnois est mûrement réfléchie, mais ne comptez pas sur lui pour quitter le costume sans une breloque. C’est sa dernière croisade, son rêve ultime. Celui d’un homme qui a tant fait pour son sport et sa sélection. « Clôturer son mandat avec une médaille serait mérité », juge l’ancien passeur internatio­nal Rafael Redwitz. Pour cela, il faudra écarter la Pologne cet après-midi (14h30), un cador du volley mondial (lire ci-dessous).

Un « instinctif »

Une victoire serait un exploit de plus pour l’Azuréen de 57 ans. Ces derniers mois, il a refusé de dresser le bilan. Et pourtant, que de chemin parcouru par son équipe depuis 2012 et sa prise de fonctions.

Avec Tillie, les Tricolores sont devenus la quatrième nation mondiale. Ils ont basculé dans une autre dimension et conquis leurs premiers titres : deux Ligues mondiales (2015, 2017) et l’or européen (2015). « Ila

amené une culture de la gagne, de la rigueur », loue Redwitz, au sujet de l’homme qui lui a offert ses 25 capes en Bleu.

Tillie incarne aussi une méthode. « C’est un instinctif. Il fait confiance à sa lecture du jeu. Il a laissé les joueurs prendre leurs responsabi­lités. Sur ces Jeux, Earvin (Ngapeth, NDLR) n’est pas en forme sur les premiers matchs, mais il le laisse sur le terrain quand d’autres auraient pu le sortir. Il a aussi su gérer ses passeurs. Il débute avec Brizard puis relance Toniutti qui redevient un de ses leaders. Idem avec son fils (Kevin), qu’il rappelle sur le banc au profit de Clévenot. » Humble et respecté par son vestiaire, Tillie est un coach « qui ne cherche pas à tout contrôler » et ne se comporte pas « comme un père » dessine encore Redwitz, futur entraîneur du Nice VB. « Il met son ego de côté et se tient à distance tout en restant le patron. Il faudra le remercier quand il partira. »

Les quarts (aujourd’hui) : ✓ Canada - Russie

✓ Japon - Brésil

✓ Italie - Argentine

✓ Pologne - France

ATokyo, Timothé Luwawu-Cabarrot s’affirme dans un rôle de 6e homme dans la rotation des Bleus de Vincent Collet. Celui qui a débuté en benjamins a l’Olympique d’Antibes a bénéficié d’un gros temps de jeu (20,1 minutes, 7,7 points) lors des 3 victoires en poule pour les Bleus (USA, Tchéquie, Iran). Toujours aussi intense et complet, Cabarrot est surtout le meilleur intercepte­ur de l’EDF (2 par match). Une arme maîtresse pour Vincent Collet, avant d’affronter l’Italie aujourd’hui, à 10h20 (heure française), en quart de finale.

« Tim se sent très bien dans ce groupe, il est épanoui et très déterminé à se battre pour l’or comme toute l’équipe de France, note Christian Corderas, responsabl­e de la formation aux Sharks d’Antibes et resté très proche de son ancien poulain. Je crois qu’il apporte une énergie et une agressivit­é dont les Bleus ont besoin au plus haut niveau ». Natif de Cannes, Tim Cabarrot quitta Antibes à l’âge de 20 ans pour rejoindre le championna­t de Serbie et d’intégrer la grande NBA l’année d’après (24e choix de la draft en 2016, 287 matches en carrière aujourd’hui).

« Tim fonctionne en équipe

L’Antibois Tim Luwawu-Cabarrot face à la star américaine Devin Booker à Tokyo.

de France comme il l’a toujours fait : il obtient d’abord des minutes en défense et démontre ensuite toute l’étendue de sa panoplie, souligne Julien Espinosa, le coach qui l’a lancé chez les pros. En NBA, il a notamment développé son tir à 3 pts, qui lui permet de sanctionne­r le défenseur en retard. »

« Tim est un garçon taillé pour les défis. Dès sa première année pro en 2014/15 (la montée des Sharks en ProA), la surveillan­ce du meilleur joueur adverse, c’était déjà pour lui », rembobine l’ancien coach des Sharks et de Chalon.

Cordinier tout proche

« Tim avait beaucoup grandi cette année-là. Des anciens comme Atamna et Diarra l’avaient pris sous leur aile. » En fin de contrat avec les Brooklyn Nets de Steve Nash, Luwawu-Cabarrot sera bientôt fixé sur la suite de sa carrière outre-Atlantique, lui qui garde une belle cote en NBA après ses play-offs détonants de l’an passé, malgré une fin de saison 2020/21 plus discrète chez des Nets suréquipés à l’arrière. Corderas se souvient de ses premières séances avec Cabarrot, du temps des cadets. « A cette époque, Tim n’avait pas vraiment conscience de tout son potentiel. La chose la plus difficile fut de le convaincre de bosser dur. Une fois qu’il l’a intégré, il n’a plus rien lâché et il s’est construit sa fantastiqu­e histoire ! »

À Tokyo, il s’en est fallu d’un rien pour que deux Antibois brillent ensemble sous le maillot de l’EDF. Isaia Cordinier, le premier réserviste, a quitté le Japon quelques jours avant le début des JO, Un crève-coeur, forcément. « Mais Isaia a tiré tout le positif de cette préparatio­n, il s’est entraîné avec les meilleurs, il a pu se jauger, il a pris rendez-vous pour le futur, observe Christian Corderas. Je suis allé assister à France-Espagne en préparatio­n à Bercy... Isaia qui décale Cabarrot dans le corner et Tim qui rentre le shoot. Quelle fierté. »

Et Christian Corderas de nourrir « le plus beau des rêves » : voir Cabarrot, Cordinier et Kylian Tillie (intérieur des Grizzlies et ancien pensionnai­re des Sharks) évoluer tous les trois sous le maillot bleu pour Paris 2024. « Je suis convaincu que c’est possible ! »

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(Photo AFP)

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