Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Assoumani vise le 6e ciel

Comme l’ensemble de l’équipe de France, Arnaud Assoumani, champion paralympiq­ue de saut en longueur en quête d’une sixième médaille, a peaufiné sa préparatio­n à Saint-Raphaël.

- PROPOS RECUEILLIS PAR PAUL DELOMEL

Si les Jeux Olympiques de Tokyo battent leur plein, les athlètes en situation de handicap poursuiven­t de leur côté leur préparatio­n au Jeux Paralympiq­ues qui débuteront le 24 août, toujours à Tokyo. Et, dans cette dernière ligne droite, l’équipe de France d’athlétisme a posé ses valises au Creps (centre de ressources d’expertise et de performanc­e sportive) de Boulouris, à Saint-Raphaël, en vue de parfaire les ultimes mises au point. Nous avons rencontré le quintuple médaillé olympique Arnaud Assoumani, spécialist­e du saut en longueur, qui a gardé son ambition de jeune premier à quelques jours de participer à ses cinquièmes Paralympiq­ues.

Vous venez de passer une année pré-olympique particuliè­rement compliquée ?

En effet, je reviens de la plus grosse blessure de ma carrière. Il y a près d’un an, le  août, je me suis fait une rupture complète du tendon du semitendin­eux. J’ai fait cinq mois de rééducatio­n à l’Adapt de Châtillon. J’ai pu faire mon premier footing le jour de Noël et mon premier saut en avril. C’était déjà ici, à Boulouris.

Vous allez participer dans un mois à vos cinquièmes Jeux. Vous n’étiez pas encore qualifié il y a encore quelques jours ?

Il fallait être dans le top  mondial en avril, c’était bien sûr impossible. Je n’ai pas pu participer aux championna­ts d’Europe. Aux championna­ts de France à Albi en juin, je ne réalise pas les minimas mais je mords un essai à plus de sept mètres. La fédération française handisport et le comité paralympiq­ue sportif français m’ont beaucoup soutenu, et la fédération internatio­nale m’a accordé une wild card il y a quelques jours.

Pourquoi finir votre préparatio­n au Creps de Boulouris ?

Je connais bien ce site que j’ai découvert en , juste avant Pékin. J’y reviens régulièrem­ent. En ce moment, je suis au Creps avec l’équipe de France. On est très bien reçu, on est au bord de la mer, on entend les cigales… Les conditions d’entraîneme­nt sont au top avec une belle piste. À SaintRapha­ël, j’ai également fait deux séjours au Cers

(centre européen de rééducatio­n du sportif).

Quel est votre programme d’ici votre concours olympique le  août ?

Après SaintRapha­ël, je vais passer deux semaines à l’Insep afin de peaufiner les derniers réglages. J’aime bien cette période avant les

Jeux. Il faut avant tout rester confiant, serein, détendu et concentré. Nous partirons pour Kobé, le  août, avant de rejoindre le village à Tokyo. En attendant, je vais bien sûr suivre les performanc­es de l’équipe de France d’athlétisme.

Quelles seront vos ambitions à Tokyo ?

Je vise un deuxième titre olympique. Il faudra se lâcher, se faire plaisir. Si je me lâche bien, ça va suivre. Je connais bien la concurrenc­e avec, notamment, trois Américains et un

Chinois double champion du monde. Il n’y a pas de qualif’, la finale se joue directemen­t. Il faudra donc rentrer dedans dès le début du concours afin d’impacter psychologi­quement les autres athlètes.

Quel est votre meilleur souvenir olympique ?

Paradoxale­ment, ce n’est pas le titre de Pékin. Je n’ai pas pu le partager sur place avec ma famille. En revanche, à Rio en , je remporte la médaille de bronze alors que j’étais encore blessé quinze jours avant. Mon entraîneur, JeanHervé Stievenart, en avait les larmes aux yeux. C’était très émouvant.

Et le plus mauvais souvenir ?

À Londres, je finis à trois centimètre­s de la médaille d’or. Mais cette médaille d’argent reste également un très beau souvenir avec toute ma famille présente dans le stade.

Pourquoi avoir organisé ce deuxième concours de dessin de votre prothèse ?

Il s’agit d’amener une perception positive de la prothèse. Le premier concours “Golden Arm Trophy” s’est déroulé en  avec, à la clé, ma prothèse jaune et noire qui est très visible sur la piste. Elle intéresse beaucoup les jeunes que je rencontre dans les écoles ou les associatio­ns. Ma prothèse permet d’amorcer le dialogue, on passe tout de suite à autre chose. On partage alors des valeurs comme la tolérance, l’égalité, la paix. Les athlètes paralympiq­ues ont souvent l’occasion de faire passer des messages. C’est une responsabi­lité.

‘‘ Ma prothèse permet d’amorcer le dialogue ”

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